Chapitre 78

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Les deux frères avaient déjà remarqué que le code de l'ordinateur de Soraia était très imposant.

Sa taille et le nombre de symboles qu'il comprenait était plutôt impressionnant, et ils avaient bien vu à quel point la brunette semblait s'accabler à chaque fois qu'elle le tapait.

22°10£1-3€-172110-1-20215-€-11

Mais maintenant qu'ils en avaient la signification, c'était autre chose.

Chaque nombre était une lettre. Le A équivalait au 1 et le Z au 26. Chaque tiret était un espace. Chaque symbole représentait lui aussi une lettre, camouflée : les £ revenaient aux L, les € aux E, et les ° aux O.

C'était à la fois si simple et si compliqué. Et en traduisant le tout, voilà ce qu'on trouvait :

2 2 ° 1 0 £ 1 - 3 € - 1 7 2 1 1 0 - 1 - 2 0 2 1 5 - € - 1 1
V O I L  A - CE - Q UI -A - T U E - E -K

Voilà ce qui a tué EK.

Ermolaï Kravstov.

Comme si elle voulait se souvenir à chaque fois qu'elle touchait à cet ordinateur que c'était avec lui qu'elle avait ôté la vie de ce célèbre banquier.

S'infliger ce poids à tout jamais sans jamais se le pardonner.

Si l'on avait des doutes sur le génie informatique que Soraia, il se trouvait que l'affaire Kravstov pouvait tout autant les anéntir que les fortifier.

Les fortifier car tuer cet homme avait été une erreur, une grossière erreur qu'elle avait faite en essayant de cambrioler la banque. Son père l'y avait obligé, après de multiples manipulations, injures et insultes. Poussée à bout, elle avait cédé à la pression. Et pour faire simple, les ondes n'étaient pas parties au bon endroit, le code entré n'avait pas été le bon, tout était partit en vrilles, le réseau avait surchauffé pour finir par exploser. Notre petit prodige avait fait là une faute monumentale qu'elle n'arrivait pas à se pardonner.

Alors comment s'était-elle faite innocenter ? Face à l'échec de l'inculpation, c'est un coup de maître qui lui avait sauvé la mise. Il se trouve que Soraia Sonhador était l'une des rares hackeuses qui réussissait à dédoubler sa signature numérique. Elle en avait une vraie, qui lui appartenait réellement, et une fausse, qu'elle utilisait dans des situations dangereuses, pour éviter de se faire accuser. C'est donc sa fausse signature qui avait été retrouvée par les enquêteurs et donnée aux juges et jurés. Toutes les preuves se dirigeaient contre elle, y comprit sa propre famille qui avait commencé à l'accuser.

C'est donc du fin fond de sa chambre à White Swan, avec l'ordinateur que possédait Anastasia, que la portugaise avait discrètement placé dans son propre dossier les documents prouvant que l'emprunte laissée ne correspondait pas à la sienne.

Elle s'était libérée elle-même, en secret, de derrière les barreaux.

Le Cygne était-elle au courant ?

Non, elle avait interdit à Soraia d'en parler. Que ce soit pour avouer ou désavouer son crime. Mais bien évidemment que la blonde connaissait l'innocence de son poulain. C'était le rôle d'une meilleure amie, de connaître l'autre au maximum. Et puis, Anastasia avait ce don de tout savoir, tout cacher, tout manigancer. Une vraie vipère.

Joâo et Inacio, qui se doutaient de la position de leur meilleure amie, l'approchèrent calmement durant l'après midi, alors que Soraia faisait une petite sieste.

Le silence du premier fils servit de seule question. La blonde haussa les sourcils, et sourit pour laisser apparaître ses dents éclatantes derrière son rouge à lèvres couleur sang :

Longue vie au prince JoâoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant