Chapitre 48 : Souvenir

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*Ken, flashback de son 18ème anniversaire*
Je suis assis dans le tro-mé en direction de l'appartement des parents de Leila. Aujourd'hui, j'ai 18 ans. Je suis majeur. Pourtant, je n'ai pas l'impression de l'être. J'ai arrêté le lycée pour me concentrer sur le rap. Mon père m'a répété que c'était la plus grosse bêtise de ma vie tandis que ma mère m'a bien fait comprendre qu'elle était d'accord avec lui. Je suis une honte pour la famille. Et ça me vénère.

Je suis descendu du métro et j'ai marché jusqu'à la porte. J'ai monté les escaliers et j'ai toqué chez Leila.

-Salut mon cœur ! dit-elle en m'embrassant à pleine bouche.

-Salut toi. Je viens te chercher pour aller chez Mo.

-Je suis presque prête, dit-elle en allumant son joint.

Je déteste qu'elle soit accro à ce genre de choses. Premièrement, je me bats pour arrêter et la voir fumer me rappelle ma fâcheuse addiction. Deuxièmement, c'est mauvais pour elle.

-Je suis prête, mon cœur.

J'ai tourné le regard vers elle. Elle est époustouflante. J'ai envie de lui enlever sa robe et de la prendre sur son canapé. Elle me sourit tendrement tandis que je me rapproche d'elle.

-T'es trop bonne, soufflai-je en lui déposant un bisous dans le cou.

-Tu verras ce que je te réserve ce soir.

Excité, je lui ai souris. Ma relation avec Leila a toujours été compliquée. On se sépare, on retourne vers l'autre, on se trompe pour faire rager l'autre, on s'aime. Je sais que c'est toxique. Je préfère faire l'aveugle plutôt que de mettre fin à nous. Leila et moi sommes montés dans sa voiture.

-Ça te fait quoi d'avoir 18 ans ?

-Absolument rien, j'm'en branle.

-Arrête d'être comme ça, me réprimanda-t-elle.

-C'est qu'une année de plus. Ça me fait ni chaud ni froid.

Elle a soufflé puis elle s'est garée. Avant de rentrer dans l'appartement de Mo que ses parents lui ont laissé, elle m'a regardé.

-Essayons de ne pas nous disputer ce soir.

Je hais ce genre de paroles.

-Je t'aime mon cœur.

-Moi aussi.

Nous avons pénétré à l'intérieur. Mes amis m'ont souhaité un joyeux anniversaire de manière joviale. La soirée a commencé. Étrangement, j'ai l'impression qu'elle va bien se passer. Du moins, je l'espère. J'ai déjà assez de problèmes comme ça. Ce soir, je veux juste oublier. Quelques heures plus tard, je suis parti dans la chambre de Mo. Hugo est assis avec un mec que je connais pas. Il a le nez blanc.

-Qu'est-ce que vous foutez ? demandai-je.

-Fabien a ramené de la C, expliqua mon pote. Tu en veux ?

D'habitude, j'aurais dit non et j'aurais gueulé sur mon pote. Mais j'ai réellement besoin de plus penser à mes parents et à ma carrière qui ne décolle pas plus que ça. J'ai donc préparé une ligne et je l'ai reniflé. L'effet est immédiat. Je me sens beaucoup mieux. Soudain, la porte s'est ouverte et Leila est entrée.

-Vous avez de la C ? demanda Leila.

-Ouais, répondit le fameux Fabien. Je fais une pause mais t'peux taper dedans.

Fabien est sorti avec Hugo. Pendant quelques minutes, nous avons rigolé tout en continuant à prendre la cocaïne. Je me sens apaisé. J'ai presque l'impression qu'on est un couple normal.

-Tu veux combien d'enfants ? dit Leila.

-J'sais pas. Je suis encore jeune.

-Toi et moi, on va rester ensemble pour la vie. On se quittera jamais, hein ?

-Jamais, ma belle.

Elle m'a souri tout en posant sa tête sur mon torse. J'ai la tête qui tourne. J'aurais dû le savoir que l'alcool et cocaïne ne faisaient pas un bon mélange. Malgré mon état, j'ai réussi à m'endormir.

______________
Je me suis fait réveillé par Doums qui est entré dans la chambre.

-Le Fennec ? On doit décaler. Les parents de Mo arrivent. Réveille Leila.

En m'étirant, j'ai donné un coup de coude à Leila. Elle ne bouge pas. Putain, elle m'énerve à dormir aussi profondément.

-Magne-toi le cul, cria Doums à Leila.

Pas de réponse. Je regarde mon reuf en levant le sourcil. J'ai retourné son corps. Putain. Putain. Putain. Ses yeux sont ouverts mais elle ne bouge pas. Doums s'est jeté sur le corps de ma copine pour prendre son pouls. Il me regarde d'un air grave.

-Je sens rien.

Non. Non. Non. Dans un élan de panique, j'ai pris mon téléphone pour appeler les secours. J'ai tenté d'expliquer la situation. En quelques minutes, je me suis retrouvé à l'hôpital en jogging et à moitié réveillé. Mes potes sont là. J'ai peur. Non, je mens. Je suis terrifié. Un médecin s'est approché de nous.

-Vous êtes les proches de Leila Chavour ?

-Oui, dis-je.

-Je suis désolé. Elle est décédée. Votre amie avait une grande quantité de cocaïne, de cannabis et d'alcool dans son corps. Elle est morte pendant la nuit. On n'a rien pu faire pour elle. Elle était déjà morte quand elle est arrivée.

Overdose. Leila a fait une overdose. Mon monde s'arrête de tourner. Je suis responsable. Elle a fait deux overdoses hier soir : celle de nous et celle des drogues. Ses parents ont débarqué. Je suis en train de pleurer tandis que mes amis abordent un air catastrophé.

-Où ma fille ? demanda sa mère.

-Elle...elle est...morte.

Sa mère a hurlé tandis que son père a fondu en larmes. Je me sens extrêmement mal. J'ai l'impression que je vais vomir mes tripes.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda son père.

-Elle a consommé trop de drogues, dit le médecin.

Sa mère a mis sa main devant la bouche. Sa détresse est horrible à voir. Je ne sais pas quoi dire. Je veux disparaître. J'ai tué Leila. J'ai tué ma copine. J'ai tué la femme que j'aime.

-Tout est de ta faute, cria sa mère. Pourquoi es-tu entré dans la vie de ma fille ? Tu l'as tué, Ken. Tu m'entends ? Tu as pris sa vie. Tu étais obligé de l'emmener dans tes plans foireux ? Elle méritait tellement mieux qu'un merdeux comme toi.

Mon cœur s'est serré dans ma poitrine. J'peux pas répliquer. Tout ce qu'elle a dit est vrai. J'en porte l'entière responsabilité.

-Tu es un meurtrier, dit son père entre deux sanglots.

-Tu savais qu'elle était instable, putain. Tu as bien vu toutes ces cicatrices, renchérit sa mère.

-Je suis désolé, murmurai-je.

-Je ne veux plus t'entendre, répondit-t-il en hurlant. Hors de ma vue.

Je suis sorti de l'hôpital et j'ai fondu en larmes dans les bras de Doums. J'ai tué Leila. Je porte son sang sur ses mains.

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Fin du 48ème chapitre !
Vous êtes de plus en plus nombreux à lire mon histoire. Franchement, je suis assez surprise. Je ne m'attendais pas à autant de lecteurs/lectrices. Merci énormément !
Bisous ❤️

Pas sans toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant