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Le repas fini dans un mutisme presque complet, je prends mes affaires et rentre à la sororité. Je dois l'appeler pour qu'il passe me chercher à la fin des cours, et c'est tout.  

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A peine la porte ouverte, Rilee se jette sur moi dans un ouragan de cheveux roux.

-Enfin !

-Ne me dis pas que je t'ai manquée !

-Tant d'heures sans toi à mes côtés, et je suis perdue !

Je lève les yeux au ciel.

-Bien sûr, Peter va bien je suppose.

-Oui. Répond-elle d'un air coupable.

J'émet un petit rire, avant de la dépasser pour saluer Amanda et les filles présentes dans le salon.

-Dis donc, tu ne nous aurais pas caché un truc par hasard ? Me pointe du doigt Amanda.

-Je ne vois absolument pas de quoi tu parles.

Elle s'écrie en secouant son doigt vers moi.

-Sale cachottière !

Je lui souris, faussement ironique, puis fonce dans ma chambre.

Après deux heures et demi de cours, je sors du bâtiment presque en courant. Non pas que les cours étaient chiants, bien qu'ils le fussent, mais surtout parce qu'Enzo doit venir me récupérer sur la parking. Bien sûr, cela ne représente rien, ce n'est rien, mais ça me fait un peu plaisir, quand même. Et de toute façon, maintenant il n'a plus le choix, je suis venue avec Rilee, alors je ne peux même pas rentrer seule.

J'atteins enfin le parking et le scrute en vue de trouver la fameuse voiture rouge. L'air s'est rafraîchi, et je commence à me geler avec mon pull comme unique veste.

Mais au lieu de distinguer la mustang éclatante, un Range Rover noir attire mon attention.

Je secoue la tête, face à l'improbabilité gigantesque de la situation. Il ne connaît même pas mon emploi du temps.

Mais comme pour me contredire, par la force du destin merdique qui me poursuit, la porte de la voiture s'ouvre, et les cheveux poivre et sel qui dépasse au-dessus de la portière provoque un avalanche de panique en moi.

Debout, adossé à la portière noire de son 4x4, il guette. Mon père me guette.

Après un après m'être assez calmée pour éviter un AVC, je commence à me retourner pour ne plus avoir de contact visuel.

J'appelle Enzo sur son portable, mais il ne répond pas.

Je crois que je vais mourir. Non, je vais mourir.

Voir mon père est déjà une mauvaise nouvelle, mais qu'il se déplace lui-même pour me chercher à l'université ! Je crains le pire.

Je n'arrive pas à apaiser ma respiration affolée, et je me sens même commencer à transpirer.

Enzo est sur répondeur une seconde fois, et je le maudis. Maintenant, je suis contrainte de...de quoi ? Si je pars, qui m'en empêche ?

Seulement, si je le fais, je sais que les conséquences seraient pénibles.

Alors je prends mon courage à deux mains, et me dirige vers la voiture noire sans le regarder dans les yeux.

Arrivée à sa hauteur, il me décoche un faible sourire qui me donne envie de retrousser chemin illico.

-Charline !

Je serre les dents. Quant il m'appelle comme ça, je sais que l'enfer ouvre ses portes pour moi.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant