Chapitre 36 : L'ultime confrontation (1)

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*Ken, deux semaines plus tard*
Aujourd'hui, j'ai passé ma journée au stud. J'ai passé les plus belles semaines de ma vie.

« Le passé fut turbulent et nous réserve un futur brûlant. »

Certes, les débuts ont été compliqués entre Cata et moi. Même si la tournure de notre relation est toujours aussi complexe, la voir quand je rentre me provoque une vague de bonheur. Souvent, elle est assise sur mon canapé avec son ordinateur sur les jambes. Elle a essayé de trouver quelque chose à faire, en vain. La dernière fois, je l'ai retrouvé en train de dormir sur son ordinateur. En le déplaçant, j'ai ouvert un document, par simple curiosité. Dans ce dernier, elle avait commencé à écrire une sorte d'autobiographie. En réalité, Cata a une plume magnifique. Il faut que je lui en parle.

-Je vais rentrer. Vous venez avec moi pour passer la soirée avec Cata ?

-Ouais, dit Deen. J'ai l'impression que ça fait dix ans qu'on ne l'a pas vu.

-Et comment se passe votre cohabitation ? demanda Hugo.

-Tellement bien que ça me fait peur.

-Le Fennec est piqué, rajouta Doums.

J'ai rigolé. Puis, nous sommes partis vers mon appart.

*Catalina*
Je suis en train de regarder un film de Charlie Chaplin. Je lâche quelques rires aux blagues de l'acteur. Je suis pressée de retrouver Ken ce soir. Soudain, quelqu'un a toqué la porte. Je suis étonnée. Ken ne toque jamais. En même temps, c'est son appartement. Je me suis donc levée pour ouvrir la porte.

-Salut, dit Alexandre.

Frustration. Incompréhension. Peine. Colère.

-Ta gardienne m'a dit que tu n'étais pas là mais que tu avais laissé l'adresse du lieu où tu résides.

Il faut vraiment que je demande à Madame DuPont d'arrêter de donner mes informations personnelles à chaque personne qui sonne à ma porte.

-Je vais retourner aux États-Unis pour travailler avec mon père, dit-il. Je t'en supplie de venir avec moi.

Il a examiné les lieux. Puis, il a compris que je dormais chez Ken. Je l'ai aperçu grâce à son changement de regard.

-Je croyais avoir été claire avec toi la dernière fois, répondis-je.

-Tu dors chez ce connard ?

-Tu n'as pas le droit de l'appeler comme ça.

Je n'arrive pas trop à lire les expressions de son visage. C'est un drôle de mélange de colère et de tristesse. Ça le rend encore plus repoussant que d'habitude.

-Je suis désolé Catalina.

-Et tu pensais quoi ? Qu'il suffisait que tu débarques ici pour que je te pardonne ? Tu es vachement audacieux de venir pour me demander de partir avec toi après tout ce que tu m'as fait.

-Si tu savais comment je regrette, dit-il d'une petite voix.

-Tu ne regrettes pas, crachai-je. Tu as besoin de te faire soigner. Je ne sais pas ce qui cloche chez toi, mais crois-moi, tu fais peur à voir.

-T'es vraiment une connasse, pesta-t-il. Tu ne m'as jamais aimé.

-Comment tu peux oser me dire ça ? Je suis restée près de toi malgré les coups, les baffes et tes reproches constants. Je t'ai aimé comme une folle, Alexandre. Je t'ai aimé tellement fort que je t'ai choisi au lieu de me choisir.

Ses yeux ne me lâchent pas. Quelques mois auparavant, cette altercation m'aurait terrifié. Maintenant, ce n'est plus le cas. Il ne me fait plus peur.

-Tu m'avais dit qu'on s'aimerait toute notre vie.

Et il a raison. Je lui ai dit ça. On a tendance à dire que l'amour rend aveugle. Cette maxime est une réelle vérité. J'étais tellement amoureuse que j'étais prête à me condamner dans une vie malheureuse, au nom de notre sois disant amour. Je sais que l'amour peut faire mal. Mais quelqu'un violent n'est pas amoureux. L'amour et la violence ne font pas un bon mélange.

-Un jour, on s'aimera pour la vie mais pas dans celle-ci.

-Dans laquelle alors ?

-Dans une vie où tu n'as jamais levé la main sur moi, balançai-je.

-Catalina, reprit-t-il. Je ne peux pas vivre sans toi.

Dans un autre contexte, sa vulnérabilité aurait pu me toucher. J'ai juste envie qu'il dégage du pallier de Ken.

-Pourtant, tu vas devoir apprendre.

Il a levé sa main et l'a rapproché dangereusement de ma joue. Je ne suis plus sa victime. J'ai attrapé sa main en la serrant fort. Même moi, je suis surprise de l'adrénaline dégagée par mon corps.

-Tu ne peux plus me faire mal, dis-je. Je n'ai plus peur de toi.

-Si tu continues de refuser, je te jure, je me tue.

Là, je le reconnais.

-Je suis sérieux Catalina, renchérit-t-il. Je prendrai des médicaments ou je sauterai d'un pont. Tu auras ma mort sur ta conscience.

Manipulation. Amertume. Remords. Haine.

-Tu as terminé ? dis-je sur un ton de défi.

-Je vais me tuer comme j'ai tué le bébé que tu avais dans ton ventre.

Coup au cœur. J'ai essayé d'enfouir ma fausse couche dans ma mémoire, dans l'espoir de l'oublier. Je n'en ai jamais parlé. Ni à Sacha, ni à Ken, ni à Alma. J'ai été enceinte pendant quatre mois. Malheureusement, Alexandre était le père. Un soir, il m'a tabassé, particulièrement dans mon bas ventre. Le résultat a été tragique. Le bébé est mort. J'ai dû me faire opérer pour qu'on l'enlève de moi. J'ai été seule. D'une certaine manière, une partie de moi est morte avec cet enfant.

-Tu ne trouves plus rien à dire ?

Mon esprit divague. Je me revois à l'hôpital après l'opération. Je me souviens encore de l'air grave des infirmières quand elles ont vu mes bleus. J'avais dit que je m'étais faite attaquée dans la rue par une bande de voyous. J'étais si naïve. Le médecin était venu pour me dire que l'opération s'était bien passée et pour me conseiller d'aller voir quelqu'un pour en parler. Mon corps se remplit de colère tandis que mes yeux coulent à flot.

-Tu as gâché ma vie, Alexandre.

-Je t'aime à en mourir.

-Alors, meurs. Je ne pourrais jamais guérir le traumatisme que tu m'as infligé. Je te hais à en mourir.

-Tu m'appartiens, dit-il en me prenant un poignet.

-Je ne t'ai jamais appartenu. Mon esprit est toujours demeuré libre.

Il m'a embrassé. Je n'ai pas répondu à son bisous salé me brûlant presque les lèvres. J'ai même eu la force de le repousser. Il n'a pas apprécié mon refus et a pris un vase. Il me l'a jeté dessus. J'ai du mal à voir et à entendre ce qu'il se passe. Le seul bruit qui résonne est celui du verre qui s'est brisé.

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Fin du tente-sixième chapitre :)
Je suis de retour après trois jours de césure. J'ai réussi à positiver concernant mon futur. Si vous connaissez une situation similaire de la mienne, je serais ravie d'en parler avec vous ❤️
Bisous !

Pas sans toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant