Chapitre 31

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Soraia se retrouva quelques instants seule dans la cuisine à la fin du repas. Son corps, qui jusqu’ici avait tenté de se détendre au plus et de ne pas faire rejaillir tout ce qu’elle ressentait, se lâcha d’un seul coup. La brunette s’écroula sur la première chaise venu, tel un légume, ses yeux fixant le vide.

Voir Anastasia ici…

Elle en était à la fois heureuse et terriblement abattue.

La russe était sa meilleure amie, ce n’était surtout pas à négliger. Elle l’aimait par-dessus tout, malgré la vie sinistre qu’elle menait. Soraia doutait en effet connaitre une personne pire qu’Anastasia. C’était un véritable serpent. Fourbe et inatteignable, si mesquin qu’elle semblait même se complaire à White Swan. Toute la prison, sans que personne ne le remarque vraiment, tournait autours d’elle. Elle suscitait autant d’admiration que de respect et de crainte envers ses interlocuteurs ; un peu comme la fille populaire du lycée si vous voulez une pitoyable comparaison.

Elle comprenait, maintenant, pourquoi ses patrons se refusaient à lui expliquer qui était ce Cygne si mystérieux : ils voulaient que ce jour où elle sera mise au courant de leurs relations illégales soit au plus reporté. Et ils savaient parfaitement qu’elle connaissait Anastasia.

Qu’elle avait partagé sa cellule durant un an à White Swan.

Tout s’expliquait.

La portugaise avait passé assez de temps à espionner les rouages d’internet, les discussions de réseaux sociaux, les mails privés de stars pour être pleinement consciente de ces relations qui se jouaient entre ces célébrités de tous les jours et acteurs de l’ombre.

Elle tressaillit.

Pourquoi ?

Pourquoi avait-il fallu que Joâo et Inacio soient ainsi en contact avec des criminels ?

Pourquoi le sort semblait ainsi s’acharner sur elle !

Elle soupira de frustration, sentant des larmes envahir ses yeux alors que son corps tremblait de plus en plus. Elle avait tant essayé de classer tout ça dans le passé. Et surtout de ne pas regarder en arrière, jamais. Elle avait tant espéré pouvoir enfin s’intégrer dans cet univers des honnêtes gens et ne plus jamais en sortir.

Ça y’est, les flots salés dévalaient sur ses joues sans qu’elle ne puisse les contenir. Elle était si frustrée, si en colère, si dépourvue face à une telle situation. Quand elle pensait qu’Anastasia était juste là, dans la pièce d’à côté, à parler avec ses patrons à elle comme si elle les connaissait depuis toujours.

Un gémissement de douleur sortit de sa bouche. Elle avait mal au cœur, mal à l’âme. Mal de se rendre compte que sa vie semblait vouée à ce retours sans cesse vers les personnes et activités qu’il ne fallait surtout pas côtoyer. Elle se rappelait que cette frontière entre le légal et l’illégal était bien floue… et qu’elle se trouvait juste au milieu, comme sur une balance qui pouvait vriller à tout moment et sceller son destin. Et ça l’effrayait.

Alors qu’elle était là, seule dans cette cuisine, complètement paniquée face à son esprit et son corps qui s’affolaient dans tous les sens, une main se posa calmement sur son épaule la ramenant immédiatement à la réalité. Elle sursauta, leva la tête pour de retrouver face à Inacio. L’homme ne parlait pas, se contentant de l’observer de ses magnifiques yeux verts. Et, d’un geste parfaitement maitrisée, il l’invita à se lever, ce qu’elle fit encore toute tremblante.

– Tu as fait une crise de panique ? Demanda-t-il d’une voix où l’on pouvait étonnamment lire une pointe d’inquiétude.

– Non… Je… Je suis juste sous le choc. Elle rit nerveuse. C’est… Anastasia quoi ! Vous… vous êtes amis avec Anastasia !

Longue vie au prince JoâoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant