Pas sans toi.

Chapitre 6 : Émancipation

*Ken*

« Camille: Tu me manques énormément. J'aimerais bien vivre sans toi, mais, je crois que je n'y arrive pas. »

Je relis une quarantaine fois le message pour être sûr du destinataire et de sa composition. Je m'efforce à essayer de le comprendre, en vain. Elle ne peut pas revenir après ce qu'elle m'a fait avec ce simple message, qui veut tout dire et rien dire à la fois. Ce message m'obstine tellement que j'en oublie que je suis avec mes amis.

-Je dois y aller, dis-je en prenant ma veste dans un élan.

Sur le palier, je suis prêt à foncer dans le premier métro pour la rejoindre. Mais, j'entends la voix de Cata qui crie mon prénom.

-Tu as besoin que je te dépose quelque part ? me demanda-t-elle d'une voix douce

Sa gentillesse me broie le cœur. Elle a remarqué que je n'allais pas bien. Pour la première fois depuis des mois, mon cœur me crie de rester avec Cata et non d'aller voir Camille.

-Non, ça va aller, merci.

Je m'en veux d'être froid. Je sens que ma froideur l'a piquée au vif. Elle a baissé ses yeux, qui m'obsèdent tant.

-Rentre bien, dit-elle sèchement.

Elle rentre alors dans l'appartement et claque la porte, assez violemment pour me faire comprendre que j'ai merdé. Retrouver Camille me rassure d'une certaine manière. Peut-être que mon obsession pour Cata se calmera.

*Catalina*
Après le départ de Ken, je n'ai pas trop tardé à rentrer chez moi. Est-ce que je suis légitime à être déçue, voire énervée ? Je ne sais pas, je suis un peu perdue. Je suis terriblement frustrée. J'ai réussi à avoir le numéro de Ken, par le biais de Sacha.

« Moi: Salut Ken. C'est Catalina. Je voulais juste m'assurer que tu allais bien.

Ken: Oui. Je devais faire des trucs, c'est tout.

Moi: J'espère que tu as réussi à tout terminer :)

Ken: On n'a pas tous des parents qui font nos choix à notre place. On n'a pas tous un avenir déjà tout tracé. »

J'ai relu plusieurs fois son message pour comprendre l'interprétation. Son message est très blessant, réellement. Je ne sais pas ce que je pouvais penser en lui envoyant mon premier message ridicule. J'aurais dû m'abstenir. Cependant, il a raison sur quelques points. Je dois arrêter de laisser mes parents guider ma vie. J'ai appelé mon école pour les prévenir que j'allais arrêter et j'ai passé ma journée à déposer ma candidature dans des écoles de droit parisiennes. Mon téléphone n'a pas arrêté de vibrer. J'imagine que mes parents sont au courant, je n'ai pas envie de leur faire face tout de suite. En fin de journée, j'ai reçu un mail de la Sorbonne disant que j'ai été acceptée. En un temps record, je suis dans ma voiture en direction de l'appartement de Sacha pour fêter ça.

-Sacha ! hurlai-je, une fois arrivée dans son appartement. Tu t'habilles tandis que j'appelle les garçons, on va en boîte ce soir.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

-J'ai été acceptée à la Sorbonne, dis-je avec un grand sourire.

Sacha est en train de me féliciter tout en s'habillant. Nous avons repris la voiture jusqu'à la boîte, où les garçons étaient déjà. Après avoir dit bonjour à tout le monde, même à Ken, j'ai emmené Sacha sur la piste de danse.

-Depuis quand tu danses toi ? dit-elle

-Depuis que je suis heureuse.

Sacha est partie faire une pause. Je continue alors de danser, seule. Soudain, j'ai senti deux mains se poser sur mes hanches. En me retournant, j'ai compris que je ne savais pas qui était cette personne. J'ai terriblement envie de m'amuser. Très vite, la danse devient de plus en plus sensuelle. Je pouvais sentir nos odeurs se mélanger, nos cœurs battre à des rythmes opposés. Je l'ai embrassé, langoureusement et brutalement. Durant notre baiser, j'ai levé les yeux. J'ai croisé le regard de Ken. Au lieu de lui donner l'opportunité de gâcher mon moment, j'ai fermé les yeux et continué d'embrasser mon bel inconnu. Quelques minutes plus tard, je suis partie fumer une cigarette.

-T'as aimé ça ? dit Ken.

-De quoi tu parles ?

-Embrasser un inconnu dans une boîte. J'imagine que, vu ton expérience dans la vie, tu n'avais jamais essayé.

Le mélange de l'alcool, de ma haine et de ma tristesse commençait à être compliqué à contenir. J'ai réellement envie de le gifler.

-T'as aimé ça ? Me traiter comme de la merde ? lui répondis-je.

-Je t'ai juste donné des conseils.

Son arrogance est insupportable. Sacha m'a dit que l'ex de Ken lui avait brisé le coeur. Il veut jouer, il risque de perdre.

-Alors, je me permets de te donner un conseil, dis-je, tu ferais peut-être mieux d'oublier ton ex.

Ma phrase est juste bêtement méchante. Et à peine sortie, j'aimerais ne pas l'avoir prononcée. Ken se rapproche, petit à petit, de moi. Son regard a abandonné sa tristesse habituelle pour laisser place à de la haine. Mes yeux bleus le fixent, en retour. Nous sommes proches l'un de l'autre. Puis, il s'est jeté sur moi pour m'embrasser. Il a enfoncé sa langue dans ma bouche et a pressé mon corps contre le sien. Je suis remplie de désir, il l'est aussi. À contrecœur, il a reculé. Sans dire un seul mot, je suis rentrée dans la boîte, à la recherche d'une explication.

-Tu étais partie où ? cria Sacha. Les garçons m'ont dit que tu as galochée un mec.

-J'étais partie dehors pour prendre l'air. Et oui, je l'ai embrassé.

Pas que cet inconnu, pensai-je.

-J'ai envie de rentrer, Sacha. Il commence à se faire tard.

-Je vais rester un peu avec Sneaz, dit-elle, envoie moi un message pour me dire que tu es bien rentrée.

Je dis au revoir à tout le monde. J'ai mis longtemps à retrouver mes clés de voiture. Je ne devrais pas conduire. J'ai trop bu pour ça.

-Je t'interdis de prendre le volant dans cet état.

-Ken ?

-Passe-moi le volant, je te ramène chez toi.

-Je peux conduire, dis-je.

-Non, Catalina. Tu ne peux pas. Tu n'arrives même pas à tenir debout.

Il a raison. Je l'ai donc laissé conduire.

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Fin du sixième chapitre
Pour l'instant, j'ai un rythme d'écriture assez important. Il faut bien quelques avantages à ce confinement. N'hésitez pas à me dire vos avis sur mon écriture et sur les choses que je pourrais améliorer :)