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Me voilà dans le salon de mon paternel, et je n'ai qu'une envie : partir en courant sans jamais me retourner sur cette maudite maison. Je hais mon père de m'avoir fait pareil chantage afin de m'attirer dans son antre de gentil homme bien rangé, avec sa copine qui l'attends en train de préparer le repas, et qui n'a qu'à poser les pieds sous la table pour être enfin complètement heureux.

Ça me dégoûte. Et qu'est-ce qui pourrait être plus dégoûtant que de voir des photos, qui n'étaient pas là avant, encadrées sur les pans de murs, montrant des visages illuminés de bonheur et d'apaisement. Écœurant.

Je joue avec mes doigts depuis dix minutes en passant au peigne fin toutes les reliques qui étale la joie de la nouvelle vie de mon père.

Même après être venue plusieurs fois, même après avoir déjà arpenté cette maison, je ne m'y habitue pas. Je ne m'y habituerais jamais.

A chaque fois, une nouvelle preuve de « amour » apparaît. Sur un meuble un nouveau bibelot ramené d'un weekend, sur les murs ces nouvelles photos où ils s'enlacent tendrement, de nouveaux équipements pour la cuisine, une nouvelle bibliothèque ou même un nouveau canapé. A chaque fois, il y a quelque chose de nouveau. Et clairement, ça me soule de rester là à regarder ça.

Jenny débarque enfin dans le salon, mon père sur ses talons, tenant dans ses mains trois verres à pied et une bouteille de vin.

Je crois que mon père l'a bien francisée sur ce point. Elle ne jure que par le vin maintenant.

-Et bien je crois que nous pouvons nous asseoir maintenant ! S'exclame-t-elle avec entrain.

Ils s'assoient en face de moi, et alors que je me sens toute petite sur mon fauteuil, je tente néanmoins de faire bonne figure et de ne pas le montrer.

-Je nous sers. Ajoute mon père en prenant la bouteille dans les mains de Jenny. 

Un moment de flottement s'installe tandis qu'il essaie d'ouvrir la bouteille, et c'est presque un soulagement général qu'il y arrive enfin.

Un verre rempli à la main, je bois une lampée du liquide rouge, me retenant de ne pas le finir d'un coup.

-Bon. Échappe Jenny à l'attention de mon père.

Je les scrute intensément, essayant de déceler la moindre émotion, la moindre lueur, dans leurs yeux.

-Voilà, donc... 

Mon paternel essaie de se donner consistance et courage, mais il n'arrive qu'à rendre la situation encore plus gênante. Qu'est-ce qu'ils veulent absolument me dire ?! Je ne tiens presque plus en place et mes doigts tremblant semblent prêt à laisser échapper le verre à tout moment, je déteste le suspens ! Surtout quand je sais que ça ne va pas me plaire du tout !

-Ma chérie...

C'est une blague ? Parce que c'en est quasiment drôle.

-Oh non, ne m'appelle pas comme ça simplement pour me passer de la pommade. Viens-en au fait, papa.

-Et bien nous avons une grande nouvelle Jenny et moi à t'annoncer. C'est une bonne nouvelle ne t'inquiète pas.

Que je ne m'inquiète pas ? C'est justement parce que mon père qualifie cette nouvelle de « bonne » que je m'inquiète ! Les paroles de ma tante Marie avant son départ me reviennent en mémoire comme un éclair. Je sens mon visage s'affaisser, mais je ne peux pas croire ce que je refuse d'imaginer, parce que je me fais sûrement des films.

-Et qu'est-ce que c'est ? Je réponds les dents serrées.

Gigotant incessamment, mon père commence à se mâchouiller l'intérieur de la joue comme j'ai l'habitude de faire lorsque je suis mal à l'aise. Une foutue manie transmise. Pourquoi est-il mal à l'aise ? Dois-je craindre le pire ? Avec lui, oui. Définitivement.

-Parle, enfin !

Jenny ne le lâche pas du regard, n'osant peut-être pas le poser sur moi. Cela ne présage rien de bon non plus. Tous les signes sont contre moi !

