Brass 9 : interrogatoires

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Je me réveille lentement. Mon corps est bizarre. Ou moi je suis bizarre. Détaché. Pas bien attaché. Je sens tous mes membres. Mais je ne suis pas dedans. Je n'ai pas très mal. Je ne pense pas très bien.

Je crois que je suis dans le coltar.

Défoncé ?

À cette idée mon cœur fait un mini-tressautement, salué par un bip. Oh. Pas défoncé, alors. Malade. Blessé. A l'hôpital.

Le Brass ! Où est mon mecha ? J'allais sauver mon mecha ! Où est...

J'ouvre les yeux et je crie. Immédiatement, on vient me chercher, des gens en blanc partout, on parle sédation, une femme autoritaire en blouse blanche dit de ne pas déconner, que je vais me calmer. Elle se penche vers moi et me dit :

"Tout va bien, vous êtes à l'hôpital.

- Le Brass ! Où est mon mecha ?

- Votre mecha va bien. Il est dans son hangar, comme d'habitude.

- Ils vont le mettre à la casse !

- Pas du tout ! Calmez-vous, il va bien. Le Brass n'a pas bougé.

Je ne sais plus quoi penser. En dépit du coup de stress, je suis toujours loin d'être frais. Je me concentre sur la doctoresse. Elle me regarde droit dans les yeux, attentive comme si peu de personnes se sont montrées attentives à moi. Des yeux noirs, profond comme l'éternité. Ils me rappellent tellement Nian. J'ai été tellement stupide. Si j'avais volé le Brass, j'aurais eu tout l'UFIT aux fesses, tout ce que j'aurais réussi à faire c'est foutre en l'air ma vie et la sienne !

Mais ils ne peuvent pas me le prendre. Pas mon mecha. Jamais je ne pourrais accepter une chose pareille !

La doctoresse continue à me dire d'une voix rassurante :

- Le Brass est un mecha important de la formation, il n'a jamais été question de le mettre à la casse. Et jamais on n'a vu un mecha retiré de l'escadron tant qu'il avait encore un pilote. Quand vraiment un modèle est obsolète, on cesse simplement de lui former de nouveaux pilotes. Jamais on n'a séparé un pilote de son mecha, et ça ne vous arrivera pas non plus, 137. Faites-moi confiance.»

D'accord. Je lui fais confiance. C'est vrai, après tout. C'est juste que... Je sais bien que je ne durerai pas longtemps. Je sens déjà que je suis en train de craquer. Et je ne veux pas qu'on s'en prenne au Brass quand je ne serais plus là ! Mon mecha est le meilleur de tous, comment pourrait-on l'abandonner ?

Elle m'examine, me pose des tas de questions, surtout liées à la drogue. Je suis sûr qu'on m'a déjà pris du sang pour analyses. Qu'ils cherchent. Ils finiront bien par me croire. Ceci dit, s'ils pensent que je délire parce que je suis perché, ils se diront qu'ils peuvent me soigner, mais s'ils me croient fou...

Je finis par écourter mes réponses, jurer que tout va bien, que j'ai eu du mal à comprendre parce que j'étais encore un peu dans les vapes, mais que je reprends mes esprits et que la crise est passée, je n'ai plus peur. Elle m'explique qu'on m'a retrouvé à terre alors que je courais comme un fou dans toute la Tour, et que visiblement j'ai trouvé le moyen de m'assommer tout seul.

Mouairf. J'ai d'autres théories, mais je ne vais rien dire. Pour l'instant, repos. Dès que j'irais mieux, il va falloir que je sois examiné plus en détails, puis ce sera le jugement. Merde. Il va falloir que je leur montre patte blanche...

Je réfléchirai à la suite plus tard. Pour l'instant, je suis épuisé, et comme elle me l'a conseillé, je dors.


L'éternelle batailleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant