*Ken*
Je suis devant la porte de l'immeuble et j'ai les jambes paralysées. Je suis parti chercher tant de fois Leila ici que ça me fait bizarre de revenir sachant qu'elle est morte. J'ai juste envie de retrouver Cata et me noyer dans ses bras. J'ai soufflé puis j'ai sonné. La porte s'est ouverte sans même que quelqu'un m'adresse la parole par le biais de l'interphone. Puisque je connais le chemin par cœur, j'ai toqué à la porte. Sa mère, Marie, m'a ouvert.-Bonjour Ken, dit-elle. Tu as tellement changé !
-Bonjour Marie, répondis-je en souriant.
Je suis rentré et son père s'est approché de moi dangereusement. Pendant une fraction de seconde, j'ai bien cru qu'il allait me casser la gueule.
-Bonjour, fit Alain. Comment tu vas ?
-Bien, répondis-je timidement.
Camille est assise sur les genoux de Jared, le frère de Leila. Elle l'embrasse à pleine bouche. Et ça me fait ni chaud ni froid. Je me suis installé à table tandis qu'aucun des deux ne m'a salué. Marie a servi l'entrée.
-Alors tu prends toujours de la cocaïne ? me demanda Jared.
J'ai bien failli recracher ce que j'avais mis dans ma bouche.
-Non. J'ai arrêté tout ça. Je me concentre sur le rap, ma famille et ma copine.
-Peut-être que celle-ci, tu ne la tueras pas.
J'ai levé les yeux au ciel tandis que j'entends le ricanement de Camille.
-Arrête, Jared, réprimanda fermement Alain. Alors, comme ça, tu as une copine ?
-Oui, répondis-je en souriant et en pensant à Catalina. Et je pense sincèrement que c'est la bonne.
Camille a soufflé.
-Je suis content pour toi, Ken. Tu le mérites.
Quelques minutes plus tard, je me suis éclipsé pour aller aux toilettes. Je me suis arrêté devant la chambre de Leila et j'ai ouvert la porte. Cela n'a pas changé d'un millimètre. Elle est encore imbibée de l'odeur de mon ex.
-Elle te manque aussi ? fit une voix féminine derrière moi.
-Pas vraiment. Je regrette juste la fin, ça aurait pu se terminer autrement.
Elle s'est assise sur le lit.
-Je regrette tout ce qu'on t'a dit à l'hôpital. Tu n'étais qu'un enfant aussi. Tu n'es pas responsable de sa mort, Ken. Je voulais que tu l'entendes de ma bouche.
-C'est pas grave, Marie.
-Elle t'aimait énormément Leila.
-Je n'en doute pas, répondis-je. Mais elle m'était toxique.
Marie a regardé ses chaussures avec un air triste. Je ne sais pas ce qu'elle veut que je lui dise. Que j'ai jamais oublié sa fille ? Que j'aimerais qu'elle soit en vie et qu'on s'aime encore ? Je ne peux pas mentir. Je ne suis pas content qu'elle soit morte. Ma jeunesse est morte avec elle. Elle a broyé mon cœur d'adolescent dans ses mains. Mais je ne suis plus un ado de 18 ans. Finalement, je suis parti aux toilettes. J'en profite pour envoyer un message à Catalina.
Moi : L'ambiance est morbide. J'aurais dû accepter que tu viennes avec moi.
Elle ne me répond pas tout de suite, ce que je peux comprendre puisqu'elle doit être à la mer. Après m'avoir lavé les mains, j'ai rejoint la table. Jared est en train de se disputer avec son père, sans doute a cause de ma présence.
-C'était une idée de merde, papa, hurla-t-il. Pourquoi vous avez décidé d'inviter Ken ? Il a tué ma sœur et il a frappé Camille.
Pardon ?
-Qu'est-ce que tu racontes ? commençai-je en m'énervant.
-Tu sais très bien de quoi je parle, Samaras. Tu as peut-être réussi à berner ton public, ta meuf et ta famille. Mais au fond, on sait tous les deux que tu es un lâche.
Violemment, je me suis levé et j'ai collé ma tête contre celle de Jared.
-J'ai jamais levé la main sur Camille, hurlai-je.
Je me suis tournée vers elle.
-Pourquoi tu racontes des conneries pareilles ? Tu m'as trompé, deux fois en plus, criai-je encore plus.
Je sens que je vais câbler. Soit je me barre, soit je saigne Jared. Je sens le regard d'Alain et Marie sur moi. Ils n'osent pas interférer. Dans un élan de colère et pour contrôler mon adrénaline, j'ai planté mon poing dans le mur au point d'en faire un trou.
-Maintenant, tu préfères taper dans les murs plutôt que sur une femme, hein.
« Sur le phone propos menaçants, minuit sonne je l'emmène en sang sur le sol.
Si je suis allé trop loin, c'est pour ne plus revenir. »Je suis prêt à me jeter sur lui, à lui écraser la gueule contre le parquet, à l'éclater. Je ne suis plus maître de mes actions. Je revois tout. Je revois Leila étouffée dans son propre vomi, Camille dans le lit avec cet homme, la sale gueule de Thomas. Et j'ai failli me jeter sur lui mais j'ai entendu la porte s'ouvrir. Normalement, cela ne m'aurait pas arrêté. Mais lorsque j'ai reconnu la voix familière qui m'appelle, j'ai tout arrêté.
-Ken ! hurla Catalina.
Aussi facilement que ça, toute ma haine s'est envolée. Doucement, elle s'est approchée de moi. Elle a pris mon point abîmé dans ses mains et elle a déposé un bisous sur mon front.
-Inspire et expire, me chuchota-t-elle.
J'ai fait ce qu'elle m'a dit et j'ai commencé à me calmer. J'entends le ricanement de Jared et il murmure à Camille : « je t'avais dit que c'était un lâche ».
-Ignore-le, m'ordonna Lina.
Je n'ai jamais eu autant envie de pleurer dans les bras d'une femme. Elle a enroulé ses bras autour de moi et j'ai plongé ma tête dans son cou. Elle a attendu que je me calme complètement. Elle a pris ma tête dans ses mains.
-Maintenant, tu descends et je vais régler ce problème.
Sans dire un mot, j'ai pris la porte. Avant de sortir, je me suis tournée vers les parents de Leila.
-Je suis vraiment désolée que ce soit terminé comme ça, soufflai-je.
Sa mère m'a souri, comme pour me dire que ce n'était pas grave. J'ai lancé un regard noir à Jared.
-Leila aurait honte de ce que tu es devenu.
Et j'ai claqué la porte.
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Fin du 78ème chapitre !
J'aime beaucoup ce chapitre, je le trouve très touchant.
Merci de continuer à me soutenir ;)
Bisous ❤️
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Pas sans toi.
Fanfiction23 ans à peine, Catalina essaie de vivre dans la capitale française. Elle est lassée par sa vie morose, sans goût, dictée par les attentes de ses parents. Elle porte le poids de sa vie et de son passé. Parfois, elle aimerait tout lâcher et se sentir...