Pas sans toi.

Chapitre 14 : Le Noël de Cata

*Catalina*
25 décembre. On dit que Noël est une fête de famille rythmée par d'émouvantes retrouvailles. Les gens pleurent, rigolent, se disent qu'ils s'aiment. Noël a un tout autre sens pour moi. Chaque année, depuis notre emménagement à Paris, mes parents organisent un énorme gala. Pour l'occasion, je suis chez mes parents dans leur appartement parisien.

-Tu es prête ? me demanda ma mère.

-Oui.

-On parlera après de l'histoire avec tes voyous.

La soirée s'annonce festive et joyeuse. J'espère que le Noël de Ken est meilleur que le mien. J'ai descendu les escaliers. Pour l'occasion, j'ai mis une robe longue rouge bustier. Elle est fendue sur le côté. Pour une fois, je me sens belle.

-La limousine est devant, dit mon père.

Je suis montée dans la voiture. Je n'aime pas ces galas. Je n'aime pas m'efforcer à montrer que je suis heureuse quand je ne le suis pas. Bienvenue dans un monde superficiel et remplis d'hypocrites. Nous sommes vite arrivés au Jules Verne, restaurant que mes parents ont privatisés.

-Catalina, comme tu as changé, dit un associé de mes parents.

-Tu es très jolie, renchérit sa femme.

Je les ai remercié, timidement. Mes parents sont partis dire bonjour à tout le monde. Je suis assise, en me demandant ce que je pouvais bien foutre ici. Le repas a commencé. À part boire du vin, je ne mange pas grand chose. Ce repas a toujours eu le don de me
couper l'appétit.

-Bonsoir, Catalina.

Alexandre. Mes parents ont osé l'inviter.

-Bonsoir, Alexandre.

-J'aimerais qu'on parle, toi et moi.

-Je n'en ai aucune envie, dis-je froidement.

-Ton copain ou devrais-je dire, Nekfeu commence réellement à faire de ma vie, un pur enfer.

-Ce n'est pas mon copain. Veux-tu que je te rappelle ce que tu as fait pour mériter cela ?

-Tu ne feras rien.

-Ne me cherche pas.

Alexandre a été surpris par ma répartie. Je ne suis plus la femme qu'il a connue. Ma mère est venue vers moi. Inconsciemment, je l'adore pour avoir mis fin à cette conversation.

-J'aimerais que tu fasses le discours de remerciement. S'il-te-plaît, ne fait pas n'importe quoi.

Je me suis levée sous les yeux des associés de mes parents. Je ne suis pas à l'aise, vraiment pas. Mes jambes tremblent tellement fort que j'ai l'impression qu'elles vont me lâcher.

-Je voulais vous remercier pour être ici avec nous, commençai-je. Votre présence est très importante pour mes parents et pour moi. Comme vous savez...

En levant mes yeux, j'ai croisé les yeux d'Alexandre. Ses yeux sont noirs, ce qui me rappelle les nuits bloquées dans son essence.

-Et puis, merde.

L'incompréhension arrive à se lire sur les visages des invités. Mon père me dévisage. J'ai besoin de parler avant que mes démons me consument entièrement.

-J'aimerais profiter de cette opportunité pour vous parler d'un sujet important, continuai-je. Noël est censée être une fête joyeuse où l'amour triomphe toujours. Malheureusement, pour certaines personnes, Noël et la vie en général, deviennent un enfer. J'ai connu cet enfer lorsque mon ex-compagnon a décidé de lever la main sur moi.

J'ai pris une profonde respiration. Alexandre s'est décomposé tandis que les autres sont en train de m'écouter.

-Je connais, trop bien, le sentiment qu'on peut ressentir. On endure, on pardonne, on se fait manipuler et on reste. J'ai moi-même aimé quelqu'un qui m'a fait du mal. J'ai aimé tellement fort au point de me perdre et d'oublier mes limites. Je suis restée malgré les coups, les menaces et les humiliations à répétition. On dit que les violences conjugales commencent à la première gifle et se termine par la mort. Il m'a peut-être tué de l'extérieur mais mon intérieur a toujours sa soif de vivre, de liberté et d'amour.

Après cette phrase, ma voix a craqué. J'arrive à sentir la tension mélangée à l'émotion dans la pièce.

-Vous avez la possibilité de faire changer les choses et de sauver des vies. Faites-le. Merci de votre écoute.

Les invités se sont levés pour m'applaudir. Certains m'ont félicité en me tapant amicalement l'épaule. Mon père est assis mais ma mère n'est plus là. Prise d'une envie pressante, je suis partie aux toilettes.

-Catalina, dit ma mère.

Elle a l'air bizarre. Son maquillage toujours parfait est actuellement chaotique. Ses cheveux normalement plaqués ne le sont plus. Elle a pleuré, énormément. Elle s'est approchée de moi et s'est jetée sur moi pour m'enlacer. Notre dernier câlin remonte à des années. Je devais avoir 6 ans, pour être précise.

-Je suis désolée, ma belle, dit-elle en reniflant.

Peut-être que mon père est au courant. En tout cas, la réaction de ma mère me prouve qu'elle ignorait ce qu'il pouvait se passer entre Alexandre et moi.

-J'ai toujours eu peur de ressembler à ma mère et d'être aussi mauvaise qu'elle. En réalité, je fus pire. Je sais que je ne peux pas revenir en arrière. Crois-moi, je donnerai tout ce que j'ai pour remonter le temps. Je t'en supplie, Catalina, donne moi une chance.

J'ai attendu des années pour entendre ces mots-là de la bouche de ma mère. Les attendre réellement me déstabilise. C'est dingue. Une fois qu'on a l'objet de nos convoitises les plus profondes, notre esprit est capable de le rejeter.

-Je vais avoir besoin de temps, dis-je.

-Je t'accorde tout le temps que t'auras besoin, répondît-elle en me caressant les cheveux.

Chamboulée, je suis partie des toilettes. La salle est encore remplie d'invités. Alexandre est parti, ce qui me rassure énormément. Mon père ne me lâche pas des yeux.

-Tu as réussi à mettre ta mère dans tous ces états mais ça ne marchera pas avec moi, dit-il.

-Tu as construit un mur entre nous, papa. Je me suis toujours demandée ce que j'avais pu faire pour ne pas mériter ton amour. Tu n'as jamais voulu être père. Fais moi plaisir et avoue-le toi.

J'ai pris mon sac et suis partie. J'ai pris mon téléphone.

« Moi: Je vais réserver mon billet d'avion pour partir demain matin. On se retrouve en Grèce. Besoin immédiat de partir de Paris. »

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Fin du quatorzième chapitre :)
J'ai décidé de poster deux chapitres aujourd'hui. Et j'espère que cela vous plait❤️