Chapitre 55

3K 229 74
                                    

C'est aux bras des deux hommes que Soraia arriva à l'orphelinat. Vêtu d'une combinaison beige, elle avait remercié intérieurement la providence sur la tenue sobre que, pour une fois, on lui avait proposée.

Le buffet se déroulait dans le jardin de la propriété. Pas d'orchestre, pas de journalistes, tout semblait se dérouler en petit comité. Juste des millionnaires qui parlaient entre eux, au milieu des bénévoles et des enfants qui courraient en riant.

Toutes ces joies qu'ils extériorisaient, pour cacher la misère qui les habitait.

La brunette fut très vite attendrie face à la situation, et passa d'agréables heures à parler avec quelques membres de l'association, ou même quelques enfants qui venaient l'aborder pour jouer avec elle. Une charmante dame lui fit même visiter la nurserie, et cette vision de nourrissons sans famille lui pinça réellement le cœur.

Elle retourna ensuite en compagnie d'Inacio et Joâo, en train de parler avec le directeurs.

- C'est votre femme ? Demanda gentiment celui-ci en la voyant arriver.

Inacio aurait adoré répondre positivement, mais c'est un simple « non » qui sortit de sa bouche alors qu'il secouait la tête.

Voyant bien que leur interlocuteur attendait donc une réponse, Joâo observa la femme, haussa les épaules et jeta un coup d'œil entendu à son frère, qui lança donc :

- C'est notre secrétaire.

Elle fronça les sourcils mais ne releva cette phrase qu'une fois qu'ils furent seuls :

- Comment ça secrétaire ?

- C'est toi qui a commencé. Lui répondit le deuxième fils comme si c'était évident.

- Je... Pardon ?

Inacio la regarda d'un air arrogant, avant de passer sa main au creux de ses reins et chuchoter :

- C'est toi, qui avait dit que tu étais notre secrétaire, à notre contact pour la contrebande d'œuvres d'art.

La portugaise rougit en rentra sa tête dans ses épaules, gênée.

- Mais... hum... c'était avec la pression et tout. Essaya-t-elle de se justifier.

Son interlocuteur ne répondit pas, se contentant de lui afficher un petit sourire en coin, moqueur. C'est au bout de quelques minutes de silence, alors qu'ils étaient seuls tous les deux, que la brunette reprit :

- Vous faites souvent ça ?

- C'est-à-dire ?

- Eh bien...

- De bonnes actions ? La coupa-t-il calmement. Elle hocha vivement la tête pour tout réponse. Le garçon soupira.

- Pour toi on est du côté des méchants, hein. Dit-il froidement. Tu as raison. Mais tu sais, Soraia, les méchants ne le deviennent pas par hasard. Ça, dit-il en désignant quelques enfants qui jouaient non loin, c'est notre but. La Mafia n'est pas là que pour tuer des gens et trafiquer de la drogue, c'est ce qu'on nous dit dans les livres policiers. Mais ce n'est pas non plus une bande de mecs musclés qui jouent les dures et sont tendres à l'intérieur, on ne trouve ça que dans les séries clichées à vomir. La Mafia, c'est nous. C'est ce que tu as devant toi. Des gens que tout le monde espère ne jamais rencontrer, des gens qui d'un côté vont trafiquer des prostituées et de l'autre ouvrir des hôpitaux.

- Je sais. Elle haussa les épaules. Je sais ce qu'est la Mafia. J'ai été à White Swan, tu sais. Je connais les moindre recoins d'internet. J'ai beau être timide et tout ce que tu veux, il y a bien une chose qu'on ne peut pas me dire, c'est que je ne connais pas la réalité de ce monde.

Longue vie au prince JoâoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant