*Ken*
Je regarde Catalina s'éloigner de moi, incapable de la suivre. Sa réaction me déçoit. J'avoue que j'aurais pu être plus précis. Mais je n'y arrive pas. Quand je parle de Leila, j'ai une soudaine envie de vomir et de me mettre à pleurer comme un enfant qui a perdu sa mère. Et j'aime pas ça. Épuisé, j'ai commencé à déambuler dans les rues de Los Angeles. Il fait beau ici. À vrai dire, l'air est limite suffoquant.-Nekfeu ? me demanda une voix féminine.
Putain, même à des kilomètres de la France, les gens arrivent quand même à me reconnaître.
-Je savais bien que c'était toi, dit la jeune femme en rigolant. Je suis une grande fan.
Super, une groupie.
-Merci, articulai-je.
La fille en question a pris un bout de papier et a noté quelque chose. Elle me l'a donné.
-C'est mon numéro, fit-elle. Je suis partante pour une petite soirée à tes côtés.
J'ai levé les yeux au ciel et j'ai enfouis le papier dans ma poche. J'ai continué de marcher, sans prêter attention aux dernières paroles de la rousse. Certes, c'est une femme magnifique. Mais je suis avec Cata. Je ne peux pas me permettre de merder avec elle, même si elle a pris ses jambes à son cou quand j'ai essayé de parler de Leila.
-Ken ? Qu'est-ce que tu fous là ? dit Sacha, les bras remplis de sac.
-J'me promène, mentis-je. Il est où Mo ?
-J'suis là, dit mon pote. Le gars de la sécurité pensait que j'avais volé un truc, ce batard !
-Ça vous dit d'aller manger un truc ? dis-je en rigolant.
*Catalina*
Essoufflée, je suis arrivée dans la chambre d'hôtel que je partage avec Ken. La chambre est plongée dans un mutisme terrifiant. Il n'y a que les questions présentes dans ma tête qui le casse. Bon, ma réaction n'est pas très correcte. Mais comment j'étais censée réagir ? Il me balance qu'il a buté son ex et puis il ne dit plus rien. Faut pas jouer avec mon coeur comme ça. J'ai failli faire un AVC. Mon téléphone a sonné.« Papa : J'espère que tout s'est bien passé aujourd'hui. Appelle-moi si tu as le temps. »
La démarche est touchante. Néanmoins, j'ai d'autres chats à fouetter. Comme le fait que je viens de courir, apeurée par la révélation de Ken. Soudain, quelqu'un a toqué à la porte. J'ai ouvert et Idriss est rentré.
-J'ai entendu du bruit, expliqua-t-il. Du coup, j'suis parti voir qui respirait comme quelqu'un qui venait de courir un marathon.
Dans un autre contexte, j'aurais rigolé à sa blague.
-C'est quoi l'histoire de l'ex de Ken ?
-Camille ? Tu la connais aussi bien que moi.
-Non, soufflai-je. Une autre, que Ken a tué visiblement.
Le visage de Framal s'est décomposé.
-Il t'en a parlé ? demanda-t-il.
-Plus ou moins. Il m'a juste dit qu'il l'avait tuée.
-Putain. Après douze ans, il a encore cette foutue idée en tête.
-Tu veux bien m'expliquer ? dis-je, intriguée.
-Le Fennec va me buter, répondit Idriss en soufflant.
-Ça restera entre nous.
Je me suis assise sur le lit et Framal a fait de même. Il a pris sa tête entre ses mains, comme si l'histoire qui allait me révéler était bien trop lourde a raconter.
-J'vais pas rentrer dans les détails. Leila était son premier amour et c'était une relation archi compliquée. Lors de son anniversaire, Leila a fait une overdose.
-Mon dieu, articulai-je. Pourquoi Ken m'a dit qu'il l'avait tuée ?
-Ils ont pris de la cocaïne ensemble, affirma Idriss. Elle est morte pendant la nuit, étouffée dans son vomi. Ken s'est toujours senti responsable depuis.
-Quelle conne.
-Tu insultes les morts maintenant ? tenta Idriss en ricanant.
-Non, je parle de moi. Quand il m'en a parlé, je suis partie.
-Tu l'as laissé seul ? demanda Idriss, visiblement inquiet pour mon copain.
-J'ai eu peur. Il doit être tellement déçu.
Idriss s'est levé et a composé un numéro. Il ne me dévisage pas. Mais, je pense qu'il est sincèrement préoccupé par l'état de Ken.
-Mo ? J'ai bien cru que tu allais jamais décrocher...Oui, ça va mais il est où Ken....Avec vous ? D'accord, merci...D'accord on se retrouve à l'hôtel avant de partir en boîte.
-Tout va bien ? demandai-je.
-Visiblement.
-Tu penses qu'il va me pardonner ?
-J'en sais rien, Lina. Le soir où tu as appris qu'Alexandre était mort, Ken a peté un câble. On l'a récupéré sur un pont.
Quelle petite copine de merde je fais, pensai-je.
-Ne fais pas cette tête, dit Framal en essayant de me rassurer. Ça va aller.
Étrangement, je n'ai pas cette sensation. Je suis remplie de honte car je n'ai pas su être là pour Ken alors que lui l'a toujours été.
-On peut éviter d'en parler aux autres ?
-Pourquoi ? dit Idriss.
-Je n'ai pas le courage de répondre à leurs questions.
Ma voix s'est brisée à la fin de ma phrase et j'ai fondu en larmes. Framal s'est rapproché de moi avec un air compatissant. Je n'arrive pas à arrêter de pleurer. Mon ami m'a pris tendrement dans les bras.
-Ne te mets pas dans des états comme ça.
-Je vais faire quoi maintenant ?
-Tu vas te préparer et on va retrouver les autres en boîte, dit-il. Tu vas parler avec Ken et ça va s'arranger.
-Ça va pas être aussi simple, soufflai-je, tu le sais très bien.
Quand Ken est blessé, sois il est impulsif sois il est trop déçu pour avoir la moindre conversation. Je commence à le connaître par cœur maintenant. Ce n'est pas gagné d'avance et j'en ai peur.
-Je n'ai pas envie de bouger ce soir, dis-je.
-Tu penses pas que ça va énerver Ken si tu ne viens pas ?
J'ai soufflé puis j'ai pris mon paquet de cigarette dans les mains.
-Non, tu as déjà assez fumé, dit mon ami en prenant mon paquet. Va te préparer et on part dans trente minutes.
-Idriss....
-Non discutable, répondit Framal fermement, bouge tes fesses.
Accablée par la détermination de mon ami, j'ai soufflé et je me suis levée. Ainsi, j'ai commencé à me préparer.
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Fin du 52ème chapitre ! ❤️
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Pas sans toi.
Fanfiction23 ans à peine, Catalina essaie de vivre dans la capitale française. Elle est lassée par sa vie morose, sans goût, dictée par les attentes de ses parents. Elle porte le poids de sa vie et de son passé. Parfois, elle aimerait tout lâcher et se sentir...