*Catalina*
Ken s'est endormi sur le siège à côté de mon lit mais je n'arrive pas à dormir. J'ai l'impression qu'on m'a jeté du huitième étage et qu'on a laissé mon corps s'écraser contre le sol. J'étais enceinte de Ken. Je ne le savais pas. Décidément, la famille d'Alexandre veut réellement me pourrir la vie. Je suis triste. Non ce n'est pas le bon mot ; je suis accablée. Mais je sais que je vais m'en sortir. Ma porte s'est ouverte et Sacha est entrée dans la pièce.-Qu'est-ce que tu fais encore là ? demandai-je.
-Je t'emmène fumer une cigarette dehors, dit-elle sur une voix rassurante.
Nous sommes sorties dans le petit parc de l'hôpital. Dans le silence, je me suis allongée dans l'herbe et Sacha a fait de même. Nos têtes sont à côtés et elle m'a passé une clope. Elle n'en a pas allumé une, ce qui m'intrigue un peu.
-Je suis désolée pour votre perte à toi et à Ken.
Les mots n'arrivent à sortir. La mort d'un enfant c'est comme un grand choc. Je n'arrive plus à tenir une réelle conversation. La peine m'empêche de discuter.
-Tu n'es pas obligée de parler, fit-elle calmement. Je n'imagine pas trop comment tu dois te sentir maintenant, ni même ce qu'il se passe dans ta tête. Mais tu n'es pas seule. Ça c'est important que tu le saches.
-Est-ce que tu peux appeler les garçons ? arrivai-je à articuler. J'aimerais qu'ils soient là.
Ma meilleure amie s'est exécutée. Plus tard, les garçons sont arrivés avec Ken qui s'est visiblement réveillé. Ils se sont tous installés à côté de nous. Ken s'est allongé à mes côtés et m'a serré la main. Personne ne parle. C'est comme si les bruits de la ville sont en train de parler à notre place. D'une certaine manière, je pense qu'on est en train de faire une minute de silence. Par la suite, Doums est le premier à parler.
-Quelle journée de merde, souffla-t-il.
-À qui le dis-tu, répondis-je ironiquement. Je n'en peux plus d'être dans cet hôpital.
-Tu sors demain, dit Hakim.
-J'ai envie de m'éloigner de Paris.
-Et bien, on va partir en voyage, rajouta-t-il comme une évidence.
L'idée de partir en voyage me fait extrêmement du bien. J'ai envie de me ressourcer ailleurs loin de la France et aussi de l'Espagne. J'aimerais aller dans un nouveau lieu, un lieu complètement inconnu. J'ai posé ma tête contre l'épaule de Ken pour sentir sa présence et pour me réchauffer car il fait assez froid.
-Vous voulez partir où ? dit Théo.
-Venez on trouve un endroit que personne ne connaît, dis-je.
Em a rigolé doucement.
-Tu as voyagé partout, dit-elle en ricanant. C'est toi qui vas poser problème.
Je suis contente que mon amie fasse des blagues. Ça détend l'atmosphère morbide.
-J'ai envie d'aller en Sicile, dit Mo. La chaleur et l'océan, ça me tente trop.
-Je suis preneuse, répondis-je en expirant la fumée de mes poumons.
*Ken*
Je suis un peu dans mes pensées. J'ai dû mal à réaliser la tournure des événements. J'étais père. Je crois que c'est l'effet de surprise qui me dérange autant. Perdre un enfant dont j'ignorais son existence, c'est réellement surprenant et douloureux.« Prêt à perdre la raison, si je sombre c'est en quête de toi. Tellement sombre que mon ombre est plus claire que moi. »
Énergie sombre résonne dans ma tête. J'ai l'impression d'être bloqué dans un putain de matrice. Soudain, Cata m'a pincé le bras.
-Tu en penses quoi ? Ça te ferait du bien d'aller en Sicile ? demanda-t-elle.
J'ai déjà voyagé quand je commençais à sentir que je hurlais de l'intérieur. C'est comme ça j'ai pu écrire Les Étoiles Vagabondes.
-Ça ferait du bien à tout le monde, répondis-je. Je paierai les billets d'avion. On les passera sur l'entreprise.
Elle m'a souri. J'ai besoin de lui parler.
-Ça te dit qu'on aille marcher un peu ?
-Oui, répondit-t-elle en se levant. On revient dans quelques minutes.
Tout la bande a acquiescé puis nous nous sommes éloignés. Assis sur un banc, Lina a posé ses jambes sur les miennes et regarde le ciel.
-Comment tu te sens face à la nouvelle des médecins ?
-Vidée, dit-elle. À vrai dire, je ne sais pas. On l'aurait gardé tu penses ?
-Je ne suis pas encore prêt mais si tu voulais le garder, je serais resté à tes côtés.
Le regard qu'elle m'a lancé me retourne. C'est un doux mélange d'amour, de passion et de remerciement.
-Tu aurais été un père formidable, dit-elle sur un ton triste.
-Et toi, la meilleure mère du monde.
Elle a pris mon visage dans ses mains manucurées et elle m'a embrassé. Pour me taquiner, elle m'a enlevé ma casquette et a enroulé ses doigts dans mes mèches rebelles. Elle se concentre un maximum dans son geste. Lina ne me regarde pas mais moi, je la fixe. Elle est si belle dans sa tristesse, comme au premier jour où je l'ai vue. Avec une beauté pareille, on dirait qu'elle vient d'une autre terre. Ses cernes la rend plus humaine. Je suis tellement amoureux d'elle. Je suis amoureux de ses gestes, de son rire gracieux, de ses danses ridicules, de sa manière de lever ses yeux quand elle est énervée, de sa façon de conduire, de son regard sur moi, de son passé, de son corps et de son âme toute entière.
-Je veux que tu portes nos enfants.
Elle a voulu répliquer mais je l'ai coupé.
-Avec toi, je veux tout ce que je n'ai jamais voulu. Je veux une vie rangée, une putain de maison de campagne avec un énorme jardin. Je serais prêt à tout plaquer pour toi.
Elle m'a regardé d'un air grave.
-Moi aussi, je veux tout ça avec toi. Mais tu dois me faire une promesse.
-Laquelle ? demandai-je, intrigué.
-N'arrête jamais de faire du rap pour moi. Je veux que tu continues ta passion jusqu'à que tu sois dans l'incapacité de le faire.
Je suis aussi tombé amoureux de cette part d'elle. Elle a un coeur énorme et elle ne veut que mon bien. En guise de réponse, je l'ai embrassée.
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Fin du 71ème chapitre !
Je pars aujourd'hui et donc je ne vais plus poster. Je reviens ce dimanche avec des chapitres ;)
Passez une bonne journée ❤️
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Pas sans toi.
Fanfiction23 ans à peine, Catalina essaie de vivre dans la capitale française. Elle est lassée par sa vie morose, sans goût, dictée par les attentes de ses parents. Elle porte le poids de sa vie et de son passé. Parfois, elle aimerait tout lâcher et se sentir...