Chapitre 2

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Soraia sortit de la maison en fermant doucement la porte, de peur d'énerver encore plus son père dont elle entendait encore les insultes résonner dans sa tête. Il ne l'avait pas frappé ce matin, c'était si rare. Sûrement pour faire bonne impression face à ses nouveaux patrons : qui ne s'attarderait pas sur une jeune fille remplie de bleus ?

En ce début de mois d'octobre, un crachin avait envahi Lisbonne et les alentours, humidifiant la terre et faisant couler des filets d'eau sur les trottoirs.

La femme de vingt ans courrait, ses pieds martelant le sol gris. Elle entra de façon précipitée dans le bus, avec comme tous les matins cette peur que son père n'arrive et ne la fasse sortir, pour satisfaire son plaisir personnel de gâcher ses journées. Pourquoi tant de haine envers sa progéniture ?

Soraia était une femme mesurant environ un mètre soixante-dix. Ses cheveux d'un noir charbon étaient légèrement bouclés et coiffés d'un carré plongeant allant jusqu'aux épaules. Quelles gouttes d'eau tombaient sur ses mèches sombres pour s'écraser sur le sol. Dans sa précipitation, elle avait oublié de mettre sa capuche...

La brunette avait environ vingt minutes de trajet pour arriver jusqu'à la magnifique villa qui allait être son nouveau lieu de travail. C'est ainsi qu'elle descendit su bus, fit quelques pas et resta subjuguée en arrivant devant l'immense portail qui dévoilait une grande demeure et un jardin parfaitement entretenu. La petite entrée était ouverte, et elle l'emprunta : son nouveau patron lui avait demandé d'aller toquer à la porte du bâtiment. Soraia marcha fébrilement dans la grande allée, tout intimidée car elle n'avait pas l'habitude de ce genre de propriété.

Ses phalanges heurtèrent l'immense porte de bois, et elle n'eut même pas à attendre quelques secondes que la poignée tourne pour la laisser face à face avec...

Un fantasme ambulant.

Elle rougit immédiatement à cette pensée. L'homme devait avoir la petite trentaine, il était brun aux yeux verts, avec une peau bronzée par le soleil. Il avait le visage fermé, et aucune étincelle ne brûlait au fond de ses iris. Comme s'il n'avait aucune âme. C'était déstabilisant. Ne sachant quoi faire d'autre, la jeune femme tendit naïvement sa main :

— Bonjour, enchantée, je suis Soraia.

Mais son interlocuteur n'eut aucune réaction, continuant à la regarder comme s'il se demandait à quelle sauce il allait la manger pour le déjeuner. Tout en la fixant de son regard perçant, il finit tout de même par prendre la parole :

— Nace, la fille est là.

La fille, elle a un nom... Mais dans sa timidité, elle n'osait même pas penser ces mots, se contentant de laisser son doux sourire s'évanouir. L'homme était toujours face à elle ; on aurait dit qu'il lui bloquait la porte avec un air d'assassin gravé sur sa peau. Puis, un bruit se fit entendre derrière le brun et une main se posa sur son épaule pour le pousser un peu.

Une autre tête apparue. Celle d'un autre homme châtain, les yeux verts également, il avait cependant l'air moins... dangereux.

Lui aussi était d'une beauté divine.

Le nouvel arrivant la regarda quelques secondes avec des yeux froids. Il la détailla de haut en bas, s'attardant un peu sur ses iris.

Ces deux paires d'yeux qui l'observaient la firent frissonner de crainte. Ce mouvement fit réagir le deuxième —qui paraissait plus jeune— et il lâcha un semblant de sourire en lui empoignant la main qu'elle tendait encore.

— Bonjour. Soraia c'est bien ça ? Je m'appelle Inacio et voici mon frère Joâo. Dit-il en pointant le sociopathe. Tu es notre nouvelle employée polyvalente, je me trompe ?

Longue vie au prince JoâoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant