Chapitre 58 : Questions désobligeantes

2K 66 1
                                    

*Catalina*
Complètement épuisée, je suis rentrée dans ma douche. L'eau brûlante vient titiller mon corps et les crampes dues aux siestes à l'hôpital. Après avoir enfilée des vêtements et m'avoir maquillée, j'allume une cigarette. Au même moment, Paolo et Pierre arrivent.

-Salut Lina ! dit mon ami.

J'ai complètement oublié de lui dire que Ken est réveillé.

-Tu étais à l'hôpital ce matin ? demanda Pierre. Tout va bien ?

Pierre est un homme réellement gentil, ce qui colle parfaitement à Paolo. Son copain m'a d'ailleurs assez soutenu lorsqu'on a appris que Ken était plongé dans le coma.

-Il s'est réveillé. Il avait un peu de mal à parler mais je pense que ça va aller.

-C'est super, ça ! dit Paolo, sur un ton enjoué. Pourquoi tu fais une tête d'enterrement alors ?

-Si tu l'avais vu...Chaque mouvement était suivi de grognements de souffrance. Il arrive qu'à dire des  mots simples. C'est de ma faute.

-Ne raconte pas n'importe quoi. Tu n'aurais pas pu lui empêcher de prendre sa voiture.

-T'en sais rien, pestai-je.

Paolo a soufflé puis m'a adressé un sourire gentil. Il a horreur que je me sente responsable. J'ai regardé l'heure et j'ai compris que je suis en retard, comme d'habitude.

-Je dois aller à mon interview, dis-je en prenant mon sac.

Les deux garçons m'ont dit au revoir et je suis montée dans ma voiture en direction de mon rendez-vous. Après quelques minutes de conduite à la parisienne, c'est-à-dire avec l'absence totale du code de la route, je suis arrivée. Une fois arrivée devant la jeune femme qui va me poser les question, je respire un grand coup.

-On peut enfin commencer ? demanda-t-elle d'un air hautain purement détestable.

-Je suis prête, répondis-je en m'efforçant de rester polie.

-Dans votre livre, vous parlez brièvement de votre relation avec Ken Samaras. Pouvez-vous m'en dire plus ?

-Tous les détails que j'accepte de révéler sur ce sujet sont dans mon livre.

-Très bien, souffla mon interlocutrice. Nous savons qu'il a eu un terrible accident de voiture. Des sources m'ont confirmé ce matin qu'il s'était réveillé. Est-ce vrai ?

Petit à petit, je commence à m'énerver. Elle n'a absolument pas lu mon livre. Elle veut juste s'immiscer dans ma relation avec Ken. J'ai donc coupé la caméra.

-Qu'est-ce que vous faites ? s'indigna-t-elle.

-Mon agent a été clair. Je ne suis pas là pour parler de Ken. Je pensais qu'on était là pour discuter des violences conjugales, de dépression ou encore de famille. Si vous le voulez bien, je vais partir. J'ai bien compris que vous n'avez pas lu mon livre mais uniquement survoler les pages wikipedias et les articles de magazines people.

La pièce est alors plongée dans un long silence. La jeune femme me dévisage de haut en bas. En prenant mes affaires, je me suis retournée vers elle.

-Et allez vous faire foutre avec vos questions de merde. Je me ferais un grand plaisir d'en parler à votre patron.

*Ken*
Ma sœur est assise sur mon lit et me raconte ses embrouilles à son taff, Antoine qui devient un peu distant et les parents qui ont passé les deux dernières semaines avec elle. Malheureusement, ça fait quelques longues minutes que je fixe la porte. Inconsciemment, j'espère que Cata va revenir. Alice m'a dit qu'elle passait ses journées à côté de moi. Elle travaillait, dormait ou me faisait la lecture. D'ailleurs, le dernier me fait bien sourire comme un enfant. Lorsque je me suis retrouvé avec les infirmières, elles m'ont dit qu'elle pensait que Catalina avait même emménagé à l'hôpital, sur un ton hilare.

-Continue de regarder la porte comme ça et elle va disparaître, blagua ma sœur.

-T'es pas drôle, marmonnai-je.

J'ai enfin retrouvé un débit de parole normal.

-J'ai envie de sortir maintenant, soufflai-je. Pourquoi les médecins s'entêtent à me garder en observation ?

-Peut-être parce que ça fait deux semaines que tu es dans le coma, dit ma mère.

-Oui, enfin...

-Ken, arrête, dit-elle sur un ton ferme.

-Tu peux essayer de négocier pour que je reste qu'une seule nuit supplémentaire ? Je hais les hôpitaux.

En effet, être allongé dans cette prison me rappelle Leila. Sauf que contrairement à elle, j'ai conscience d'avoir frôlé la mort. Elle n'a pas eu cette chance ; elle a foncé vers la mort.

-Je vais voir ce que je peux faire, répondit ma mère.

-T'es la meilleure.

Alice a continué son monologue tandis que j'essaie de comprendre ce qu'elle me raconte. Mais mon esprit aime trop divaguer. Parfois, il pense au corps sans vie de Leila et parfois, il pense au sourire de Catalina qui a la capacité de réchauffer mon cœur. Après quelques minutes, ma mère a débarqué.

-C'est ta dernière nuit à l'hôpital, dit-elle en déposant un bisous sur ma joue. On va partir et on va te laisser te reposer.

-Merci, maman.

J'ai dit au revoir à ma famille et je me suis retrouvé seul dans ma petite chambre. Pris d'un ennui total, j'ai essayé d'allumer la télé. Pur échec. Je n'ai aucune envie de regarder un film de merde sur TF1. Troublé, j'ai soufflé et j'ai pris un carnet sur ma table de chevet. J'ai commencé à gratter quelques lignes. Le temps passe vite quand j'écris. Trop vite, je dirais même.

Puisque le soir est tombé, j'ai décidé d'éteindre les lumières pour essayer de dormir. Je ne suis pas du tout fatigué.

Normal, pensai-je, ça fait deux semaines que tu dors, connard.

Soudain, la porte s'est ouverte et Catalina est rentrée dans ma chambre.

-Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je. Les visites sont terminées.

-J'ai payé une infirmière, dit-elle en ricanant. À vrai dire, ça fait deux semaines que je fais ça. Tu commences à me coûter cher.

-Pourquoi tu faisais ça ? répondis-je en souriant.

-Parce que j'avais envie de dormir avec toi. Sachant que tu es réveillé, je pouvais pas rater l'occasion.

Son geste est tellement romantique que j'ai l'impression d'être dans un film d'amour grotesque. Mais, j'avoue que sa présence me réconforte et me rend, tout de suite, plus heureux.

-Fais-moi dans le place, Samaras.

******
Fin du 58ème chapitre !
10 000 vues sur mon histoire....Je ne sais pas trop quoi dire à part merci. Merci de réagir à chaque chapitre, de prendre le temps de lire le fruit de mon imagination, de continuer à lire avec les mois qui passent.
Je suis extrêmement touchée.
Prenez bien soin de vous ❤️

Pas sans toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant