*Ken*
Cata est allongée à côté de moi et s'amuse à rigoler de ma robe d'hôpital affreuse.-Franchement, je t'avoue que te voir en robe, c'est extrêmement drôle. Monsieur est tout le temps en jogging, ça doit te faire bizarre.
-Bof, répondis-je. Dans les deux cas, j'ai l'impression d'avoir les couilles à l'air.
Catalina m'a fixé puis a explosé de rire. Ce rire m'avait tellement manqué. Pendant une nuit, on oublie tout. Plus de Leila, plus de Paolo, plus de livre, plus de disputes ; il reste plus que nous deux, allongés dans le lit.
-J'ai ramené des pizzas, dit Cata. J'imagine que la nourriture doit être ignoble. J'ai pris ta préféré, celle où y'a que des légumes.
-Celle de la pizzeria du 18ème ?
-Oui.
Elle me connaît trop bien. Elle sait par cœur chaque endroit de Paris que je préfère.
-Putain, t'es la meilleure.
Nous avons commencé à manger tandis qu'elle me raconte son interview désastreuse. Après voir mangé, elle pose sa tête sur mon torse. Je l'entends sangloter.
-Ça va pas ? demandai-je inquiet.
-J'ai eu tellement peur. J'ai cru que je t'avais perdu pour toujours.
-Pleure pas, dis-je en essuyant ses larmes avec mon pouce. Et surtout, ne te sens pas responsable.
-Mais Ken...
-J'suis un grand garçon, expliquai-je. J'ai décidé de prendre le volant, d'accélérer comme un malade. C'est uniquement de ma faute, pas la tienne.
-Ne pars pas, souffla l'espagnole.
-Pas sans toi, répondis-je en déposant un bisous sur sa joue.
Un silence s'est installé tandis que Cata, comme à son habitude, fait des ronds sur mon torse. Je la regarde tendrement.
-Leila a fait une overdose, balançai-je. Le soir de mes 18 ans. Elle est morte dans la nuit.
Catalina a levé la tête et a plongé ses yeux dans les miens, au point de me retourner le coeur.
-Votre relation, elle ressemblait à quoi ?
-Je n'étais pas stable, elle l'était encore moins. J'étais trop jeune pour savoir quoi faire. Alors, je l'ai laissée sombrer et elle m'a emmené dans sa chute.
-Oh...ça ressemble un petit peu à nous.
Sa voix paraît si triste. En revanche, je ne suis pas d'accord avec elle.
-Absolument pas. Toi, tu me tires vers le haut et vers une meilleure version de moi-même. Leila me tirait vers le bas tellement fort que je pense avoir toucher les abysses.
-Faut que tu la laisses partir, dit Cata dans un soupir.
-Et comment je fais ça ?
-Commence par te dire que tu n'es pas responsable.
Désormais, je fixe la télé qui n'est plus allumée. Catalina a raison sur toute la ligne. Je peux pas laisser Leila contrôler ma vie. Soudain, le téléphone de l'espagnole a sonné en affichant le nom de Paolo. Voir qu'il l'appelle me retourne l'estomac. Je crois que c'est la première fois que je réalise comment elle a du se sentir face à mes conquêtes que je ramenais en soirée. Elle n'a pas décroché et elle s'est concentrée sur ses caresses.
-Vous vous êtes disputés ? demandai-je sans vouloir entendre réellement la réponse.
-Non. Il veut sans doute me prévenir qu'il part se coucher avec Pierre.
-Pierre ? T'as pris un colocataire ?
Elle a rigolé doucement.
-C'est son copain. Paolo m'a dit qu'il était bisexuel.
Je me sens encore plus con.
-J'suis désolé.
-D'avoir foncé dans une voiture et d'avoir terminé à l'hôpital ? J'espère bien.
-Non, soufflai-je. Pour mon comportement. J'aurais pas du me pavaner avec des meufs.
-Nous ne sommes plus ensemble, hein.
Cata me fait une petite piqûre de rappel. Je dirais même qu'elle gâche un peu le moment présent. Elle essaie de rester fière après ce que je lui ai fais. Je comprends, j'aurais fait la même.
*Catalina*
Quelques heures plus tard, Ken s'est endormi. Je n'arrive pas réellement à dormir. Le voir vivant après deux semaines d'inactivité totale sonne comme un miracle. Mon esprit refuse que je m'endorme, sans doute par peur qu'il sombre sans que je le sache. Il n'a pas l'air d'avoir mal quand il dort. Au contraire, il est drôlement paisible.J'allume mon téléphone. Soudain, un message de la mère d'Émilie prend toute mon attention. Il s'agit d'un lien me dirigeant vers un article intitulé « Ma rencontre avec Catalina Lañez : les dessous d'une enfant pourrie gâtée. » Mes yeux se lèvent automatiquement au ciel. Elle est assez culottée sachant qu'elle s'est permise de poser des questions sur mon intimité. J'ai soufflé, ce qui a fait bouger Ken.
-Tu ne dors pas ? demanda-t-il.
-Je n'y arrive pas.
-Je t'avais prévenu qu'il fallait diminuer les cafés.
J'ai rigolé. Son regard malicieux me donne envie de l'embrasser, de le rapprocher de moi et de ne plus jamais le laisser s'éloigner. Soudainement, je l'ai embrassé. Nos langues s'entremêlent en même temps que nos cœurs. Ken vient accentuer le baiser en glissant ses mains sur mes fesses. Après s'être séparés, le grec me fixe.
-C'était pour quoi ça ?
-Pour te rappeler que t'es vivant.
-J'ai envie de me barrer à l'autre bout du monde avec toi, souffla Ken dans mon oreille.
Cette phrase provoque des frissons dans tout mon corps. Parfois, j'arrive même à oublier que nous ne sommes plus ensemble. Au final, est-ce que c'est grave ? Il sait que je suis toute à lui et je sais qu'il est tout à moi. Même s'il s'entête à aller voir ailleurs, nos cœurs sont comme deux aimants, toujours à vouloir être plus proche de l'autre et à goûter à l'électricité qui est entre nous. De mon côté, je n'ai même pas envie de m'abandonner à quelqu'un d'autre. Et à quoi ça servirait hein ? Strictement à rien. J'ai déjà essayé avec Léo, et c'était un pur échec.
-Si tu savais comment je regrette d'avoir envoyé ce putain de message à Los Angeles.
Le souvenir du message de rupture me rend un peu triste. Ce soir là, Ken m'a absorbée, complément consumée puis il m'a recrachée violemment sur le sol.
-De mon mieux. J'essaye de faire mon mieux, j'me sens pas tellement mieux, j'veux rien faire devant eux, chantonna Ken.
Je cale ma tête sur son épaule tandis qu'il continue sa chanson en caressant mes cheveux. Depuis deux semaines, je ne me suis jamais aussi vite endormie.
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Fin du 59ème chapitre !
Voici un chapitre complètement centré sur Catalina et Ken et je le trouve très beau. Donnez moi vos avis !
Bisous ❤️
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Pas sans toi.
Fanfic23 ans à peine, Catalina essaie de vivre dans la capitale française. Elle est lassée par sa vie morose, sans goût, dictée par les attentes de ses parents. Elle porte le poids de sa vie et de son passé. Parfois, elle aimerait tout lâcher et se sentir...