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C'est à croire qu'il a le don de me surprendre à chaque instant celui-là.

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-Tu m'as fait peur ! Je réplique avec surprise alors qu'il s'approche.

-Je devrais lui tirer les oreilles ? Demande Enzo, accroupit devant nous, pour s'adresser au petit garçon.

Le petit brun rit en coupe, de même qu'Enzo.

-Oui !

Quel traître ! Malgré mon sourire flagrant, je fronce des sourcils pour désapprouver son choix.

-Bon. Alors il faut que je te punisse. Me dit Enzo, dont les yeux s'allument instantanément.

Je ne sais pas à quoi il pense, mais pour ma part, je suis en feu.

-Je te l'emprunte quelques minutes. Je vais la mettre au coin. Réplique-t-il ensuite au petit garçon, qui approuve en hochant vigoureusement la tête.

Puis il me prend la main, et je sens la mienne traversée par des ondes électriques. Il semble vouloir sortir à l'avant de la maison, mais je décide brusquement de l'entraîner vers les escaliers.

Il me regarde perplexe, mais ne rechigne pas, et je le guide jusqu'à l'une des grandes chambres d'amis, qui m'a été proposée pour passer la nuit et ainsi ne pas reprendre la route. Des meubles ivoires et un immense tapis rosé la décore, ne faisant aucun doute sur les goûts luxurieux et extravagants des propriétaires.

Enzo me lâche la main pour observer les différents tableaux fièrement exposés, et reste complètement muet, ce qui rend l'atmosphère insoutenable. Comme s'il me torturait lentement en me faisant attendre. Et la patience n'est pas l'une de mes qualités, en effet.

-Je voulais venir te parler, mais tu discutais avec ces... je ne sais même pas qui ils sont.

-Je sais, je t'ai vue. Ce sont des hommes importants du moins assez pour porter des costumes à deux milles dollars. La famille de Jenny a de sacrées relations. Remarque-t-il, comme s'il voulait meubler le silence.

Je le laisse parler, mais j'ai l'affreuse envie de lui rétorquer que je me fous royalement des costumes onéreux des invités, ou de la famille de Jenny à cet instant. Tout ce qui m'importe, c'est lui, et nous si tant est qu'on existe encore.

-Et donc ? Je réplique, impatiente.

-Je crois qu'on doit avoir une petite conversation. Admet-il, en ne quittant pas le tableau d'un paysage mort des yeux.

Le point essentiel énoncé, on a franchi un cap ! Même si à présent, mon estomac se resserre, en proie à l'anxiété qui m'anime en envisageant la tournure que pourrait prendre cette conversation. Par pitié, qu'elle se déroule bien...

Il se retourne enfin pour me regarder dans les yeux, et mes mains deviennent instantanément moites. J'ai peur de faire une énorme erreur en étant ici à se parler franchement, plutôt que de rester dans l'incertitude mais ensemble au moins pour aujourd'hui. J'imagine des dizaines de scénarios différents, qui ne finissent jamais bien. Mais il faut savoir prendre des risques, se jeter à l'eau même si c'est pour s'écraser sur les rochers.

Nos yeux luttent ardument, pour déterminer qui parlera en premier. Et plus nous nous taisons, plus j'ai les muscles tremblants. A le scruter ainsi, je me rappelle tout ce que nous avons partagé, des souvenirs les plus sauvages aux plus affligeants.

-Tout d'abord...je voulais vraiment te dire que tu es vraiment magnifique dans cette robe. A se damner. Se lance-t-il à mon plus grand soulagement.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant