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J'avais enfin réuni mes affaires les plus importantes ainsi que celles de mon petit frère. Je devais m'enfuir d'ici le plus vite possible.
Mon "oncle" nous avait ramené chez lui en me disant qu'il se comporterait mieux avec moi mais je sais qu'il ment. Il a le mensonge dans le sang,c'est plus que naturel chez lui.
Sa femme était au petit soin avec nous ,ce que je trouvait très surprenant vu comment elle se comportait avec ma mère. Je crois juste qu'elle essaie de se rattraper après ce qu'elle nous a fait. C'est en partie de sa faute aussi si Hakim n'a pas voulu m'écouter. Je lui en veux. J'en veux à tout le monde en faite, mon monde s'écroule jour après jour et je ne suis même pas sûre de pouvoir continuer mes études.

J'ai mis mes affaires à l'abri de tous les regards. J'ai aussi pris quelques photos de mes parents que j'ai récemment retrouvé et comme par magie j'en ai trouvé une de Cassandre ma mère biologique. Dès que j'ai vu cette photo j'ai su que c'était elle,la ressemblance entre elle et moi est tellement flagrante que j'ai été choquée. À part la couleur de sa peau et ses yeux,j'ai tout hérité d'elle. Elle était magnifique.
J'ai aussi pris mon acte de naissance et celui de mon frère puis contre tout attente je me suis retrouvée avec deux actes de naissance à mon nom. Sur le premier je porte le nom de mon père adoptif et sur le deuxième j'ai le nom de mes parents biologiques. Ce qui veut dire que j'ai deux noms de famille, Kiminou et Yoka , mon père biologique s'appelle donc Saïd Yoka .

Bref.

[…]

Je pliais le peu de vêtements qu'il nous reste ,j'avais complètement la tête ailleurs, je pensais sans cesse à mon futur. Je suis revenue là où habite le frère de ma mère et j'occupe de nouveau la petite chambre qui ressemble plus à un poulailler qu'autre chose.

Toc toc!

Je ne réponds pas,je n'ai pas envie de voir des gens aujourd'hui, pourquoi ? Parce qu'ils sont tous retournés à leur petite vie comme si de rien n'était, comme si ma mère n'était pas morte.

La porte s'ouvre lentement en laissant apparaître ma "tante", Angélique. Je ne sais pas trop comment me comporter avec elle. Elle s'approche et s'assoit au bout du matelas tout plat sur lequel nous dormons.

Angélique : pourquoi tu n'as pas mangé la nourriture que je t'ai laissé ? Mes filles m'ont dit que tu n'es pas sortie aujourd'hui...

Moi: je suis une fille sans éducation et une sorcière, peut-être que vous avez mis du poison dans mon repas pour que je meurs .

Angélique : sans effet! Comment peux-tu dire ça ? Après ce qu'on fait pour vous!

Moi: vous n'avez rien fait pour nous, c'est au contraire vous qui aviez bien profité de mes parents quand ils étaient encore là. Où sont les sommes astronomiques que ma mère vous versait tous les mois? Où sont les vêtements que tes filles ont acheté avec l'argent de mon père ? Mais tu sais quoi tantine? Je vous remercie vraiment de nous héberger même si c'est juste parce que je suis seule maintenant et que ton mari est étrange.

Elle m'a regardée pendant un moment avant de soupirer.

Angélique: je sais que tu veux t'enfuir d'ici.

J'ai arrêté de plier mes vêtements et je l'ai regardé à mon tour.

Moi: et?

Angélique : je vais t'aider... Arnaud est un monstre au fond,je ne veux pas qu'il vous fasse du mal,à mes filles ou à toi. Il est dangereux, d'ailleurs je comptais le quitter parce que je n'en peux plus. Il me trompe et depuis il n'arrête pas de rentrer saoul à la maison.

Moi:...

Angélique : j'ai une amie qui peut t'aider, elle s'appelle Samira, c'est une béninoise qui vend au grand marché, elle est à la recherche d'une fille qui pourrait l'aider à vendre sur sa table. Si tu accepte, elle te paiera ce que tu mérite pour ton travail.

Pour une fois, je voulais bien faire les choses et accepter son offre est la meilleures des choses à faire. Même si je n'aurai pas d'endroit où vivre,je dois partir d'ici.

Elle: le mieux serait que tu parles dans deux jours,il ne sera pas ici et tu pourra fuir.

Moi: d'accord...

Elle: bien, je dirai à mon amie de venir te chercher pour te montrer l'endroit où elle vend.

Ma nouvelle vie venait de commencer mais peut-on dire que c'est une vie paisible? Je fuis le seul endroit où je peux vivre à cause d'un soit disant oncle capable de me faire du mal à tout moment. J'en ai marre de cette vie.

[…]

Les deux jours qui ont suivi  sont passés très rapidement, je n'ai pas croisé Arnaud. Apparemment ,ça fait deux jours qu'il n'a pas donné de nouvelles mais pourtant sa femme ne s'inquiétait pas ,elle était même heureuse qu'il ne soit pas là.

Angélique : Kimia ?

Moi: oui?

On était toutes assise dehors ,avec ses filles,et elles parlaient entre elles tandis que moi ,j'essaie de manger le repas que ma tante a fait.

Elle: où vas-tu dormir en partant?

Moi: dans la rue peut-être, je ne sais pas...

Elles m'ont toutes les trois regardée avec de gros yeux. Mais à quoi s'attendaient-elles? Que je vive dans un palace cinq étoiles en bord de mer? Je n'ai pas de famille ici donc forcément je vais vivre dans la rue.

Angélique : si tu veux je peux m'occuper de ton petit frère quand tu vas travailler parce que avec ce froid c'est pas possible qu'il reste dehors trop longtemps.

Quelques jours plus tard...

J'avais enfin quitté cette maison du diable mais une peur a commencé à naître en moi,celle de vivre dans la rue presque comme une mendiante. Je ne suis même pas à l'abri du danger.
J'ai commencé à travailler avec l'amie de ma tante ,je l'aide un petit peu et elle me paie 500fcfa par jour en plus de me donner à manger quand on est ensemble. Mon petit frère reste avec moi la journée et le soir je cours le déposer chez Angélique, qui soit dit en passant, a quitté mon oncle et a déménagé. Maintenant elle vit non loin du marché où je travaille, donc c'est plus facile pour moi d'aller déposer Gabriel là bas. Il y dort et tôt le matin je passe le prendre.
Moi,je dors devant la grande mosquée du quartier avec quelques personnes. Des femmes ,des hommes et même des enfants y dorment la nuit. Le monde est tellement sans coeur de nos jours, parmi ces personnes il y'a ceux qui ont été abandonnés, d'autres chassés... C'est triste mais on y peux rien.
J'avais mon petit coin à moi,j'utilisais un vieux carton,ramassé dans la rue,que j'ai recouvert d'un pagne en guise de matelas. Mais je n'arrivais plus à dormir,non seulement à cause des moustiques ou des odeurs nauséabondes mais aussi parce que j'avais peur qu'on me fasse du mal. Les rues sont fortement dangereuses de nos jours et rares sont les gens qui s'y promènent la nuit. J'ai pris un risque considérable en fuyant mais c'était le mieux à faire.






























À suivre...

KIMIA: Renaître De Ses CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant