C'est moi qui les ai appelés. J'ai bien cru mourir à chaque seconde qu'a duré l'échange, mais ils se sont montré très arrangeants. Visiblement, ils s'attendaient à mon appel, et à ma proposition.
Ou ils voulaient juste me mettre à l'aise, pour que je vienne au rendez-vous comme prévu avec la carte mnésique, et qu'ils n'aient plus ensuite qu'à tuer Brass sous mes yeux pour me faire payer d'avoir osé faire du chantage à l'UFIT.
C'était sans doute une très mauvaise idée de prendre des tranquillisants. J'ai essayé un autre dosage. Mais maintenant je ne pense plus très clair.
Au moins ça marche. Même les pires de mes idées ne semblent pas si graves. Mais je dois vraiment me concentrer pour me rappeler de ce qui est réel et ce que j'imagine. Je me sens très détaché de tout ça.
Tonton n'est pas là. Il n'était pas prêt. Il avait de plus en plus de mal avec l'idée de leur rendre la carte. Alors je suis parti quand il dormait.
J'ai prévenu le Soleil Noir que j'étais prêt à être extradé. Par voie maritime. Normalement, ils ne savent rien au sujet de la carte.
L'UFIT a dit oui tout de suite pour le rendez-vous.
Alors nous y sommes. Des hommes en noir, la tenue des agents sans grade des Forces. Ils sont arrivés en aerocar, une longue barge volante qui plane silencieusement jusqu'au toit où je leur ai donné rendez-vous. Noire et luisante, sans le moindre signe d'identification. Classique.
« Felis Hanae ? me demande l'homme.
Il a l'air à l'aise, lui. Me montrer qu'il sait déjà tout de moi a l'air de beaucoup l'amuser.
Je marmonne :
- Où est Brass ?
Il se retourne vers ses sbires et claque des doigts. Frimeur.
Les autres sortent mon rouquin de l'engin. Il a d'énormes menottes qui lui soudent ensemble les avant-bras, comme une horrible camisole de force métallique, et ses jambes sont liées ensemble par d'épaisses attaches en métal, des pieds jusqu'aux genoux. Mais il n'a rien sur la tête et je peux voir son visage constellé de taches de rousseur s'illuminer lorsqu'il me voit. Ne te réjouis pas trop vite, mon cœur. On est très très loin d'être tirés d'affaire.
- Alors," me dit l'agent en haussant un sourcil, avec toujours ce fichu petit sourire narquois aux lèvres, " où est la carte ?
Je la sors de ma poche, lui laisse admirer le code scintillant qui lui assure qu'elle est authentique. Et à la seconde où il tend la main vers elle, j'allume mon briquet, juste assez près pour que la flamme lèche la pellicule de plastique une demi seconde. L'agent suspend son geste immédiatement. Les cartes mnésiques sont de la haute technologique, mais de la haute technologie très inflammable, et il le sait très bien. Plus trace du sourire maintenant, lorsqu'il me regarde droit dans les yeux et qu'il siffle :
- Tu vas immédiatement arrêter de jouer au con, sinon...
- Je veux Brass. Amenez-le moi. Portez-le, démerdez-vous. Ensuite je vous donne la carte.
Il s'approche, j'ai un sursaut que je tente de camoufler en menace :
- Je vous la donnerais en aussi bon état que je vais récupérer le pilote, vu ? »
Si les regards pouvaient tuer... Déjà, je n'aurais pas survécu à mes clients en manque. Quand tu es dealer, tu apprends vite à négocier comme si tu dominais la situation, alors que tu es à portée de gars qui peuvent te broyer le crane entre deux doigts. Parce que quand tu as quelque chose que l'autre veut plus que sa propre vie, peu importe sa force et son intelligence. Tu le tiens par les couilles. Il te hais, et il t'obéit.
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L'éternelle bataille
Science FictionRobots géants contre monstres géants, c'est le combat perpétuel qui mobilise les foules et toutes les ressources de ce monde. L'UFIT (les gentils) se bat contre le Soleil Noir (les méchants), c'est pour ça qu'ils peuvent demander tous les efforts et...