KIMIA: Renaître De Ses Cendres

42

Kimia.

Mon téléphone vibre sur ma table de chevet. Mais je ne réagit pas comme depuis une semaine. Une semaine que je ne fais rien d'autre à part aller à la fac. Je n'ai donné aucune nouvelle à personne. Mon père est en voyage et je suis seule ici. Je me morfond sur mon sort encore une fois. Ça fait deux ans que mon fils est mort... Vous allez me dire que ce sont des chose qui arrivent. Qu'il est bien là où il est. De toute façon ce n'était qu'un embryon.
Ce n'était pas qu'un bébé, c'était mon bébé. Je l'ai attendu durant des mois, j'étais heureuse de l'avoir malgré la situation dans laquelle il avait été conçu. Je comprends que d'autres femmes ne sont pas capables de donner naissance et d'élever un enfant issu d'un viol, mais moi... Je voulais ce bébé parce qu'il était mon seul espoir, c'est pour lui que je me battais tous les jours pour survivre.

Mon téléphone vibre à nouveau. Je souffle avant de le prendre. J'ai reçu un message de Hakim.

" t'es morte ? "

"  Réponds ou je vais croire que tu es vraiment morte "

Ces messages m'ont fait sourire.
Est-ce que je dois lui répondre ? Je sais qu'il veut prendre de les nouvelles et ce ne serait pas sympa de ma part si je lui laisse un '' vu''. Mais si je lui réponds aussi, les autres seront énervés contre moi parce que j'ai pas répondu à leurs messages. Je vais répondre à tout le monde c'est mieux.

Moi: tu veux que je meurs ?

Lui: non... T'es trop importante dans ma vie pour que je souhaite ta mort.

Moi: tu vas bien ?

Lui: et toi ?

Moi: tu ne m'as pas répondu.

Lui: toi non plus. Je m'inquiète pour toi. Pourquoi tu ne donnes pas de nouvelles ?  Je sais que tu ne vas pas bien.

J'hésite à lui répondre. Je ne veux pas le saturer avec les problèmes qui me torturent l'esprit depuis des années.

Moi : je vais bien Hakim, ne t'inquiète pas pour moi. C'est juste que je traverse une période un peu difficile à gérer mais ça va s'arranger  tôt ou tard.

Lui: je comprends. Mais évite de nous laisser en plan comme ça, ça a le don de m'énerver.

Moi : désolée.

Lui: je peux t'appeler ?

Moi : pourquoi ?

Lui: je veux entendre le son de ta voix avant de dormir.

Mon coeur c'est peut-être arrêté pendant un moment, je ne sais pas. Si c'était le cas, je serai morte alors. Il bat tellement vite que j'en suis toute retournée.

Mon téléphone se met à sonner et affiche son prénom. Je décroche enfin. Aucun de nous deux ne parle, va savoir pourquoi. En s'entend juste respirer c'est tout mais ça n'a étrangement rien de gênant.

Lui: vu que tu ne te décide pas à parler, je peux raccrocher aussi.

Moi: non ! ... Euh, c'est toi qui m'a appelé non ? T'as une voix toute fatiguée.

Lui: c'est sûrement la fatigue. Pourquoi t'es restée seule chez toi ?  Tu sais que c'est dangereux surtout pour une fille.

Moi: comment tu sais que je suis seule ?

Lui: ton père et le mien sont à Bordeaux ensemble... Tu pourrais aller chez ta tante non ? Je ne veux pas que tu restes seule comme ça.

Moi: je suis assez grande pour prendre soin de moi Hakim.