Chapitre 33 : Jusqu'au petit matin

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*Catalina*
Quelques heures plus tard, les garçons sont toujours en train de s'esclaffer dans la piscine. Je les regarde, amusée par leurs rires enfantins. Sacha est assise près de Sneaz ; ils sont en train de se chamailler. Soudain, Mekra a crié mon prénom.

-Cata ! hurla-il.

J'ai donc éteint ma cigarette dans le cendrier et me suis dirigée vers lui.

-Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je.

-Tu peux te rapprocher ?

Pourquoi cette question ?

-Tu m'entends très bien d'où je suis, dis-je en riant.

-S'il-te-plaît.

-T'es chiant, répondis-je en m'avançant de lui.

Mekra me regarde et rigole. J'avoue que je ne comprends pas trop la raison de ce rire soudain. Puis, j'ai senti des mains contre mon dos. Rapidement, j'ai fini dans l'eau.

-Je vais vous tuer, rigolai-je. J'avais mes clopes dans ma poche.

-On t'a sauvée les poumons d'une certaine manière, dit Ken.

-Tu es mal placé pour parler, rajouta Mekra sur un ton moqueur.

Ayant trop bu, j'ai du mal à sortir de l'eau. Par conséquent, Ken m'a tendu la main et m'a sorti de l'eau. Vous savez ces moments anodins où on s'en rend compte à quel point on peut aimer une personne ? Et bien, je suis en train d'en vivre un. J'observe le sourire charmeur de Ken et mon cœur chavire. Depuis notre discussion, on évite de crier au monde nos sentiments. Mais, personnellement, j'ai envie que la terre sache que j'aime cet homme incroyable. J'ai toujours eu horreur d'être dépendante à quelqu'un car cela donne l'opportunité à l'autre de t'abandonner et de te faire du mal. Cependant, avec Ken, tout est différent. Et ça me fascine autant que cela me terrorise.

-Quelqu'un est à la porte, dit Doums.

-Je vais voir.

Je suis partie en direction de la porte, couverte d'une serviette puisque le vent frais me provoque une multitude de frissons. En ouvrant la porte, je suis à la fois surprise et choquée.

-Quand on m'a dit que Lina était rentrée, j'étais obligé de venir lui dire bonjour, dit Paolo.

Paolo appartient à une partie triste de ma vie. Il m'a épaulée et récupérée en pleurs plusieurs fois. Il n'y a plus aucun sentiment amoureux de mon côté. Juste du respect pour cette personne qui représentait mon monde autrefois. J'aime quand les ruptures se passent bien. J'aime quand la haine ne prend pas le dessus.

-Paolo ! criai-je. Je suis contente de te voir.

On s'est fait un câlin comme de bons vieux amis.

-Tu deviens de plus en plus belle avec l'âge, c'est injuste.

J'ai rigolé à sa remarque attendrissante.

-Tu veux rentrer ?

-J'ai vu Alma avant de venir ici. Tu as besoin de te retrouver avec eux. Je ne vais pas te déranger.

Paolo est un homme profondément gentil. Il me
rappelle Léo sur quelques aspects.

-T'es qui ? demanda une voix masculine derrière moi.

C'est Deen.

-Je suis Paolo, un ancien ami de Lina. Et toi ? demanda-t-il sur un ton bienveillant.

-Deen, un ami de Cata. On a un problème Cata.

-Lequel ? dis-je.

-Mo s'est ouvert le crâne contre un rebord de la piscine. Sacha a littéralement câblé.

-Putain.

-Je peux aider, dit Paolo. Je suis médecin.

Je suis rassurée et aussi fière de savoir que Paolo a poursuivi ses rêves.

-Merci énormément.

Nous sommes partis, en marchant vite, en direction de la piscine. La scène fait un peu peur à voir. Sacha pleure et semble énervée. Doums, Framal et Mekra essaient, tant bien que mal, de la rassurer. Les autres sont à côté de Mo et Ken fait pression sur la plaie.

-Ne vous inquiétez pas, dit Paolo. La tête ça saigne beaucoup mais ce n'est pas forcément signe de gravité.

Paolo a demandé à Ken d'aller chercher des compresses et du matériel pour le recoudre. J'ai indiqué à Ken qu'il y a une armoire à pharmacie dans ma chambre. Il a donc couru vers la maison. Je me suis rapprochée de Sacha.

-Ce n'est pas grave, dis-je. Regarde, il va être pris en charge et il n'a pas l'air d'avoir mal.

-Tu ne comprends pas, fit-elle d'une voix à moitié énervée et dévastée.

-À cause de tes parents ? demandai-je.

Les garçons ont écarquillés les yeux tandis que Sacha m'a dévisagée. Je crois que j'ai fait une gaffe. Mais Sacha est amie avec eux depuis l'enfance. C'est impossible qu'elle n'en ait jamais parlé.

-Pas maintenant, dit-elle.

-Pourquoi cela serait-ce en lien avec ses parents ? demanda Framal. Ils habitent en Belgique et Sacha les voit presque jamais.

J'ai compris. Mes pensées se sont révélées être vraies.

*Ken*
Après foutu un bordel sans nom dans la salle de bain de Cata, j'ai enfin trouvé la fameuse trousse. J'ai jamais couru aussi vite de ma vie, même pas pour fuir les keufs. Mais, je n'aime pas trop la vue du sang. Cela me rappelle qu'on est mortels. Et la mort me terrifie.

-Tiens, dis-je en passant la trousse au mec dont j'ignore le prénom.

Le jeune homme a commencé à recoudre Sneaz. Mon pote n'a pas l'air d'avoir trop mal, même s'il n'est pas anesthésié. Il grimace un peu mais ne hurle pas. Après quelques minutes, l'homme a terminé son intervention.

-Merci beaucoup, mec, dit Doums.

-Ce n'est rien, dit-il.

-Franchement, merci Paolo, renchérit Cata.

Ce mec est donc Paolo. J'essaie de ne pas montrer ma jalousie. En plus, il vient d'aider mon reuf.

« J'ai pas envie qu'on s'amoche.
Tellement jaloux, j'préférais presque tu sois moche.»

C'est égoïste que ses paroles résonnent dans ma tête. Mais c'est vrai. La beauté de Cata est comme une sirène qui enivre les matelots. Une fille comme elle, on peut pas les enfermer dans un cage. Sa soif d'indépendance prendra toujours le dessus. Elle a remarqué que je me suis crispé. Elle a plissé les yeux et m'a pris dans les bras.

-Je sais que tu as peur, dit-elle. Mais ça va aller. On va l'installer dans une chambre. Il va être tranquille.

-T'es la meilleure, dis-je en lui faisant un bisous sur la joue.

Avec Cata, nous avons installé Sneaz dans un des chambres de la maison. Elle a dit au revoir à Paolo en le remerciant encore une fois. Puis, nous sommes partis se coucher. On a fait l'amour. Et c'était jouissif.

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Fin du trente-troisième chapitre !
Que pensez-vous ?

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