102

77 9 9
                                    

Mon cerveau est sur le point d'exploser, mon corps tremblant semble prêt à tomber, et je ne sais pas combien de temps encore je vais réussir à tenir debout.

*****************************************

Je semble réfléchir beaucoup trop longtemps, parce que ses épaules s'affaissent, et son regard devient aussi clair que de l'eau. Il n'est pas en colère, il est déçu. Atrocement déçu. Ses yeux si clairs me le prouvent. Il voulait que je réponde, il voulait entendre mes propres révélations, quand bien même s'il ne veut pas me forcer, il a tant envie que je les lui dise. 

Alors pourquoi est-ce si difficile ? Pourquoi ai-je envie de les dire, mais qu'ils ne sortent pas ? Parce que j'ai peur de la chute ? J'ai peur qu'un jour tout s'arrête et que lui dire à quel point je l'aime, à quel point il me fait ressentir les mêmes furieuses émotions, me détruise si tout venait à finir définitivement ?
Il s'apprête à se retourner, mais je prends sa main dans la mienne, réceptionnant sa chaleur naturelle avec satisfaction. Il faut que je me lance, c'est maintenant ou jamais. Je me racle la gorge. Elle semble si sèche tout d'un coup !
-Je... Ce que tu me dis...Ҫa me touche beaucoup...
Je ne le regarde même pas. Je me contente de tracer les lignes de sa main du bout des doigts, trop vulnérable pour mêler son regard au mien.
-Mais ?
Cette fois, je lève la tête pour fixer ses pupilles, devenues beaucoup plus sombre. La panique me gagne, et je suis tout sauf la confiante et impétueuse Charlie, qui me convenait parfaitement, d'il y a quelques mois. Avant lui, tout simplement.
Il retire sa main brusquement, laissant la mienne retomber mollement contre ma hanche. Je n'ai encore rien dit, et tout va déjà mal ! Je ne comprends pas sa réaction, et attends avec perplexité qu'il la justifie.
-Il y a un « mais ». Mais tu n'as pas envie de t'engager alors tu veux m'éconduire en douceur ? Dis-le tout de suite s'il te plaît, qu'on en finisse ! Crache-t-il avec dédain.
Je suis décontenancée. Est-il sérieux ? Le rouge me monte aux joues.
-Tu n'attends même pas que je finisse ma phrase, que tu en tires déjà des conclusions hâtives ! Tu n'es pas croyable, bon sang ! Ce que je veux te dire, et que j'ai du mal à exprimer, parce que je ne sais pas comment le formuler...Et tu le sais pertinemment alors ne me fais pas cette tête de chien battu... c'est que moi aussi je ressens tout ça envers toi.
J'apaise ma voix, et la tension redescend d'un cran. Le calme est mon allié à cet instant.
Contre toutes attentes, il me prend la joue dans sa paume, et me force à le regarder dans les yeux. Impossible de m'échapper, ni de le fuir, je suis piégée dans les deux mers de ses prunelles.
-Tu ressens quoi ? Dis-le, implore-t-il en scellant son regard azur au mien.
Je m'y perds quelques instants, le rouge aux joues et une moissonneuse battant sans relâche dans mon estomac.
Alors je soupire, affreusement gênée, exhumant à grand-peine le peu d'air que j'arrive à obtenir depuis quelques minutes.
-Tu sais, ce que tu m'as dit, je ressens tout ça moi aussi.
-Je ne veux pas que tu me dises que tu es d'accord avec moi ! Je veux que tu me dises clairement ce que tu refuses de t'avouer. S'écrie-t-il avec véhémence.
Il semble plus contrarié que jamais, alors je prends une grande inspiration. Non. Je ne vais pas le faire ? Bon Dieu, c'est la panique ! Je ne vais pas dire ça ?!
-Je t'aime, murmurais-je, perdue.
Un grand silence s'abat entre nous, jusqu'à ce que son sourire ne s'élargisse et me redonne des couleurs. Une seconde sans broncher, et je m'évanouissais pour sûr.
-Oh non, ne me regarde pas comme ça ! Je m'exclame en essayant de reprendre contenance alors que ma tête cramoisie de honte et de gêne me trahit.

Il m'offre des yeux doux, aussi tendres qu'adorables. Mais la lueur d'excitation prend le dessus sur toute l'affection qu'ils me portent. Son regard est pétillant, vif, transcendé par l'euphorie. Comme enfantin même. Toutes mes barrières tombent tout à coup, sans crier gare. Toutes les limites semblent effacées dans mon cœur, alors que je le fixe avec une adoration navrante.
Mes derniers mots meurent sur ses lèvres alors qu'il saisit ma hanche avec force, et m'empoigne la nuque d'une seconde main tout aussi vigoureuse. Il n'y a pas de sensation plus électrisante, plus indescriptible que celle de se sentir aimé. Importante. Désirée. Adorée.
C'est si grisant que je ne saurais pas dire combien de temps, nous restons ainsi accrochés l'un l'autre. Désespérés dans nos caresses, épuisés par nos révélations, excités par nos corps enflammés. 

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant