Chapitre 1 : La rencontre

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*Catalina*

« And I've been looking for someone to put up with my bullshit,
I can't even leave my bedroom so I keep pouring »

Mes yeux s'ouvrent lentement. Ma soirée d'hier est réellement dure à assumer. Je prends donc le soin d'éteindre mon réveil qui chantait en continu. Ma migraine, due à la quantité importante d'alcool ingurgitée, me tape sur les tempes et prend l'ensemble de mon crâne. J'avais décidé de boire après l'appel de mon père me prévenant du repas de famille qui a lieu, ce midi, pour mon anniversaire. Comme à leur habitude, ils se sont trompés de jour.

-Il est 11h, merde, pensai-je

Je me prépare en urgence. En un temps record, je suis lavée, maquillée, habillée et prête à partir. Je suis en retard, j'ai réellement besoin de me dépêcher. Je déteste ces repas faussement chics où est réunie ma famille. Ma famille est assez spéciale. Je suis fille unique d'une mère et d'un père occupés par leur travail. Mes parents ont vite voulu fonder une famille, pour éviter les questions désobligeantes, pour rentrer dans les normes de la société. On grandit de traviole sans l'amour de ses parents. Soudainement, je me suis retrouvée par terre, ce qui me fais sortir brusquement de mes réflexions.

-Tu ne veux pas faire attention ? pesta l'inconnu

J'ouvre difficilement mes yeux, pour la deuxième fois de la journée. Un groupe de garçons est devant moi et ils sont en train de me dévisager. En même temps, ma haine et ma peine sont si fortes qu'elles arrivent presque à se lire sur mon visage. Je dois ressembler à une folle, pensai-je.

-Tu vas où, sappée comme ça ? rajouta un autre.

-Je suis pressée. J'ai juste besoin d'atteindre ma voiture. Et accessoirement, vous êtes sur mon passage.

Les garçons rigolent. Celui qui m'avait foncé dessus, aborde un sourire malicieux. Je pensais qu'ils rigolaient avec moi. En fait, ils rigolent de moi. Je suis dans la fosse aux lions, ils sont peut-être dangereux. Heureusement, ma voiture est garée juste à côté des inconnus. Je rentre donc dans ma voiture et je démarre à toute allure, en espérant fortement ne plus revoir ces personnes. Les rues parisiennes sont bouchées et un amas de pollution survole le ciel. Dans les embouteillages, j'aime imaginer la vie des passants. J'aime surtout imaginer que les personnes sont heureux, s'aiment et se complètent. Le GPS, entre deux changements d'itinéraires, m'indique mon heure d'arrivée : 12h30. Je suis en retard, mes parents vont me tuer.

-Catalina ! Te voilà, enfin ! me cria ma mère, Elisabeth.

-Il va falloir m'expliquer l'intérêt de te payer une voiture toute neuve et l'assurance, si tu n'es pas foutue d'arriver à l'heure, dit sèchement mon père, François.

L'ambiance s'annonce lourde, orageuse. Les rayons du soleil viennent de se cacher pour laisser place aux nuages menaçants. Ce repas va être un désastre, encore une fois.

-Je suis désolée papa, j'ai eu une nuit et un matin un peu mouvementés, dis-je.

-Pour changer, Catalina, pour changer...

Le ton de ma mère est froid. Suis-je donc une éternelle déception pour mes parents ?
Mes parents et moi commandons nos plats dans le énième restaurant gastronomique que mes parents ont choisi.

-Des nouvelles d'Alexandre ? demanda mon père

Sa question me touche droit au cœur, il le sait. Mon histoire avec Alexandre fut chaotique. En dépit de tout le mal qu'il a pu me faire, mes parents s'obstine à qu'on se remette ensemble. J'ai terriblement envie de partir, sans donner une explication, juste me lever et me diriger vers ma voiture. Mais, je ne suis pas une fille courageuse.

-Non.

-Je l'ai vu en début de semaine, fit ma mère, il m'a dit qu'il serait ravi de te voir.

-Il est bien le seul, murmurai-je.

-Choisir de mettre fin à votre relation fut une énorme bêtise, dit mon père, mais tu es habituée à ne rien faire correctement.

J'ai le pire père au monde. J'ai les poings serrés sous la table. Le sang, qui est compressé dans mes veines, accentue ma colère.

-Si vous permettez, je ne me sens pas bien. Je pense que je vais rentrer chez moi.

-Rentre bien, me cracha méchamment mon père.

En montant dans ma voiture, je suis énervée. Je vais faire un petit détour chez Sacha, ma seule amie parisienne depuis que mes parents ont décidé de quitter l'Espagne.

*Ken*

Après la confrontation avec la meuf pressée, j'ai dit au revoir à Sneazzy et Framal et suis rentré dans mon appartement. Je suis troublé. Troublé par cette fille. À vrai dire, c'est la première fois que je ne pense pas à mon ex. Cette fille porte tant de haine, tant de tristesse et tant de mots à dire. Ça se voit. Ses yeux renferment des événements qu'elle aimerait effacer de sa mémoire. Son corps doit alors renfermer de nombreuses cicatrices. Elle expose sa douleur aux yeux des gens, cette dernière est venue s'écraser sur mon visage. Bizarrement, à travers ses yeux bleus, je ne voyais pas que sa douleur. Je voyais aussi la mienne. La sonnerie de mon téléphone vient déranger mes pensées.

-Le Fennec ? Ça te dit d'aller à la ré-soi de 2zer ce soir ? me demanda Doums

-Bien sûr que oui mon reuf !

-Cool, maintenant, ouvre-moi, ça fait 10 minutes que j'appuie sur l'interphone !

Je rigole à sa remarque. La jolie brune de toute à l'heure s'obstine à rester dans mon esprit.

-Je t'ouvre de suite.

Mon ami depuis toujours rentre dans mon appartement, joint à la bouche, comme à sa fâcheuse habitude.

-Mo et Framal m'ont raconté que vous vous êtes amusés à traumatiser la bourgeoisie parisienne, rigola Doums.

-Elle m'a foncé dessus ! Et elle n'avait pas l'air d'avoir peur.

Menteur, elle était terrifiée.

-Tu rigoles j'espère, les gars m'ont dit qu'elle était blanche, limite prête à s'évanouir.

Pourquoi avait-elle eu aussi peur ?

-Peut-être, je n'y ai pas prêté attention.

Menteur. Ses yeux sont fixés à tes pensées depuis que tu es rentré.

-On va manger ? Je crève la dalle.

-Je prends ma voiture, dis-je.

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Fin du premier chapitre :)
Il est peut-être un peu court. Donnez moi vos avis !

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