Chapitre 70

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Inacio lança une revue sur la petite table du salon. Son frère l'observa sans broncher. C'était un magazine people, avec comme quatrième de couverture la tête de Léna Da Costa, héritière du trône portugais. L'adolescente de dix-sept ans était bien la princesse la plus connue au monde, réputée pour son caractères explosif, ses fugues par centaines et ses conneries qu'on ne pouvait plus compter. Elle avait une imagination débordante, de quoi faire tourner chèvre ses gouvernantes, parents, et gardes du corps.

Accompagnée de ses deux meilleurs amis, Ivan le prince d'Ukraine, et Gabino le prince d'Italie, ils formaient un trio infernal dont raffolaient les paparazzis et journalistes.

Le futur Parrain plongea ses yeux dans ceux de son petit frère, comme pour lui demander d'expliquer :

- Un de ses anciens gardes du corps a témoigné de la vie rude qu'elle lui avait mené. Un petit scandale, qui doit probablement la réjouir plus qu'autre chose.

Le mafieux lut quelques lignes de l'article. Encore une fois, elle était décrite comme une jeune fille impossible à gérer, insolente et insupportable. Rien qui ne changeait vraiment de d'habitude, si ce n'est que cette fois c'est un de ses anciens employés qui venait témoigner.

En effet, depuis ses huit ans, Léna avait interdiction de sortir du palais royal et ses jardins. Et se voyait assignée à un binôme de gardes de protection rapprochée. Ça n'avait réussi qu'à lui faire maitriser l'art de la fugue. Et à chaque fois qu'elle mettait sans permission un pied en dehors de l'enceinte royal, les bodyguards étaient renvoyés et remplacés.

- Ça fait longtemps qu'on ne l'a pas vu. Admit Joâo. Parce que dans le fond, même si son cadet avait une étroite relation avec l'adolescente, lui aussi y était attaché. Elle était sous sa protection, tout de même. Et de toute sa famille, il était le seul à avoir effectué un tel acte : sauver quelqu'un en se prenant le coup mortel à sa place.

Tout ça pour Elvira.

Il chassa rapidement l'image de sa petite sœur décédée de sa tête, reposant son attention sur le monde réel alors qu'Inacio lui répondait :

- Elle est assignée à sa chambre depuis sa dernière fugue.

Il acquiesça. Le dernier binôme qu'elle avait eu était composé de deux hommes prénommés Marc et Loïc. Elle avait échappé de leur garde en se glissant dans la remorque d'un camion quittant la cours du palais, pour ensuite se rendre tout gentiment aux forces de l'ordre qui la cherchaient, fière d'elle.

Nous étions à la fin juin. La chaleur avait définitivement élu domicile dans l'air ambiant, maintenue par le soleil de plomb qui quittait rarement le ciel. Les deux hommes regardèrent quelques instants le visage de Léna sur la couverture du magazine.

- Ça fait dix ans tout pile. Souffla Inacio.

- Dix ans qu'on connait la Petite. Continua son ainé, comme pour approuver ses dires.

Dix ans qu'ils s'étaient retrouvés à kidnapper cette fillette de huit ans dans le but de lui hôter la vier, à elle qui représentait la royauté, la richesse, la domination sur les pauvres. À elle qui allait monter sur le trône à la suite de ses parents.

Dix ans qu'elle était sous sa protection, qu'il lui avait sauvé la vie. Que leur père eût compris qu'il restait une part d'humanité dans ses garçons qu'il se devait à tout prix d'effacer.

Dix ans que Léna ne vivait que parce que Joâo existait.

- Si je pars un jour, je signe son arrêt de mort. Constata le brun. En effet, avoir prit la brunette sous sa protection interdisait à quiconque de la toucher, et au vue de sa hiérarchie personne n'avait tenté de le faire. Mais ce pouvoir qu'il avait s'éteindrait à sa mort. L'épée de Damoclès tomberait sur la princesse, la tuant d'un coup sûr. Parce que bon nombre de mafieux voulaient sa tête, afin de montrer aux aristocrates le pouvoir qu'ils avaient sur eux.

Longue vie au prince JoâoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant