Chapitre 4 : Le Trocadéro

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*Catalina, 1 semaine plus tard*
Les cours ont repris. La reprise a été particulièrement difficile, du moins pour moi. Chaque jour, je dois étouffer un peu plus mon cerveau qui me hurle d'abandonner l'économie. Pour couronner le tout, ce soir, j'ai mon merveilleux repas, gentiment organisé par mon paternel. Notez-bien l'ironie. Mon téléphone sonne pour m'alerter d'un message de la part de Sacha.

« Sacha: Tu comptes vraiment aller à ton repas de merde ?

Moi: Je n'ai pas vraiment le choix, Sacha...

Sacha: Si cela se passe mal, envoie-moi un message et on ira chez Deen. Il organise une soirée.

Moi: Je n'y manquerai pas. »

Pour être honnête, je compte éviter les contacts avec les amis de Sacha. Ils sont, certes, adorables. Cependant, j'ai un certain problème avec Ken. Il me déstabilise. Il me déshabille du regard, pas dans le sens sexuel, mais dans le sens poétique. Il essaye de le lire mon âme, de lire ma vie, ce qui me perturbe réellement. Alors, je fuis, comme à mon habitude. Il est bientôt l'heure de partir au restaurant. Je monte alors dans ma voiture et me dirige, machinalement, vers ma destination.

-Tu es très jolie ce soir, dit ma mère.

-Je confirme, renchérit Alexandre tout en posant sa main sur ma cuisse.

Je me sens déjà condamnée, déjà enfermée et à moitié, déjà morte.

-Comment se passe tes études ? demanda mon père.

-Bien. Et vous ? L'entreprise fonctionne bien ?

-Comme à son habitude, fit ma mère.

Alexandre est en train de serrer de plus en plus fort ma cuisse. Quand il enlève sa main pour boire du vin, je peux encore voir la marque de ses doigts. Je sais ce qu'il fait, il marque son territoire. Je ressens un besoin urgent de m'éclipser.

-Excusez-moi, dis-je timidement, je dois aller aux toilettes.

Au moment de fermer la porte, Alexandre rentre, visiblement énervé. Il me fixe, m'analyse, m'imagine sans ma robe et me tue, à petit feu. Il sait les effets de son regard. Il sait que j'ai peur.

-Chérie, dit-il d'une voix mielleuse, tu n'as pas idée à quel point tu m'as manqué. Toi et moi, c'est une évidence, tu le sais ?

-Alexandre, s'il-te-plaît...

Sa main se lève violemment et vient s'écraser sur ma joue. J'arrive à échapper un petit cri de douleur. Cette simple baffe me rappelle toutes les autres.

-Que tu le veuilles ou non, tu es à moi. On va finir ensemble, tu verras. Tu veux savoir comment je le sais ?

J'ai peur. Il ne faut surtout pas que je le contredise. Mon corps entier est figé.

-Dis-moi, dis-je d'une voix faible.

-Parce que je vais tellement te briser que plus personne ne voudra de toi. Tu reviendras vers moi, tu finis toujours par le faire.

Aïe. Coup en plein cœur. Je sors des toilettes en courant et continue ma course dans les rues. Je veux juste m'éloigne un maximum de lui. Je prends le premier métro que je vois, laissant ma voiture garée à l'autre bout de Paris. J'ai donc fini aux jardins du Trocadéro. À cette heure-ci, les touristes sont partis, laissant l'opportunité aux parisiens de se promener tranquillement. Le temps est doux. Le vent calme vient s'écraser contre ma joue, encore marquée de la main d'Alexandre.

-Que fais-tu là ? me demanda une voix familière.

C'est Ken. Mon karma a visiblement bien compris la notion de distance. Putain.

-Je viens d'échapper à un repas avec mes parents et toi ?

-Je me vide la tête.

Il a l'air de souffrir. Pourtant, dans sa souffrance, il parait toujours aussi beau, aussi charmeur.

-Tu étais à la soirée de Deen ? lui demandai-je

-Je vais y aller, après.

-J'ai une mission pour nous.

Il a levé son regard. Il ne comprend pas où je voulais en venir.

-En quittant mon repas, j'ai eu la drôle idée de prendre le métro et de laisser ma voiture. On récupère ma voiture et on va chez Deen.

-Qu'est-ce que j'y gagne ? me demanda-t-il malicieusement

Il ne me demande pas pourquoi je suis partie aussi rapidement, par respect, je pense.

-Un moment avec moi, et si tu es sage, je te laisse conduire.

Ken se lève et me tend sa main. Nous sommes en train de marcher, en direction du métro. J'ai un petit peu froid. Mon corps commence à frissonner. Nous sommes en train de parler tranquillement et il me coupe la parole.

-Tu as froid, princesse ?

J'aime bien ce surnom.

-Un petit peu, mais c'est supportable.

-Prends mon sweat, me proposa-t-il.

On est enfin assis dans le métro. Je suis en train de parler de mon enfance en Espagne quand son regard fut, de plus en plus, interrogateur.

-Qu'est-ce qu'il y a, monsieur ? dis-je en rigolant.

-Tu ne m'as pas demandé ce que je fais dans la vie.

-Parce que je connais déjà la réponse.

-Ah donc madame est fan de Nekfeu ?

-J'aime bien ce que tu fais, oui. À mon avis, Ken est plus intéressant que Nekfeu.

Il sourit à ma phrase, comme s'il pouvait se sentir soulagé de ma réponse.

-C'est notre arrêt, princesse.

On est arrivé assez rapidement à ma voiture. À mon grand désarroi, Alexandre est devant ma voiture. Son regard est devenu sombre quand il m'a vu avec Ken. Je suis terrorisée. Terrorisée que Ken découvre mon secret, terrorisée qu'Alexandre fasse du mal à Ken, terrorisée que mon aventure avec Ken se termine dans le sang.

-On ne t'a jamais dit que c'était malpoli de s'adosser aux voitures ? dit Ken.

Non. Non. Non. Par pitié, ne l'énerve pas.

-Et toi ? On ne t'a jamais dit que c'est malpoli de prendre les copines des autres ?

Pardon ? A-t-il réellement osé ?

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Fin du quatrième chapitre.
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