-Et bien, tu sais, il arrive un moment dans la vie où...

Mon cœur bat la chamade, pas d'émotion, mais de HAINE, où veut-il en venir à la fin ?! Ça commence sérieusement à m'énerver d'attendre en haleine une simple phrase qu'il ne veut pas dire ! Ai-je vraiment envie d'en savoir plus de toute façon ? NON. Mais je suis coincée ici à me bouffer le foie à force de m'inquiéter.

-IL arrive un moment où il faut passer à autre chose, où il faut avancer.

Attendez, quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ça putain ?

-Et ? Tu veux dire quoi, tu veux déménager ? Tu veux faire un voyage ? Merde, développe !

Il me fait de gros yeux qui veulent dire « Comment est-ce que tu parles ?! », mais il ne dit rien, de peur de me faire irrémédiablement prendre la fuite, ou pire, me mettre hors d'état.

-Je veux dire par là, que Jenny et moi...

Je sens une lumière jaillir tout là-haut, un signal d'alarme, que ma conscience repousse de l'autre côté, pour retomber dans mon inconscient. Je sens le vrai problème arriver, mais je ne veux pas en connaître la nature. Je réfute toute hypothèse, je rejette toute peur, je bannis toutes inquiétudes, pour ne laisser que la colère. Une colère à m'en faire trembler les mains, et tout le corps. Mon corps sait, ma raison sait, mon être entier le sait. Mais mon cerveau reste bloqué, comme derrière une porte en fer.

-Nous allons-nous marier, Charlie. Pour de vrai. Jenny et moi.

Evidemment pas la voisine !

Attendez une minute. Ils vont se marier... Ils vont se marier.. Ils vont se marier. ILS VONT SE MARIER ?!

-PARDON ?! J'ai mal entendu, ou je rêve ?!

Je ne suis plus en colère, non. Charlie n'est plus en colère, Charlie a Enzo.

Charline, en revanche, est terriblement en colère. Triste, blessée, parce qu'elle est seule et qu'elle restera seule. Une vérité que je sais. Une vérité qui durera. Et maintenant, elle l'est inévitablement.

-Je sais que tu ne vas pas être d'accord...mais nous allons le faire. Nous en avons envie.

Les mots se bloquent au fond de ma gorge.

-J'ai besoin de passer à autre chose tu comprends ? J'ai besoin d'aller de l'avant. Nous voulons ce mariage pour sceller notre union, parce que nous nous aimons vraiment, Charlie. Et Jenny est la meilleure chose qui me soit arrivé depuis, tu sais...

Mon cerveau se met sur off quelques secondes. Est-il en train de mentionner implicitement le décès de ma mère ? De sa femme ?! Alors qu'il m'annonce qu'il va se remarier avec cette conne de Jenny qui n'arriverai même pas à UN orteil de ma mère ?!

Je suis déboussolée, effarée, et surtout, enragée. Qu'est-ce qu'il croit ?! Que je vais lui donner mes meilleurs vœux pour refaire sa vie merdique d'incapable ?! Mais il rêve ! Non, c'est moi qui rêve ! Je ne peux pas croire ce qui vient d'atteindre mes oreilles, je ne peux pas croire qu'il allait oser parler d'elle maintenant, je ne peux pas croire ce qu'il veut nous faire ?! Qu'il veut nous trahir pour toujours ! 

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Hellooo les Charliers !

J'espère que vous allez bien parce que moi je suis au top ! Les vacances sont arrivées pour ma part avec la fin de mon année, et je suis super contente parce que je l'ai obtenue !

Mais revenons à nos moutons, je suis en train de finir d'écrire la fin de Charlie et de réécrire les premiers chapitres parce que bon dieu qu'est-ce que j'ai fait ?!

Enfin, j'espère que ce chapitre vous a plu! N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires et avis sur ce chapitre, je serai toujours ravie d'y répondre ! 

Je vous fais des bisous, bisous et je vous dis à très vite !

-M- 

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant