Silver 7 : confrontation

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Je ne pensais pas revoir Gold avant notre debrief du lendemain. Mais il est venu frapper à ma porte, dans la soirée, et m'apostrophe d'un joyeux :

"Hé, Silv' ! Ça te dirait de venir manger avec moi ce soir ?

— Non.

Mon refus ne le fait même pas frémir — je l'ai habitué à pire. Il rit même et entre dans mon salon sans attendre ma permission, prêt à négocier :

— Allez, je t'invite au resto panoramique, ça va être sympa... Il faut qu'on fête la mission d'aujourd'hui ! Tu as vu, quand j'ai...

— J'ai vu. Et je vais rester ici. Vas t'en.

Il semble enfin comprendre que quelque chose cloche et me demande en fronçant les sourcils :

— Qu'est-ce qu'il y a, tu fais la gueule ?

Cette expression m'a toujours énervé, et elle suffit largement à éveiller ma fureur. Mais je ne veux pas la lui montrer. Je ne veux pas qu'il me voit en train de pleurnicher parce qu'il m'a battu. Je me contente de serrer les mâchoires au maximum et d'ouvrir la porte en marmonnant :

— Je ne suis pas d'humeur, alors laisse tomber. Va fêter ça avec Brass, tiens, je suis sûr qu'elle sera ravie. Moi, ce soir, je reste ici, et je reste seul. C'est tout.

— Enfin, qu'est-ce qu'il y a ?

— Je n'ai pas envie de t'en parler.

— Mais... Si tu as un problème, tu peux me le dire. On est amis, non ?

— Non. On est partenaires de vol, et je serais opérationnel en vol dès qu'il le faudra. Maintenant laisse-moi tranquille.

Délaissant théâtralement la porte ouverte, je vais m'installer sur mon canapé et l'ignore ostensiblement en me plongeant dans un livre.

Roulant des yeux — comme si je ne le voyais pas — Gold ferme la porte et vient s'asseoir à coté de moi. Je grogne un :

— Dégage.

— Non.

Et ça le fait sourire, cet imbécile.

Le pire, c'est que quelque part, ça m'apaise. Parce que son sourire et son entêtement à savoir ce que j'ai semblent aussi gentils qu'à l'ordinaire. Je commence presque à me détendre quand je me rappelle pour quelle raison j'étais furieux, et à nouveau je l'ignore. Il m'a utilisé, il m'a humilié et en plus il voudrait que je vienne fêter ça avec lui ? Il me doit me confondre avec une des ses innombrables fangirls. Hors de question.

Au moment où je pensais qu'il allait insister, il s'exclame :

— Bordel, Silv', tes mains ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Tout en parlant il les as attrapées, faisant tomber mon livre, et les a amené à hauteur de ses yeux. Tenant délicatement mes doigts pour ne pas appuyer sur mes jointures ensanglantées, on dirait qu'il s'apprête à me faire une déclaration romantique et à cette idée je ne peux pas m'empêcher de rougir violemment. Alors qu'il est bien sûr très sérieux. Quand il me regarde à nouveau dans les yeux c'est pour me demander d'un ton grave :

— Tu t'es battu ? C'est ça qui ne va pas ?

Je me suis battu contre mon armoire et je préférerais mourir que de le lui avouer. J'arrache mes mains aux siennes, encore plus fâché à l'idée que je me suis stupidement laissé faire, et je réponds sèchement :

— Ça ne te regarde pas.

— Tu sais, Silv', si jamais tu as des ennuis et que tu ne veux pas en parler aux cadres, je peux t'aider. Je me fous du règlement, si quelqu'un te fait des emmerdes je le défoncerai sans hésiter !

L'éternelle batailleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant