L'éternelle bataille

Brass 11 : le secret

Musique bruyante et lumières colorées : on est bien chez un particulier, mais la fête ressemble à un copié-collé du bar où j'ai rencontré Nian. Au moins pas de problèmes pour que je m'incruste sans être reconnu : ce soir c'est déguisement pour tout le monde, et on est presque tous masqués. Les costumes n'ont pas beaucoup de tissus. Tout ça ressemble au début d'une partouze géante, en fait. Alors que pour l'instant tout le monde est très sage. Enfin, on danse, on boit, on fume, on se lorgne de loin et on déambule pour voir tout le monde, l'ambiance se chauffe à peine.

L'appartement est grand, avec une terrasse dotée d'une piscine en marbre et de balustrades en or. Amis du bon goût, au revoir. Ici, on n'est pas des étages les plus hauts, mais quand même largement au-dessus du nuage de pollution qui étouffe les moins bien lotis des citoyens. C'est la classe aux dents longues, les gens pas encore au sommet mais qui y travaillent, ceux qui étalent leurs richesses pour voir qui a la plus grosse et attirer toute une bande de parasites désargentés prêts à tout pour récupérer leurs miettes du gâteau. En comparaison du bar, je vois un peu plus de starlettes, un peu moins de mafieux. Beaucoup de photographes et autres publicitaires bien placés, amis d'Alessandro. On est loin de l'univers bien propret et policé de la Tour. Et cette ambiance qui est une véritable incitation à la débauche, une séduisante promesse d'aventures en tous genres, me déprime encore plus. Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, mais ça commence à être vraiment inquiétant.

Je me secoue. Allons, Brass ! Tu es le frelon, oui ou non ? L'adrénaline, c'est ton café quotidien, et là tu es en train de faire le mur alors que tu es sous haute surveillance, tout ça pour faire les yeux doux à ton dealer préféré. Profites, merde ! En plus, il y a plein de gens canons ici. Ça me réconforte toujours, ça.

Enfin, d'habitude. Non, vraiment, je ne sais pas ce que j'ai...

D'ailleurs, en parlant de canons, je le connais celui-là ! C'est le beau brun de Copper qui vient de se ramener, et sans masque en plus ! J'ai immédiatement le réflexe de lui faire un grand signe, content de retrouver un copain - même si je ne le connais qu'indirectement. Il doit d'ailleurs se demander qui je suis, mais me rejoint docilement. J'ai juste le temps de réaliser... Qu'est-ce qu'il fiche ici sans Copper, en fait ? J'imagine mal le gentil petit Copper venir s'encanailler avec les sales gosses que nous sommes, mais ce n'est pas une raison pour que son petit ami débarque seul. Il a pas intérêt à être venu chercher un plan cul. Je suis le premier à dire que Copper n'est pas un sex-symbol, et qu'il est trop protecteur, mais c'est un type bien et il ne faudrait pas que ce Chayan s'imagine qu'il peut le tromper. Si je vois quoi que ce soit de suspect, il va m'entendre. Même si du coup c'est idiot de ma part de l'avoir interpellé tout de suite, mais bon, c'était un réflexe.

Arrivé à ma hauteur, il me scrute pour m'identifier malgré le masque, tandis que je le salue d'un :

« Salut Chayan ! C'est Copper qui m'a parlé de toi. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Brass ? C'est bien toi ?

- Yep !

- Parfait, c'est toi que je cherchais... Suis-moi, il faut qu'on parle. Discrètement. Et tout de suite.

Intrigué, je le laisse m'agripper et me trainer jusqu'à une chambre d'où il déloge un couple avec autorité pour qu'on y reste seuls. Il est plus impressionnant qu'il en avait l'air en photo. Plus grand, et plus viril dans la voix et l'attitude que je ne m'y attendais. En plus de ça il est clairement nerveux. J'aime pas quand les gars plus costauds que moi sont nerveux, surtout quand ils travaillent pour l'UFIT et que je suis en train de violer le règlement de l'UFIT. Ça a tendance à me rendre nerveux aussi.

Il attaque tout de suite par :

- Il faut que tu arrêtes tout de suite tes conneries et que tu rentres à la Tour, Brass. Et surtout que tu ne revois plus jamais Liang Nian.