Je sais que Copper est intrigué lorsque je le guide jusqu'au dortoir C. C'est sûr que ça doit le changer des chics et lumineux étages où il vit et travaille lui-même. Enfin j'imagine. Je n'y suis jamais allé et je n'en connais que les images que le service communication transmet. Mais vu la manière dont il regarde de tous les cotés, les couloirs étroits aux lumières chiches que nous traversons le surprennent. Au moins, à cette heure-ci, il n'y a pas grand-monde dans les dortoirs à part quelques insomniaques du service de nuit.
Arrivés à ma chambre, il semble encore plus surpris, sans que je puisse dire si c'est à cause du désordre, de la taille, des livres ou des posters. Bah, à ce stade-là le mieux est de faire comme si de rien n'était, il est trop poli pour me faire des remarques.
Mon chez-moi n'est pas très grand, mais en ces temps de crise un logement gratuit est toujours bon à prendre, et j'ai tout de même une pièce assez spacieuse et ma propre salle de bain. En ville, on case une famille de huit personnes dans une chambre pareille, avec les cafards en prime, alors je ne me plains pas. J'ai pu mettre mon lit, un fauteuil, une télé, un grand bureau — qui disparait actuellement sous un tumulus de papiers — et des étagères de livres. Plus quelques piles de livres qui ne tenaient ni sur le bureau ni sur les étagères. En théorie, mes vêtements sont rangés dans le coffre sous mon lit, mais en pratique ils ont peu à peu colonisé les piles. Quelques goodies s'ajoutent au reste. Bon... C'est en bordel, mais c'est propre. Je range une fois par mois pour l'inspection, mais je fais le ménage régulièrement. C'est juste que quand on ne connait pas, ça ne se voit pas tout de suite.
J'invite Copper à s'asseoir sur le fauteuil et à prendre quelque chose à boire. Je n'ai pas de cuisine — nous avons tous un accès illimité à la cafétéria — mais j'ai un petit frigo où je garde des bricoles. Ce qui est très déconseillé par l'institution. Pour notre bien, évidemment, au cas où laisser des adultes choisir ce qu'ils mangent en feraient des boulimiques diabétiques qui laissent traîner tellement de nourriture dans tous les coins que ça ferait rappliquer tous les rats du quartier. Enfin, pour l'instant ce sont des recommandations, pas des interdictions, donc j'ai mon frigo et, coup de bol, il me reste du même soda que le pilote avait commandé la dernière fois. Je le lui offre et m'installe sur le lit en face de lui, faute d'autre place.
Et bien sûr, ce qui accroche son regard, ce ne sont ni les livres ni bureau, mais bien les posters. Des hommes, beaux, et pas très habillés. Rien de porno mais très clairement sexy. Et une affiche de Tom Hallan, l'acteur qui joue son rôle dans la série des Ailes de Quartan, nous offrant son plus beau sourire. Bref, pas besoin de trop réfléchir pour comprendre que je suis gay et que je l'assume. Ce qu'il comprend très bien, vu la manière dont il rougit et évite mon regard. Sérieusement, Copper... ça te gêne ?
Je n'ai pas envie de poser cette question.
Il me dit :
« Je suis désolé pour tout à l'heure. Je ne voulais pas...
— Non, c'est ma faute. J'aurai dû te donner mes coordonnées complètes. En fait, je croyais que je l'avais fait. J'ai été distrait.
— J'aurai dû te demander, ou attendre de te croiser à votre cafétéria. Je ne pensais pas qu'on convoquerait Lindsay. Tu ne vas pas avoir d'ennuis, j'espère ? J'ai trouvé ton chef un peu...
Je soupire :
— En fait, j'ai déjà des ennuis, c'est pour ça que Ghan est aussi sec avec moi.
— Comment ça, des ennuis ?
— Rien. J'ai fais une erreur et il va falloir que je bosse dur pour qu'ils me refassent confiance. Enfin c'est la vie. En tous cas, je suis content de te revoir. Tu vas bien ? J'ai su pour ton accident, j'espère que ça n'a pas été trop dur.
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L'éternelle bataille
Science FictionRobots géants contre monstres géants, c'est le combat perpétuel qui mobilise les foules et toutes les ressources de ce monde. L'UFIT (les gentils) se bat contre le Soleil Noir (les méchants), c'est pour ça qu'ils peuvent demander tous les efforts et...