Chapitre 11

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– Elle a changé.

Soraia avait sursauté, surprise par la voix toujours autant impassible de Joâo qui venait de prendre la parole. Nous étions le lundi soir, et la brunette était restée chez ses patrons qui avaient une réunion dans l’après-midi et avaient donc eu besoin d’elle pour préparer le dîner. Et ils étaient tous trois attablés depuis près d’un quart d’heure, sans que personne ne brise le silence.

– Qui ça ? Demanda son frère en fronçant les sourcils.

– La Petite.

Curieuse, Soraia observait les deux hommes du coin de l’œil, se demandant de qui donc ils pouvaient bien parler. Cette femme devait être assez important pour qu’ils énoncent ainsi sont sujet, eux qui ne semblaient jamais s’exprimer sur leurs ressentis.

Et là, elle aperçut un sourire se former furtivement sur le visage d’Inacio, retenant son attention. C’était si rare de le voir sourire…

Et il n’en n’est que plus magnifique. 

Elle rougit à cette pensée, posant maladroitement son regard sur son plat mais attendant avec une certaine impatience la suite leur conversation.

– C’est vrai. Dit doucement le second fils avant de rajouter :

– Presque une femme.

Cette fois, ce fut Joâo qui sourit, se Soraia écarquilla les yeux, surprise.

Cet homme est donc capable de sourire en fait ! Elle qui le prenait pour une cause perdue…

Un petit pincement la saisit tout de même au cœur, sans même qu’elle ne puisse le contrôler. Cette fille, dont elle ne connaissait pas encore l’identité, arrivait à faire apparaitre cet air heureux sur le visage des deux hommes.

Ça pouvait paraitre idiot, d’autant plus qu’elle n’était que la femme de ménage, mais Soraia aussi aurait bien aimé en être capable.

On voyait dans leurs yeux verts, et dans ce regard qu’ils se lançaient, que quelque chose de beau se passait dans leurs têtes. On voyait toute la profondeur de la relation qu’ils avaient avec « la Petite » comme l’avait appelé Joâo.

Remarquant qu’elle les observait presque inconsciemment, Inacio fronça les sourcils.

– Tu veux quelque chose ?

Soraia rougit violemment en sursautant, se trouva toute gênée comme prise au piège et face au regard insistant des deux frères finit par dire d’une petite voix :

– Je… C’est probablement très peu discret je suis désolée, mais qui est-ce ?

Joâo haussa les épaules, lançant un regard à son cadet l’air de dire « démerde toi sans moi ». Celui-ci parut réfléchir, sourit l’espace d’une fraction de seconde avant de dire calmement :

– Une princesse. 

Apparemment satisfait, il regarda son frangin qui lui rendit un air approbateur :

– Oui. Une princesse.

– D’accord. Soraia sourit en acquiesçant.

Etais-ce vraiment de la jalousie qui s’installait petit à petit en son cœur ?

Oui, probablement.

Ce qu’elle ne comprenait pas, c’est que cet adjectif « princesse » qu’elle traduisait comme un surnom mignon et une petite métaphore ne l’était pas vraiment.

Léna Da Costa était bien une princesse.

Héritière du trône portugais, même.

Mais ça, la jeune fille ne le savait pas à cette époque, et elle se demandait donc qui était cette femme apparemment proche des deux hommes, et quels étaient les liens qui les liaient.

Longue vie au prince JoâoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant