*Catalina*
J'ai le coeur lourd, remplis à cause des reproches de Ken. J'essuie les larmes qui ne s'arrêtent pas de couler. « Je n'ai aucune envie de te voir ». Cette phrase a un effet destructeur. Ma respiration s'accélère, au bord de la crise d'angoisse. Dans un élan de panique, j'ai pris mon téléphone.« Moi : Je sais qu'il est tard. J'ai besoin de te voir. Rejoins-moi. Je suis aux Champs, près de l'Arc de Triomphe.»
Je ne veux pas voir sa réponse, par peur qu'elle ne me réponde pas. Ma conscience m'insulte pour avoir envoyée ce message mais j'essaie de l'ignorer. Je suis restée 20 minutes. Me voilà ridiculisée deux fois dans la même soirée. Je me suis levée, prête à partir quand une voix a crié mon prénom.
-Tu es venue, dis-je calmement.
-Bien sûr, répondit ma mère. Il y avait du monde sur la route et puis ton père ne voulait pas me laisser partir. Que se passe-t-il ?
Ma mère est habillée comme à son habitude, avec un tailleur élégant et des escarpins noirs. Le contraste entre nous deux est marqué. Je suis habillée avec la robe que Ken m'a achetée et aborde un maquillage chaotique.
-Tu m'inquiètes, dit ma génitrice.
Et j'ai fondu en larmes. J'ai pleuré pour Alexandre, pour les années d'indifférence de mes parents, pour le départ des garçons, pour la dispute avec Ken. J'ai pleuré des années d'intériorisation. Elle m'a prise maternellement dans ses bras. Son câlin ressemble à ceux de ma gouvernante qui me manque terriblement. Elle a pris mon visage meurtri dans ses mains fraîchement manucurés.
-Tu peux tout me dire, Hija.
Les mots sont sortis. La baffe d'Alexandre, la douleur quand il écrasait ses mégots contre mon dos, le fait de grandir sans l'amour de ses parents, la rencontre avec Ken, la manière dont il m'a sauvée, notre dispute ; je n'arrive pas à m'arrêter de parler. Ma mère pleure.
-Je suis désolée, dit-elle d'une petite voix. J'aurais dû être là pour toi.
-Aussi mal que cela puisse me faire, je te pardonne.
Elle me caresse les cheveux. Puis, un sourire mélancolique est apparu sur ses lèvres.
-Tu sais, l'histoire que tu as avec ce jeune garçon est unique. J'ai connu une histoire similaire.
-Avec papa ? demandai-je.
-Non, avec quelqu'un d'autre. Elle s'appelait Isabelle.
J'ai levé un sourcil, étonnée par la révélation de ma mère.
-C'était un amour passionnel et déchirant à la fois. Elle était réellement magnifique et on s'aimait. Mal, certes, mais on s'aimait tellement fort que je pensais que rien ne pouvait nous séparer.
Si je suis née, ça veut dire qu'elles ont été séparées.
-Malheureusement, je suis née dans une époque où aimer les femmes était mal vu. Nos familles nous ont séparées. J'ai bien cru que j'allais jamais m'en remettre. D'une certaine manière, je ne m'en suis jamais remise. Quelques années plus tard, je me suis mariée avec ton père. Elle était venue à mon mariage pour me supplier de partir avec elle. J'ai refusé.
Sa révélation me déchire le coeur. Savoir que ma mère est coincée dans un mariage condamné à être malheureux pour toujours, me fait mal.
-Pourquoi tu ne l'as jamais retrouvée ?
-Elle est morte. Une voiture qui roule à 100 km/h sans ceinture, cela ne pardonne pas.
Un long silence s'est abattu. J'ai même l'impression que le bruit des voitures n'est plus présent. J'arrive juste à entendre ma mère sangloter.
-Écoute moi, Hija, dit ma mère. Tu as toute la vie devant toi. Fais des choix, sois heureuse et ne t'arrête jamais de vivre.
Après cette phrase, on a continué de parler. On a parlé de son enfance, de sa rencontre avec papa, de l'Espagne et de ma vie. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Paris s'est transformé en steppe où seul nos voix résonnent. Au final, nous avons passé la nuit à rattraper le temps perdu pendant des années.
-Regarde l'heure, dit ma mère en rigolant. Nous avons passé la nuit à parler comme deux adolescentes.
-J'en suis contente, répondis-je. Attends, quelle heure est-il ?
-7h00. Pourquoi ?
Je me suis levée d'un seul coup en courant vers la première bouche de métro.
-Tu vas où ? cria ma mère.
-Faire des choix, criai-je en retour.
*Ken*
On est dans le taxi en direction de l'aéroport d'Orly pour aller à Lyon, premier endroit où la tournée commence. Sacha nous suit en voiture avec Sneaz, Mekra et Framal comme passagers.-Où est Cata ? demanda Doums
-On s'est disputés hier. Je ne pense pas qu'elle va venir.
-T'es chiant le Fennec, répondit-il. Je voulais lui dire au revoir moi.
J'ai ignoré sa remarque, déjà assez énervé à repenser à la dispute avec Cata. J'ai pensé à elle toute la nuit, même quand j'ai baisé la blonde de la soirée dont j'ai oublié le prénom.
-Vous êtes arrivés, dit le chauffeur.
-Merci, dis-je en lui donnant l'argent.
En sortant de la voiture, on a retrouvé les autres.
-Bon, c'est le moment de dire au revoir, dit Sacha d'une voix triste.
-On va se revoir, répondit Alpha en la prenant l'épaule.
-Vous allez me manquer.
-Toi aussi Chacha, dit 2zer.
On a rigolé puis on a dit au revoir à Sacha.
-Sneaz, attends ! hurla-t-elle.
Nous nous sommes retournés. Puis, Sacha l'a embrassé.
-Ne m'oublie pas, rajouta-t-elle.
Au moment où on s'apprête à rentrer, un autre cri surgit.
-Vous comptez partir sans me dire au revoir ? demanda Cata.
Mes reufs ont rigolé puis l'ont prise dans leur bras, à tour de rôle. Elle s'est retournée pour me faire face. Elle a passé ses mains autour de mon cou et a posé sa tête contre mon torse.
-Profite bien, dit-elle gentiment.
-Pourquoi tu es là ?
-Pour te dire au revoir, Samaras.
-Après tout ce que je t'ai dit ? demandai-je, surpris.
-J'ai trouvé ça bête de te laisser partir
Elle a mis sa fierté de côté alors que je me suis comporté comme un gros con. Je n'ai pas envie de la quitter et ça me fait peur. Alors, j'ai juste ouvert mes bras et elle s'est enfouis, une nouvelle fois, dedans.
-Merci d'être là, dis-je.
-Va prendre ton avion, répondit-elle. Mais, retrouve moi dès que tu pourras.
Je suis rentré dans l'aéroport. Son essence me manque déjà.
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Fin du chapitre vingt-troisième
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Pas sans toi.
Fanfiction23 ans à peine, Catalina essaie de vivre dans la capitale française. Elle est lassée par sa vie morose, sans goût, dictée par les attentes de ses parents. Elle porte le poids de sa vie et de son passé. Parfois, elle aimerait tout lâcher et se sentir...