Ce qui avait dérangé la journée de Soraia n'avait pas été le dîner passé avec ses patrons, aussi étrange fut-il. Plus elle passait de temps avec les deux hommes, plus elle se rendaient compte à quel point leurs codes de vie étaient différents des siens.
Mais cette légère gêne qui l'envahissait ne fut rien face à l'horreur qui s'était emparée d'elle lorsqu'elle croisa les yeux de son père, ce soir-là.
Il était furieux.
Fou de rage, même.
– SORAIA !
La jeune femme sursauta violemment, et faillit faire tomber la vaisselle qu'elle tenait dans ses mains. Elle eut à peine le temps de poser toutes les assiettes sur la cuisine qu'une gifle claquait déjà sur sa joue :
– Pourquoi es-tu en retard, encore ?!
– Je...
Mais Prokhor ne lui avait pas laissé le loisir de s'exprimer . Il avait continué, d'une voix rauque :
– Qu'est-ce que tu mijotais ?
Il envoya un coup de pied dans le tibia de Soraia, ce qui la fit grimacer de douleur, alors qu'elle s'appuyait contre le mur pour ne pas tomber.
– Réponds ! Beugla-t-il dans la même seconde, lui postillonnant presque à la figure.
– Je... J'ai fini le travail plus tard aujourd'hui.
Le russe plissa les yeux, avant de rajouter d'un ton brut :
– Que faisais-tu ?
– Je suis restée pour le dîner.
L'homme leva les yeux au ciel en soupirant. Il cracha dédaigneusement à terre et lança de sa voix de vipère :
– Idiote. Tu aurais dû rester après le dîner, tant que t'y es. Ça aurait pu t'apporter un petit pourboire, au moins.
Sa voix était répugnante, tandis que le visage de Soraia se décomposait encore plus. Toujours avec ses allusions de gros porc... Cet homme le répugnait.
Elle n'eut même pas le temps de se remettre de ses émotions qu'il recommençait à hurler comme un fou :
– Eh bien, bouge-toi donc ! Fais la vaisselle pour servir à quelque chose un peu, et après je veux plus te voir !
Sans rien ajouter, Prokhor avait quitté la pièce, tandis que la brunette s'avançait, encore tremblante, vers l'évier rempli d'eau. Il y avait un petit miroir juste au-dessus, et elle aperçut son reflet. On pouvait nettement distinguer la tache rouge vif de la main masculine sur sa joue.
Ça brûlait tellement que son nez lui piquait. Elle secoua la tête et baissa les yeux, déprimée.
Heureusement, lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin, la marque de la claque avait entièrement disparu. Ce n'était plus qu'un souvenir qui blessait encore plus son cœur déjà en bien mauvais état.
C'est fou, sinon, comme le temps passait vite à cette époque. Elle avait été embauchée le premier octobre, et à peine eut-elle l'occasion de dire ouf qu'elle se retrouvait déjà la fin du mois, comme si le temps avait décidé d'accélérer son tempo sur ces dernières semaines. L'automne se faisait de plus en plus rude et elle commençait sérieusement à fatiguer, entre son travail à la villa et le rythme acharné que lui faisait vivre son père, et son frère lorsqu'il était là.
– Soraia ?
Nous étions le mercredi trente octobre, dans l'après-midi. La brunette sursauta à l'entente de cette voix brusque, qui lui faisait toujours autant peur. Bien sûr, c'était Inacio qui venait de lui parler, rendant le dialogue moins paniquant que si c'était l'autre frère qui avait pris la parole.
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Longue vie au prince Joâo
Genç KurguIl n'y a qu'une seule règle concernant Joâo et Inacio Osabio : Ne jamais les approcher. Et qu'un seul risque si l'on ignore cette règle : La mort. Voilà, c'est aussi clair que de l'eau de roche. On ne fréquente pas les fils aînés de la Grande Mafia...