-Ma mère est à New York, ou San Francisco, ou Washington, je ne sais plus, elle change constamment d'endroit. Mais ce qui est sûr, c'est qu'elle est avec son nouveau mari, et son nouveau fils.
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Je m'assois près de lui, et pose ma tête sur son épaule. Je crois que j'en avais envie, presque autant qu'il en avait besoin.
-Pardon, je ne voulais pas, tu sais.... Ressasser tout ça.
-Il fallait bien que je te le dise. Et puis, c'est moi qui ne veux plus lui parler depuis... En fait il y a beaucoup de choses que tu ignores encore sur moi, sur mon passé. Mais ce ne sera pas pour tout de suite, hein, je ne veux pas plomber l'ambiance.
A regret, j'abandonne l'idée de lui demander de me raconter la suite. Ces choses-là prennent du temps, et je crois qu'Enzo en a besoin pour se dévoiler encore plus qu'il ne l'a fait avant. Surtout que le passé d'Enzo n'est pas un long fleuve tranquille. Pire, c'est une mare boueuse et tumultueuse.
Ce n'est qu'en matant son torse encré, parce qu'il se trimbale torse nu constamment puisque je sais tout, que ma curiosité est attisée avec force. La signification de ses tatouages a peut-être un lien avec sa famille, alors je réserve mes questions pour plus tard. Je ne veux pas le forcer à parler, du moins pas encore.
-Bon, qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ?
La réalité me rattrape aussi vite qu'elle m'a quitté.
- Je dois aller en cours cet après-midi.
Il grimace, mais se reprends en disant :
- Très bien, alors après ?
Je sais très bien où il veut en venir, et ça me fait sourire.
-Je ne sais pas... A toi de me le dire.
Il se masse le menton, se râpant les doigts contre sa barbe naissante.
-J'ai quelques projets pour nous en réserve.
Je rentre dans son jeu, et le taquine.
-Ah oui ? Lesquels ?
Il se rapproche dangereusement, et ses lèvres sont maintenant à une distance inconvenante. Nos respirations se confondent pour ne former qu'un seul souffle.
-Je ne sais pas si je dois te le dire maintenant...
J'émets un petit rire, qui le fait sourire lui aussi.
-Peut-être qu'il vaut mieux que tu ne dises rien.
Son regard oscille entre mes yeux et mes lèvres, et mes sens s'éveillent. La bouche sèche, et mon ventre me semble habité de milliers de vers.
-Peut-être bien.
Ne pouvant plus tenir, ce petit jeu, dans la grande impatience qui me caractérise, je cède la première.
Doucement, nos contours se confondent, lentement, nos langues se rencontrent, tendrement, nos paupières se ferment.
Une confusion inexplicable m'habite, quelque chose que l'on ne peut décrire avec de simples mots. Car de simples mots ne saurait expliquer quelque chose que l'on ne comprend pas. Puisqu'encore faut-il comprendre pour savoir quels mots rattacher à ce quelque chose.
Empoignés tous deux à la nuque, nos bras s'enchevêtrent, nos cheveux se mêlent et se démêlent sous nos doigts.
Telle une mélodie doucereuse, dans une progression irrégulière, rythmée par nos respirations folles, et guidée par le contraste entre le fort et le doux, comme des gammes qui montent et descendent à l'instar des montagnes russes. Notre baiser ressemble à une valse tantôt frénétique et sauvage, et tantôt plus sentimentale.
L'instant même ne ressemblait à nul autre pareil. Et brusquement, cet excès d'émotions, me fait reculer.
Je reste abasourdie pendant un long moment, et Enzo semble tout aussi perturbé que moi.
Jamais je n'avais ressenti ça. Ce n'était pas comme avant. C'était carrément une alchimie, une symbiose parfaite.
Il se racle la gorge, perturbé, puis se lève en se dirigeant vers la cuisine où il se sert un verre d'eau, avant de revenir dans le salon pour m'en donner un.
Je le bois d'une traite. Tout émoustillés, et surtout perplexes, un silence s'installe entre nous. Ni gênant, ni agaçant. Un silence, qui nous permet de reprendre nos esprits je suppose, en tout cas c'est mon cas, car le mien est resté accroché à ses lèvres.
Il se lève, puis déclare vouloir tenter de nous faire un repas digne de ce nom. Perchée sur le tabouret de son bar, je le regarde faire, amusée.
Mais son repas digne de ce nom, se traduit par des pâtes. Ce qui me fait rire lorsqu'il remplit sa casserole d'eau avant de la mettre sur le gaz.
-Je vais t'apprendre une chose : je suis un cuistot hors pair.
Je ris franchement.
-Evidemment, tu nous fais quoi, des pâtes au beurre ?
Mon ironie le fait sourire, et il répond de la même façon.
-Ah parce qu'on doit mettre quelque chose avec les pâtes ? Non, plus sérieusement, tu as face à toi un petit chef. Je vais te faire des pâtes à l'italienne, comme me le faisait ma mère.
Son sourire narquois prend une teinte nostalgique peu à peu.
-D'accord, tu m'expliques ?
-Tomates, basilic, mozzarella, un filet d'huile d'olive, chaque élément doit être traité avec respect, ajouté avec délicatesse, coupé avec tendresse... c'est une véritable histoire d'amour qui naît dans ton assiette.
Je le regarde, partagée entre un fou rire et une pointe de curiosité.
-Tu en parles comme si la manière de les faire était une religion.
-C'est le cas. Tu verras, quand tu les goûteras, tu en tomberas par terre. Réplique-t-il en coupant ses tomates.
Suivant le moindre de ses mouvements, il me présente une assiette garnie de spaghettis, colorée de sauce tomates et de basilic. Puis il dépose à côté de moi un plat où des rondelles de tomates sont disposées, recouvertes de tranches de mozzarella.
-Régale toi. Et je te rassure, c'est de la vraie mozza, achetée dans une véritable épicerie fine italienne, et pas une horrible contrefaçon des supermarché, qui n'utilise même pas le bon lait !
Impressionnée, et effrayée qu'il sache si bien faire la cuisine comparé à moi, je me lance.
La première bouchée est juste... exceptionnelle !
-Hum. C'est super bon !
Il rit avec... quoi ? Avec modestie ?!
-Je me souviens juste d'avoir vu ma mère faire, depuis je reproduis simplement ses recettes.
Je lui souris, comblée par ces pâtes divines.
-Et bien j'aimerai rencontrer cette femme aux recettes si incroyables !
Son sourire s'efface et j'aimerai tant ravaler mes mots et m'étouffer avec.
-Je suis désolée.
Ma bêtise me tuera un jour.
-Ce n'est rien.
Il se met à manger silencieusement, et je fais de même. Voilà ce que ça donne quand je m'emballe. Idiote.
Le repas fini dans un mutisme presque complet, je prends mes affaires et rentre à la sororité. Je dois l'appeler pour qu'il passe me chercher à la fin des cours, et c'est tout.
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Hellooo les Charliers !
Après une petit ou long moment d'attente, je poste ce chapitre tout calme et rempli de tendresse, chose rare et éphémère dans notre histoire ! Et qui ne saurait donc durer bien longtemps, mais promis, ça va être d'enfer !
Je vous souhaite une bonne journée les amis !
Bisous, bisous !
-M-
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Charlie
RomanceCharlie est une jeune femme qui a vu sa vie basculer très jeune. Sa mère ayant succombé à un accident de voiture, elle se retrouve sans repère, avec un père de plus en plus absent. Celui-ci décide d'ailleurs de concrétiser le rêve de sa défunte épo...