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Disparu. Envolé.

Je l'aurai vu s'il était sorti et puis... merde. Je ne m'attendais pas à ça.

Il m'a laissée ? Non. Je n'y crois pas. La colère me gagne. Cette colère que je maîtrise si mal, cette colère qui va me gâcher ma soirée, comme toutes les autres.

C'est dingue, je suis tout le temps, constamment, en colère !

Bon, réfléchissons. Je vais rappeler Rilee pour qu'elle vienne me chercher, ou alors je vais prendre un bus, mais en tout cas, je vais partir de cet endroit. Histoire de me donner une contenance, et retrouver ma dignité en route.

Je prends ma veste et laisse de la monnaie sur la table. Une porte claque, et je vois Enzo sortir des toilettes pour hommes en s'essuyant les mains d'une serviette de papier.

Oh mon dieu. Mais qu'elle imbécile je fais.

Je n'avais pas pensé à ça, mais qu'elle conne !

Une vague de soulagement m'envahit.

Je n'aurais pas du tout apprécié de me faire lâcher à ce moment-là. Je me rassoie tranquillement et fait comme si de rien était, ou je vais aggraver mon cas. Je récupère en même temps mon billet, pour ne pas attirer l'attention.

Il s'approche, et s'assoit sur sa chaise, tout sourire.

- Désolé de t'avoir fait attendre.

- Non, ne t'en fais pas. Je viens juste de rentrer.

Ou de m'apprêter à partir. Il se penche légèrement au-dessus de la table, et la proximité de ses lèvres si charnues m'étouffe.

- Ça va ? T'as chaud ? Tu es rouge ...

- Oui, mais c'est bon ça va. J'ai juste un peu chaud.

Ou honte. Je détourne les yeux.

- Ok. Alors, on commande à manger ?

Sa voix est douce, comme du velours à mes oreilles. Il est si... gentil, que ça me perturbe de ne pas hausser la voix avec lui. J'acquiesce simplement.

- Oui, je meurs de faim.

Alors qu'il regarde en direction du bar, je l'observe dans les détails. Il a une superbe mâchoire carré, comme je les aime. Et sa barbe de trois jours lui donne un air mûr, elle n'a pas l'air négligé, ou alors si elle l'est, ça lui va tout simplement à ravir.

- S'il vous plait !

Sa voix résonne dans la pièce, évidemment, on n'entend que lui avec une voix aussi grave.

Une femme, beaucoup plus âgée que le serveur de tout à l'heure, vient cette fois prendre notre commande.

- Oui, monsieur ?

- Un burger s'il vous plaît, et un autre whisky.

Eh bien, pour quelqu'un qui ne voulait pas boire, ça sera le troisième. Je ne peux m'empêcher d'angoisser en avance.

- Deux burgers. Rajoutais-je.

- Bien. Acheva-t-elle. Elle nous regarde puis nous sourit. Un sourire plein de sous-entendus, ce qui me fait rougir, d'indignation, mais surtout de gêne. Je rajoute, pour la presser de partir :

- Merci.

Elle m'offre à nouveau son sourire sous-entendus.

- À votre service mademoiselle.

Puis elle repart en zigzaguant entre les tables. J'espère qu'Enzo n'a rien remarquer, mon dieu, je me sens honteuse. Enzo me fixe, et demande, l'air nonchalant.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant