Chapitre 81

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Le deux septembre arriva rapidement. Journée de deuil, la cérémonie des obsèques commença à seize heures pile dans une petite chapelle de Lisbonne.

Il y avait énormément de monde. Des mafieux, venus des quatre coins de l’Europe en l’honneur de la légende qu’était Joâo. Des soldats de la Grande Européenne filtraient l’entrée, ne laissant passer que les leurs, ainsi qu'un ou deux rares journalistes.

Tous traditionnellement habillés de noir, car la Mafia aimait les tradition, les quelques personnes portant une autre couleur se trouvaient fusillés du regard par les autres.

Le cercueil, à contrario, était d’un blanc immaculé, entouré de nombreuses fleurs. Ce spectacle contrastait étonnamment avec la personnalité sombre du défunt. Ouvert, on pouvait voir le corps de Joâo. Vêtu de noir, yeux fermés, visage marmoréen. Peau blanche. Ses deux avants bras étaient mis en évidence, montrant à tous les deux tatouages qu’il avait l’honneur de porter.

Getulino s’avança vers le micro pour prendre la parole. C’était le seul à ne pas porter de bandana. Le seul ne pas se préoccuper de son anonymat. Autour de lui, quatre gardes le suivait, prêt à parer toute attaque. L’homme commença à parler, d’une voix à peine audible. Dès son premier mot, un lourd silence tomba sur l’église et les alentours.

Tous écoutaient avec respect le Parrain parler :

ꟷ Nous avons perdu un grand homme. Joâo était l’un des meilleurs soldat que j’ai eu le mérite de former. Il marqua un silence, laissant son regard divaguer sur la foule. Il y avait là Idalina, consolée dans les bras de Tuan. L’adolescente regardait les fleurs, yeux vides où l’on voyait perler quelques larmes.

Le blond repris :

ꟷ Joâo était mon fils. Joâo Osabio était mon premier enfant.

Sa voix s’était faite claire. Tranchante. Un frisson glacial parcourut l’assemblée.

Voilà, c’était fait.

Le monde entier connaissait l’identité du jeune homme.

Les mafieux se regardèrent entre eux, surpris, et doublement attristés.

Il y avait face à eux le corps du brun, gisant dans ce cercueil blanc.

C’était celui de leur prince.

Le cercle privé, l’Elite de la Mafia, vint bénir le cercueil.

La Grande Européenne était de culture catholique. Croyaient-ils en Dieu ? En une force supérieure, probablement. La religion n’était de toute façon pas un critère de recrutement, et dans tous les cas le commandement de Moïse « tu ne tueras pas » serait rayé de la liste. C’était juste une culture, dont les traditions se perpétuaient au fil des générations.

Soraia n’avait pas de bandana : elle ne faisait pas partie de la Mafia, et le règlement était stricte à son sujet. Pour éviter qu’on la reconnaisse, Inacio l’avait tout de même obligé à enfiler une perruque d’un blond frisé, des lentilles noires, et une casquette ébène.

Elle reniflait en silence. Personne n’était là pour la consoler, au début. Puis Edouardo vint gentiment à ses côtés pour lui offrir des bras bienveillants.

À la sortie de l’église, Inacio fut intercepté par des journalistes, qui passaient en direct à la télévision. On l'inyerpela, et il refusa immédiatement, mais ses interlocuteurs ne furent pas découragés pour autant :

ꟷ Monsieur juste une petite minute s'il-vous-plaît !

Le mafieux se retourna froidement :

ꟷ Quoi ?!

Longue vie au prince JoâoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant