L'éternelle bataille

Copper 14 : le putsch

Je plonge au ras des flots, suivi par Silver et Gold, laissant New Jarda sans la moindre défense. Sur mon écran, les messages affolés des cadres de l'UFIT et les ordres des stratèges font de brèves apparitions avant d'être effacés par Copper. Mais je sais ce que je fais. Après tout, Kuro n'a pas pu influencer ce kaiju comme il l'avait fait de celui qui a fait demi-tour avant d'attaquer, mais il nous a donné un dossier très complet sur lui. Je connais les kaijus, leur façon d'agir et de penser, et je connais ce kaiju en particulier. Il a été blessé, il n'a pas réussi à toucher un seul d'entre nous. Il est en colère.

À nous d'en profiter. Je le provoque, lâchant de la quartanite à sa hauteur, juste assez pour qu'il sente une nouvelle fois l'odeur de l'arme haïe, et il me prend en chasse. Oubliant la ville et les remparts, négligeant les eaux plus profondes où il pourrait s'enfuir, il nous suit le long de la côte, courant lourdement sur ses deux pattes puissantes. Gold et Silver jouent avec lui, le font ralentir pour donner des coups de dents ou de queue à droite et à gauche, à mon tour je le provoque, le frôle, ralenti juste assez pour qu'il croit m'attraper, avant de lui laisser une puissante accélération dans les naseaux. Son feu brûle quelques palmiers sur la côte, ses pas écrasent quelques bateaux de pêche. Pour l'instant, les dégâts restent parfaitement contrôlés de notre côté.

Ce qui n'est pas le cas d'Osmium, d'après les rapports de Chayan. Je lui avais promis des choses à détruire. Je ne pensais avoir autant raison. Et au milieu de mon propre combat, alors que je devrais me concentrer plus que jamais, je regrette de ne pas pouvoir voir ça. Son geste de rébellion semble absolument grandiose. Pour une personne vouée à être un éternel second rôle, on peut dire qu'elle a le sens du spectacle.

"Ça y est, elle est au QG. Les forces terrestres tirent sur le mecha. Tous les commentateurs sont fous, la moitié défend Platinum, l'autre moitié hurle à la trahison. Elle fait très attention à ne toucher personne, mais... ah, elle est en train d'ouvrir le QG. Elle arrache carrément le toit !"

Silver ricane - un beau compliment venant de sa part. Le kaiju accélère pour nous frapper alors que nous sommes coincés contre une falaise. Nous l'esquivons in extremis, le laissant s'assommer lui-même à moitié sur la roche. Bon sang, j'espère qu'il reste quelques drones pour s'intéresser à ce que nous faisons, on n'aura pas tous les jours l'occasion de montrer un combat pareil. Tout en tension et en gestion de l'adversaire. Personne ne nous a envoyé de mechas en renfort, la procédure habituelle est sans doute bloquée par le scandale qui est en train d'éclater autour du Platinum.

" Elle fait un appel au mégaphone, Geoffrey sort. Elle le prend dans sa main et s'envole. Ils lui ont envoyé une roquette dessus ! Je ne sais pas ce qui leur a pris, en tout cas Geoffrey va bien. Ils vont bientôt arriver au Platinum."

Parfait. Il est temps pour nous de faire demi-tour. Une fois que Platinum sera "sauvé" par Geoffrey, il va lui falloir un monstre à combattre, et personnellement je lui laisse cette tâche avec plaisir.

Gold demande :

"Où en est le public ? Ils suivent ?"

"Ils sont à fond ! Ils adorent Platinum, et pour l'instant personne ne sait s'il va s'en sortir, tout le monde s'affole. Les gens sont en colère contre l'UFIT, ils sont choqués qu'on n'ait pas laissé Osmium passer."

Parfait. La réaction de l'UFIT n'a pas eu le temps de s'ajuster au comportement imprévu d'Osmium, ils ont défendu leur base comme n'importe quels militaires, mais ça a suffit pour valider aux yeux de tous leur rôle de méchant. Après tout, l'UFIT est toute-puissante dans un monde injuste. Les gens n'ont aucun mal à lui attribuer le rôle du méchant.

Notre kaiju commence à donner des signes de fatigue. Il regarde de plus en plus souvent vers le large. Avant que j'aie pu agir, Silver a pris les devants en lui jetant dans l'œil une énorme quantité de quartanite. Le monstre hurle et reprend sa chasse, crachant un torrent de flammes que j'esquive de justesse.