Bon. J'ai craqué, je suis hors de la Tour. Mais ce n'est pas ma faute : Ange ne voulait pas discuter par communicateur, il m'a donné rendez-vous et m'a raccroché au nez.
Je me répète mes instructions pendant que j'avance. Pas d'alcool, pas de drogue, rien de rien, même pas une cigarette. Je jure mentalement à Copper et aux fantômes des autres Brass d'être sobre comme un moine. Quoique. Est-ce que les moines sont sobres ? Hum, j'imagine que ça dépend des religions.
Quoi qu'il en soit, je vais juste essayer de savoir qui est mon ange et ce qu'il a à voir avec les autres Brass. Et profiter de ce prétexte qui m'entraine hors de la Tour, parce que franchement, le bar où nous avons rendez-vous est absolument génial. C'est coloré, c'est bruyant, c'est éclairé bizarrement - on est ébloui à tout bout de champ mais il faut bien se concentrer pour distinguer le visage des gens. On ne voit que des silhouettes superbes qui se déhanchent sur une musique de l'enfer, sur la piste de danse, guettées tout autour par des ombres aux teintes arc-en-ciel.
On est quand même assez haut, dans les gratte-ciel du centre ville, et c'est un minimum classe. Pas la jet-set, mais quand même. Mafieux et petits bourgeois encanaillés se croisent et s'entremêlent, dans une ambiance hyper suggestive, et si je ne trouve pas un moyen de baiser ici, c'est vraiment que les citadins font une allergie aux roux. Enfin, c'est vrai que je ne suis pas censé montrer mon visage. Mais je crois bien que les alcôves par là ne sont pas hyper bien éclairées non plus, et il y aurait moyen de... Bon, sans vraiment voir à quoi ressemble l'autre, c'est glauque. Mais je suis en manque. Mais ce serait du gâchis. Mais c'est risqué.
Je suis encore en train de réfléchir quand je croise une chevelure de rêve, une crinière frisée au parfum envoûtant, et je suis déjà en train de la suivre avant d'avoir réalisé que je me suis levé de mon siège. Si cette déesse-là se retourne et me trouve à son goût, je...
Je me fais arrêter d'une main sur l'épaule, et quand je me retourne, mon ange est là.
Oh putain.
J'oublie la femme à la crinière et toutes les créatures de rêve qui dansent sur la piste. Et peu importe que les néons bizarre de cette boite le maquille en lui barrant le visage de mauve et de vert, avant de glisser vers le rouge et bleu. Il est juste sublime. Encore plus beau que sur la photo. Il porte encore une tenue chinoise traditionnelle, en soie, et a natté ses longs cheveux. Il tient à la main une longue et très mince pipe où fume encore une herbe dont je connais bien le parfum entêtant. Il est un peu plus grand que moi, d'une demi-tête environ, et attend que j'ai fini de le dévisager en prenant une pose nonchalante. Avec le même sourire masqué qu'il avait sur la photo, comme s'il était amusé par quelque chose sans vouloir que sa bouche ne bouge, ce qui lui fait seulement pétiller le regard.
Il me faut une demi-seconde pour être sûr que c'est lui, deux secondes de plus pour réaliser à quel point il est beau, et ensuite c'est trop tard, c'est fait, je suis tombé amoureux. Je n'ai jamais connu de drogue qui agisse aussi vite.
Je lui souris probablement comme un crétin, puisque son expression amusée - son éclat d'œil amusé, je devrais dire - augmente, tandis qu'il me fait signe de la tête de le suivre dans une alcôve. Oh bordel.
Et pendant les quelques mètres qui nous séparent encore du recoin protecteur, j'ai le temps de m'imaginer que lui aussi vient de vivre un vrai coup de foudre, que nous allons partager notre amour dans l'évidence absolue, si évidente qu'on lui permettra de venir vivre avec moi à la Tour, et...
J'en étais mentalement à lui présenter mes exploits sur le Brass - survolté par ses beaux yeux admiratifs, je serais sans doute capable de devenir chef d'escadron - quand il me pose sur un moelleux canapé et s'assoit, ou plutôt s'installe langoureusement, sur les épais coussins qui me font face. D'une caresse sur le mur il règle la lumière, qui reste tamisée mais passe à une couleur chaude et unie, comme si nous étions éclairés par des chandelles. Ça me permet de bien mieux le distinguer, et il est encore plus parfait que je ne le pensais. Tous ses gestes sont gracieux, précieux, et sa voix aussi est délicate lorsqu'il me parle pour la toute première fois :
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L'éternelle bataille
Science FictionRobots géants contre monstres géants, c'est le combat perpétuel qui mobilise les foules et toutes les ressources de ce monde. L'UFIT (les gentils) se bat contre le Soleil Noir (les méchants), c'est pour ça qu'ils peuvent demander tous les efforts et...