Chapitre 31 : Découverte

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*Ken*
Après notre discussion mouvementée, Cata m'a emmené vers le centre-ville. La revoir après deux semaines me rapproche du nirvana. Et puis je suis assez fier de moi. Fier d'avoir réussi à lui dire les choses telles que je les pense.

-Ils sont là-bas, dit Catalina d'une voix enjouée.

Je pense qu'elle est contente de nous retrouver. J'ai bien cru qu'elle n'allait pas nous parler vu sa réaction quand elle nous a vu.

-Lina, tu es là, dit Alma. La fromagère a été surprise de mes compagnons de course.

-Quand elle a vu Doums, elle a explosé de rire, expliqua Sneaz. Après, elle a dit un turc incompréhensible en espagnol.

-Elle a dit qu'elle s'attendait à voir Lina. Depuis qu'elle est arrivée, je m'entête à lui demander de sortir pour revoir les personnes du quartier. Une vraie tête de mule.

-Sale gosse, dis-je en riant de Catalina.

-Dios mios ! hurla une dame. Serais-ce la petite Lañez ?

Intrigués par cette dame, nous nous sommes retournés. Elle est plus jeune qu'Alma mais le temps qui passe ne l'a pas épargnée pour autant.

-Tu as enfin réussi à la faire sortir de sa tanière, Alma, rajouta-t-elle.

-Même pas, rétorqua la gouvernante. Ce sont ses amis.

-Comme tu as grandis, Catalina. Ça faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vu dans le coin.

-Je sais, répondit-t-elle. J'ai eu une soudaine envie de retrouver le village.

-Quelle étrange idée d'aller déménager dans la pollution ! En plus, tu as brisé le coeur de mon fils quand tu es partie, dit la dame en riant.

Sérieusement ? Encore un autre garçon ?

-Paolo vit toujours ici ? demanda-t-elle.

Entre les « Léo » et les « Paolo », mon corps n'arrive plus trop à suivre.

-Il vient toujours rendre visite à sa vieille mère. Peut-être que vous allez vous recroiser. Je dois y aller. Mais, je suis heureuse de t'avoir revu Lina.

La dame est partie tandis qu'Alma discute avec d'autres personnes. Cata s'est retournée vers nous.

-Alors, j'ai deux questions, dit Mo.

Je ne sais pas pourquoi mais je sens la connerie arrivée.

-Pourquoi tout le monde t'appelle Lina ? Et surtout, pourquoi tu es sortie avec un mec qui s'appelle Paolo ?

Nous avons explosé de rire.

-Alors, premièrement, Alma m'a toujours appelée Lina et ensuite, le reste du village l'a suivie. Ensuite, je t'interdis de parler mal de Paolo, dit-elle en riant.

-Bon, tu nous fait visiter ton bled ou quoi ? dit Hugo.

-Alma, cria Cata. On va faire un tour. On se retrouve ce soir.

Sa gouvernante lui a fait un signe de tête et nous sommes partis. J'ai posé mon bras autour de son épaule tandis qu'elle raconte ses différents souvenirs dans sa ville. À chaque anecdote, je regarde le sourire de Cata s'étirer un peu plus. Peut-être que je n'ai jamais réalisé à quel point l'Espagne pouvait lui manquer.

-Tu as grandi où exactement ? demandai-je.

Elle est tout de suite apparue plus triste.

-Tu vois la grande maison là-bas ? me questionna-t-elle en me pointant du doigt une maison.

-Oui.

-Et bien, c'est là-bas.

-Tu n'as pas envie d'y retourner ? dit Sacha.

-Avec vous, si.

Puis, nous avons continué notre marche en direction de la grande maison. Arrivés devant, le portail est fermé. Cata a donc sorti ses clés. Puis, nous avons pénétré dans l'énorme allée. Je suis époustouflé. La maison est inhabitée depuis quelques années maintenant. Pourtant, l'herbe est tondue, les fleures fleurissent à la perfection et la piscine entretenue. On dirait presque que le temps s'est arrêté au grand portail de la maison.

-Mes parents ont toujours voulu que la maison reste propre, expliqua-t-elle.

Nous sommes rentrés dans la maison. J'ai toujours eu une image clichée des maisons d'enfance. Elles doivent avoir des photos et des traces du passage d'une famille. Cependant, la maison de Cata dégage un autre aura. L'ambiance est lourde et froide. Je regarde autour de moi, à la recherche de l'espagnole. Elle a disparu.

*Catalina*
Je me suis un peu éloignée du groupe pour monter dans ma chambre. Rien n'a changé. Mon lit est toujours au milieu de la pièce, à côté de la fenêtre. Mon bureau est toujours en désordre. Mon dressing est vide puisque j'ai tout emmené avec moi à Paris. Cette pièce est la seule que j'affectionne un minimum. Les autres me rappellent juste l'absence de mes parents ou nos disputes quand ils étaient là.

-Donc c'est là où Lina a grandi ? dit une voix masculine familière.

-Tu comptes me charrier longtemps avec ce surnom ?

-J'aime bien, dit-il en souriant.

Putain, ce sourire m'avait tellement manqué.

-J'aimerais bien rester en Espagne, avouai-je.

-Pourquoi ? Paris t'attend toujours.

-Enfin, mon école m'a viré parce que j'ai été trop absente. Je ne vois pas trop ce que je pourrais faire là-bas.

-Si c'est pas le droit, ce sera autre chose, me rassura-t-il.

-J'aime énormément le droit, Ken. Mais, je ne sais pas, j'ai pas l'impression d'avoir l'étoffe pour. Pourquoi je n'arrive pas à trouver ma voie ?

-Parce que c'est compliqué. J'ai jamais kiffé le système scolaire. On demande à des gamins de 18 ans ce qu'ils veulent faire leur vie. L'école veut faire rentrer les gens dans des cases. Et ça m'insupporte.

-Comment tu as su que le rap était ta vocation ?

-Parce que je n'avais pas à me forcer.

J'ai peur de ne jamais trouver ce qu'il me plait et de me retrouver dans un boulot que je méprise. Ken s'est approché de moi et m'a pris dans ses bras.

-Tu es bien trop spéciale pour être enfermée dans une case, dit-il. Tu trouveras ce que tu aimes faire, je n'en doute pas.

Je suis bien dans ses bras. J'arrive à me sentir libre tout en étant accrochée à lui.

-Grandir avec de l'or en barre, hérité de vos rents-pa, chanta-il. Et les grilles des écoles privées deviennent vos remparts.

Je l'ai regardé, ne comprenant pas où il voulait en venir.

-Ne t'enferme pas dans ces remparts.

Puis, il m'a embrassé. Et mon coeur s'est retourné.

-J'aime trop ta baraque, dit Alpha derrière nous. On fait une soirée ici ce soir ?

-Tu déranges un peu frère, dit Ken en riant.

-Mais non, l'écoute pas, répondis-je. On fera une soirée.

-T'es sûre ? me demanda Ken.

-Une soirée avec mes amis, il n'y a pas mieux pour faire des souvenirs joyeux dans un lieu aussi triste.

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Fin du tente-et-unième chapitre ;)
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