Mon arrivée chez les pilotes a vraiment commencé sur les chapeaux de roue. Tout ce bruit, tout ce mouvement... C'était incroyablement intense. Exactement ce que j'aime.
Puis, ce matin en arrivant aux hangars, nous avons rencontré nos successeurs : six mechas de la nouvelle génération.
Et le silence s'est fait.
Ils sont plus grands. Ils sont plus habiles. Ils sont plus rapides. Ils sont plus solides. Et leurs IA semblent bien plus perfectionnées. En fait, ils n'ont quasiment pas besoin de pilote, murmure-t-on entre anciens - parce que j'ai beau n'être là que depuis deux semaines, me voilà devenu un ancien, avec tous ces nouveaux. Et pourtant ils en ont, des pilotes, et pas n'importe lesquels : les cadets de la section spéciale. Ceux qui ne correspondaient à aucun profil utilisé à ce jour et que l'UFIT s'est toujours gardé sous le coude, au cas où ils puissent servir. Et bien ceux-là sont arrivés au bon moment, et ils peuvent s'honorer d'inaugurer notre nouvelle arme de guerre.
Bon, personnellement je m'en fiche un peu, mais visiblement l'arrivée de tous ces nouveaux caractères perturbe vraiment notre petit microcosme de pilotes. Ça plus le fait qu'un seul de ces mechas cinquième génération peut réussir une mission qui réclamait trois mechas, et on se sent un peu tous mis au rebut bien trop vite. Plus question d'enchainer les missions aussi vite que le permettent nos machines, on reste là en soutien, point final. Et dès qu'ils seront rôdés, l'un d'eux remplacera Chrome en tant que chef d'escadron, c'est évident : ce poste revient au meilleur, et excellence de son pilote ou pas, le Chrome ne peut pas rivaliser avec eux.
Au milieu des murmures inquiets de pilotes qui ne savent pas ce qui va se passer maintenant, moi je m'ennuie. Copper est bien gentil, mais il s'est beaucoup avancé quand il m'a dit qu'il pourrait m'aider à me caser avec quelqu'un, alors qu'il n'est visiblement pas doué pour ça. Et beaucoup trop timide - je crois que je connais déjà plus de monde que lui dans la Tour. Et puis même, ma réputation est faite, et personne ne me donne ma chance. Soit ils n'ont aucune envie de sortir avec un Brass car nous ne sommes pas fiables, soit ils sont casés, soit ils sont déjà sorti avec un Brass et n'ont pas la force de revivre ce deuil. Ce qui m'enterre bien trop vite à mon goût, mais bon, on n'y peut rien.
Tandis que je traine ma peine dans la cafétéria, je tombe sur Silver. Quand je dis je tombe, c'est littéral : il était assis devant une tasse de l'horreur protéinée qu'on nous sert à boire ici, et je lui ai sauté sur le dos. J'étais content de le voir. Lui nettement moins, vu la tête qu'il a fait en sauvant ce qu'il pouvait de sa boisson, mais j'ai bien vu qu'il cachait son rire alors ça va. Je lui lance :
« Silver, je m'ennuiiiiiiiiiie...
— Navré de l'apprendre. Pourtant, tu devrais en profiter. Crois-moi, les temps de repos durent toujours moins longtemps qu'on le voudrait.
— Mais j'ai rien à faire, en repos ! Les nouveaux gars ont piqué tout le boulot, c'est horrible !
— Non, on est juste en train de revenir à un rythme normal... N'oublie pas qu'on n'est pas censé partir en mission à tout bout de champ, ces derniers temps c'était exceptionnel.
— C'est nul ! Ça veut dire que quand ils auront récupéré Lloyd, on n'aura plus rien à faire ?
— On aura... moins de choses, ça c'est sûr. Mais on devrait trouver quand même de quoi nous occuper.
— On est des pilotes de mecha ! Si on ne trucide pas des kaijus, on est quoi, des armes de guerre ?
Il frissonne tout en tordant sa jolie frimousse dans une grimace d'horreur.
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L'éternelle bataille
Science FictionRobots géants contre monstres géants, c'est le combat perpétuel qui mobilise les foules et toutes les ressources de ce monde. L'UFIT (les gentils) se bat contre le Soleil Noir (les méchants), c'est pour ça qu'ils peuvent demander tous les efforts et...