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Tout sera perdu, envolé. Mais ce n'est pas moi qui brise et surmonte la limite entre notre haine et notre désir.

C'est lui.

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C'est lui qui presse ses lèvres avec désespoir sur les miennes. C'est lui qui m'embrasse avec une ferveur intense. Et ça, je ne m'y attendais pas du tout.

Je ressens le moindre de ses soubresauts, je peux sentir ses doigts tremblant frôler la peau de mon bras et de mon cou sans pour autant me toucher. Et en vérité, seules nos lèvres sont en contact. Nous ne bougeons pas, uniquement nos lèvres au rythme de notre fièvre, de cette frénésie qui nous caractérise. Comme si se toucher était interdit, impensable, et que seules nos lèvres pouvaient braver cette barrière qui nous sépare.

Des lèvres étourdissantes, des lèvres palpitantes, des lèvre frémissantes, d'en avoir toujours plus. Une effervescence de cette colère qui nous sépare autant qu'elle nous attire l'un l'autre. Une fièvre d'excitation, un éréthisme incontrôlable. C'est comme si on se blessait ensemble, et que se blesser nous unissait pour donner...ça.

Et je trouve que c'est... terriblement excitant !

Peut-être que ce baiser ne signifie rien, ou tout, peut-être qu'il n'arrangera rien, et pourtant maintenant et ici, il change tout.

C'est un baiser qui a comme un goût de passion destructrice.

Prends-toi ça dans les dents Amber la garce.

Ce n'est que lorsque mon cerveau se remet en route brusquement en imaginant Amber et ses lèvres de sangsues sur celles d'Enzo que je me rends compte de ce que je fais.

Je m'écarte vivement, complètement paumée, et excitée comme une folle.

A quoi ça sert ? A quoi ça rime, de m'embrasser maintenant ? Après tout ce que l'on s'est dit, ce n'est que folie que de croire que ce baiser peut tout changer.

Maintenant que nous sommes à bonne distance, mes lèvres et moi, que je réalise qu'elle belle connerie je venais de commettre.

Rien ne pourrait s'arranger, pas avec l'esprit aussi fermé et volage d'Enzo. Ça ne compte pas, ça ne peut pas compter. Tout était très clair, aucun de nous ne veut de l'autre, rien ne sert de se torturer ainsi.

Je lève enfin les yeux vers lui, et il plonge son regard dans le mien. Mais je ne veux pas qu'il y voit ce qu'il veut y voir.

Je le regarde franchement, en essayant de masquer toute la colère et le désir que je ressens encore envers et contre lui. Il faut que mon regard reste neutre. Faites qu'il reste neutre !

- Pourquoi ?

Je reste étonnée. Je ne m'attendais pas à cette question.

- C'est toi qui a commencé.

- Je sais, mais pourquoi tu t'éloignes tout d'un coup ?

Mens, mens, mens.

- J'avais du mal à continuer en imaginant qui était passé par là juste avant moi.

Il rit.

- Oh. Ça, c'est petit. Il se masse la nuque, signe qu'il est gêné. En fait, t'es super jalouse.

Je croyais qu'Enzo n'arriverait plus à m'atteindre, mais là, je suis carrément offensée.

- Jalouse d'elle ? Non mais tu l'as vue ?! Tu peux la garder, moi, je n'en ai plus rien à faire de toi. Embrasse la terre entière si ça te chante, ce sera ton problème. Mais un conseil, avec Amber, pas besoin de la harceler pendant des jours, prends-la quand ça te chante, elle tombera dans tes bras tu peux en être sûr ! Elle a un goût prononcé pour les idiots sans cœurs ni âmes.

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant