Chapitre 54

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– Elle ne reviendra plus.

La sentence d'Inacio semblait irrévocable, mais Joâo répondit froidement :

– Nace.

C'était comme un avertissement, que le deuxième fils n'écouta pas, continuant à s'emporter :

– C'est trop dangereux pour elle.

– Elle est venu de son plein gré.

– Sans se rendre compte des conséquences ! Il se pinça l'arrête du nez. Merde et ce n'est pas parce qu'on lui a donné deux jours de congé que ça va la détraumatiser. Tu as vu dans quel état elle était ? On voyait bien qu'elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Son corps tremblait putain ! Tremblait de peur, non seulement car elle a frôlé son pire cauchemar de retourner en prison... Le futur Parrain coupa brusquement son frère :

– Tu sais aussi bien que moi que la situation était sous contrôle, pour nous.

– Va la convaincre, elle. Grogna-t-il, avant de reprendre froidement :

– Elle nous a vu tuer.

Ce détail ne sembla pas contrarier Joâo, qui tira une taffe sur sa cigarette.

À vrai dire, il était le fils aîné de la famille Osabio. Héritier de la grand Mafia Européenne. Tuer, c'était... son quotidien. Sa routine. Ce monde sanglant était ancré en lui de manière si forte qu'il le dorlotait indifféremment. Son cadet continuait :

– Tu n'as pas vu comment elle nous regardait ! Ces yeux d'effroi, je parie n'importe quoi que ces meurtres défilaient en boucle dans sa tête.

– Ses yeux sont toujours emplis de peur. Répondit Joâo, avant de continuer arrogamment :

– Yeux qu'elle a très beaux, d'ailleurs.

Inacio grogna, crispant sa mâchoire comme chaque parcelle de son corps. Son grand frère s'empara d'une bouteille de whisky et de deux verres, fit quelques pas vers des sièges moelleux posés dans un coin de la pièce, autours d'un guéridon. Il y posa les verres, les remplis d'alcool, en tendit un à son Consigliere avant de s'asseoir et l'inviter à faire de même.

– Bois.

Il s'exécuta d'une traite, sans rechigner. Joâo fit de même, avant de plonger les yeux dans ceux de son frère.

– Jaw... Grommela celui-ci.

– Ho que si.

– Va te faire foutre.

– Tu vas me le dire.

Un air mauvais prit place sur le visage du plus jeune des frères, qui semblait se fermer comme un roc. Son interlocuteur haussa les épaules, termina calmement sa cigarette avant de l'écraser dans le cendrier, se frotter les mains, expirer le peu de fumée qu'il lui restait et dire froidement :

– C'est un ordre.

Voyant qu'il restait toujours aussi muet, le brun appuya son regard. Inacio soupira, se massa les temps avant de lâcher sèchement :

– Oui.

– Tu...

– Ressens des choses pour elle, oui ! Cria-t-il en se levant d'un seul coup, le visage colérique. Il s'empara de son verre, le remplis une seconde fois avant de l'avaler cul-sec. Ses yeux lançaient des éclairs alors qu'il recommençait :

– Merde Jaw, c'est ça que tu voulais entendre ! Que oui j'ai encore des putains d'émotions en moi ?!

– Et ça te fait quoi ?

Longue vie au prince JoâoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant