*Catalina*
Deen pleure dans mes bras, ce qui me brise mon cœur déjà endommagé. Je n'arrive pas à retenir mes larmes car ce sont mes amis et les voir malheureux me fait mal. Il ne pleure pas pour moi, il pleure pour quelque chose de beaucoup plus profond. Je suis encore énervée et dévastée à cause de Marseille. Mais, je ne peux pas le permettre. Ce ne serait pas correct.-Je suis désolé, dit-il d'une petite voix
-Ne le sois, répondis-je, je le suis aussi.
Les autres me regardent et n'osent pas nous rejoindre. Entre deux sanglots, j'ai réussi à murmurer.
-Vous attendez quoi pour venir ?
Sentir mes amis proches de moi me fait extrêmement du bien. En quelques secondes, l'animosité s'est envolée pour laisser place à de la compréhension. Ken est hésitant et reste assis.
-Lina, dit Alma, je vais emmener tes amis visiter la ville pour te laisser discuter avec l'homme à la casquette.
-D'accord, Abuelita, dis-je en rigolant face au surnom donné à Ken.
Désormais, la maison est déserte. Je me suis assise en face de Ken. Je l'examine. Il a l'air épuisé, complètement lessivé. Ses cernes sont plus marqués que d'habitude. Il tape son pied frénétiquement sur le sol. Se revoir est donc aussi stressant pour lui que pour moi. J'ai répété ce scénario une vingtaine fois dans ma tête. Dans mon scénario, je disais à Ken que je voulais qu'on soit amis, plus aucun sentiment en jeu. Maintenant, je réalise que je n'ai aucune envie de dire tous ces mots préparés au millimètre près.
-Tu as perdu beaucoup de poids, remarqua-t-il.
-Je n'avais pas trop la tête à manger.
Et le silence est réapparu. Les mots qu'on veut se dire nous fait peur. En tout cas, je suis terrorisée à l'idée d'être honnête avec lui.
-Je suis désolé, Cata.
-Je sais. Je le suis aussi.
-Est-ce qu'on pourrait recommencer où s'est arrêté ?
-Non, dis-je.
Étonné, il a levé un sourcil.
-Je ne veux plus faire semblant.
-De quoi tu me parles ?
-Je t'aime. À vrai dire, je ne pensais pas que c'était possible d'aimer autant une personne.
Ken ne dit rien et regarde ses chaussures. Il ne va pas me le dire en retour. Et ça fait mal, très mal.
-J'ai compris, ajoutai-je tristement. Tu ne m'aimes pas.
-Ce n'est pas ça.
Mes larmes ont commencé à couler automatiquement. Je lui ai dit. Il ne l'a pas dit. Ça me broie littéralement le cœur. Une partie de moi s'est convaincue que Ken est amoureux de moi. Cependant, son regard fuyant me démontre le contraire. J'ai toujours pensé que ma rencontre avec Alexandre a été le pire moment de ma vie, qui a signé en partie ma mort. Mais, l'absence de réponse de Ken est dix fois plus destructeur. J'ai lâché une bombe. Au lieu de la désamorcer, Ken l'a laissée exploser, me brisant alors comme un simple dommage collatéral.
-Te voir avec un autre me rend fou. Tout comme te savoir loin de moi. J'aimerais retourner au moment où on était sur la plage en Grèce, quand tout était encore simple. J'ai retourné tout Paris pour te retrouver. Maintenant que je suis devant toi, les mots se bloquent dans ma gorge.
Il a marqué une pause pour allumer une cigarette. Cette fois-ci, Ken me défie en me fixant.
-Et ça m'énerve. Je l'ai su dès que tu m'as foncé dessus.
-Savoir quoi ? demandai-je.
-Que tu allais faire un bordel dans mon coeur. Et je n'avais pas prévu de te sauver dans mon planning. J'étais hanté par le souvenir de Camille quand on s'est rencontrés. Aucune femme n'a jamais réussi à l'égaler. Puis, t'es arrivée. Avec toi, j'ai l'impression de revivre l'excitation des premières fois. J'ai horreur des sentiments et toi, tu m'as jeté dans un tourbillon d'émotions.
-Je n'avais pas prévu ton entrée dans ma vie non plus, dis-je. Tu es arrivé sans doute au pire moment. On s'est sauvé mutuellement. Je pensais avoir la force de ne pas tomber amoureuse de toi. J'ai été rattrapée par mon propre jeu.
-J'ai peur, Cata. Je suis terrifié de ce que tu pourrais me faire. J'ai surmonté des épreuves où je pensais ne jamais m'en remettre. Je sais que je ne supporterai pas l'idée de te perdre.
La tournure de cette conversation me déstabilise. Et les paroles de Ken me réchauffe et me glace le cœur.
-La réalité est tellement dure à admettre, rajouta-t-il.
-Quelle réalité ? demandai-je.
-Que je suis tombé amoureux de toi.
Mes yeux se sont écarquillés. J'essaie de digérer ses mots pour être sûre qu'il vient de m'ouvrir son cœur.
« L'amour c'est la guerre, pour ça qu'j'ai peur de m'engager.
Mais d'où me vient ce putain de besoin de vesqui ?
Je me dévoile et mets les voiles sans m'investir. »Je l'ai toujours su. Ken n'est pas doué pour les relations. Et je le suis encore moins. Mais peut-être que deux âmes détériorées peuvent se compléter. Je m'en veux pour ne pas prendre en compte les capacités de Ken. Cependant, je ne pouvais tenir en ignorant ce qu'il se passe dans mon coeur.
-On va faire les choses bien et doucement, dis-je.
-Fais-moi juste une seule promesse.
-Oui ?
-Je ne supporte pas que tu ailles voir un autre mec. Promets-moi qu'on est exclusif.
Il fait référence à Léo. J'imagine donc qu'il est au courant pour ma brève histoire avec lui.
-Léo a été réellement adorable, expliquai-je. Je n'ai été correcte avec lui. L'utiliser pour t'oublier ; c'était méchant. Mais, je t'en fais la promesse.
-J'ai fait la même.
-Je m'en doute.
-Ne pars plus jamais sans prévenir personne.
-Pas sans toi.
Je me suis rapprochée de lui pour le prendre dans mes bras. Il a plongé sa tête dans mon cou. Son parfum m'avait manqué énormément. Délicatement, je l'ai embrassé. Ce n'est pas un bisous passionnel mais plutôt un de retrouvaille, doux et amoureux.
-Tu n'as même pas enlevé ta casquette, remarquai-je en rigolant. Alma va penser que tu es un voyou.
-Elle a l'air de m'apprécier.
-Abuelita apprécie tout le monde. C'est une femme en or.
-J'ai bien envie de rejoindre les garçons. Tu sais où Alma les a emmenés ?
-La connaissant, elle a dû les emmener dans le centre.
Ainsi, nous sommes partis, main dans la main.
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Fin du trentième chapitre !
Je rencontre quelques difficultés à jongler entre mes cours et l'écriture. J'essaie quand même de rester assez régulière. En tout cas, merci d'être de plus en plus nombreux à réagir à mon histoire. Ça me fait extrêmement plaisir !
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Pas sans toi.
Fanfiction23 ans à peine, Catalina essaie de vivre dans la capitale française. Elle est lassée par sa vie morose, sans goût, dictée par les attentes de ses parents. Elle porte le poids de sa vie et de son passé. Parfois, elle aimerait tout lâcher et se sentir...