Chapitre 52 : Pluies de métaux dans l'allée des horloges magiques

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La porte du laboratoire refermée, Électrolyse fit signe à ses nouveaux amis de ne pas bouger pendant qu'elle allait chercher une dernière chose.

- En réalité, ce phénomène  de "tremblement magmatique" est assez amusant ! On a l'impression d'être dans le ventre d'une baleine ou sur des montagnes russes, pouffa la petite renarde, le regard espiègle.

- Je ne sais pas si l'on doit être rassuré par la remarque, mais moi, je trouve ça plutôt drôle, jappa Zéphir en battant des ailes.

- Moi aussi ! Mais j'espère surtout que nous resterons intacts ! En tout cas, cet endroit est vraiment extraordinaire, confirma Amira.

Soudain, autour d'eux commencèrent à bouger sur les murs... Des bulles turquoises, bleues et vert-émeraude, qui semblaient faites d'un liquide mystérieux à effet miroir ! Elles se glissaient d'une paroi à l'autre en sifflant.

- Électrolyse a encore dû casser une de ses fioles, soupira Électra-Lumina. Ça ressemble à son élixir électro-visqueux, il ne vaut mieux pas toucher ces bulles, les prévint-elle, non sans rire. 

Enfin, l'intéressée pointa son museau de la galerie d'où provenaient les bulles :

- Excusez-moi, je viens de faire tomber un bocal rempli de ce liquide électrique... Heureusement, je n'ai pas provoqué d'autres catastrophes et j'ai même retrouvé mon encyclopédie !

- Où étais-tu passée ? Je pensais que tu gardais tous tes philtres et réactifs dans ton laboratoire... remarqua son amie.

- J'ai fait un tour près du café technologique, là-bas, j'ai pu rencontrer ma chère cousine Électrolyte et elle m'a rendu ceci ! C'est le grand livre des changements d'états !

- Tu es rapide ! s'exclama Zéphir.

- Merci, et j'ai une bonne nouvelle ! On pourra passer de la sublimation à la condensation en seulement quelques étapes grâce au livre !

Les yeux brillants, elle montra à la jeune renarde la dernière page dorée du fameux livre.

- Je crois que je vais me perdre avec tous ces prénoms de renards, se lamenta Minuit.

- Pour une fois que je suis d'accord avec un chat ! renchérit le chiot d'Annie.

- Chut, vous deux ! Si vous n'avez toujours pas compris, nous pourrons nous téléporter beaucoup plus simplement avec ce livre ! leur expliqua Nina.

- Moi, je n'ai rien compris, marmonna Amira, en insistant sur le mot "rien".

- La sublimation, c'est le passage de l'état solide à l'état gazeux, et la condensation, c'est l'inverse.

- Oui, mais quel est le rapport ? s'enquirent les deux chiens.

- Ne me dites pas qu'Électrolyse va nous faire "passer à l'état gazeux", commença Annie.

- Justement ! Vous avez tout compris, les félicita la scientifique.

- Oui, elle m'a même montré comment on va s'y prendre, compléta le renardeau, très fier de participer aux expériences de la célèbre professeure de sciences.

- Ce sera sans moi, gémit Zéphir, je ne veux pas devenir de l'air !

- Ne vous en faites pas, c'est sans danger, enfin presque...

- Comment ça "presque" ?!

- Bon, nous devons au plus vite voir la reine Efflorescence, le coupa la chercheuse expérimentaliste.

Électra-Lumina lui fit un léger clin d'œil, qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Zéphir, ce dernier grimaça en compagnie d'Amira dès que les autres eurent le dos tourné, puis les deux alliés recommencèrent à se disputer comme à l'accoutumée.

Après plusieurs couloirs traversés, un large tunnel s'ouvrit devant la compagnie.

Il était entièrement métallique et reluisant, aux nombreuses facettes tantôt éclairées, tantôt sombres, tranchantes, parfois coupantes et aiguisées ou au contraire polies et aux bords arrondis... Au sol reposaient de grandes plaques soudées entre elles par des flux d'énergie bleue comme un espèce de circuit électrique. Un alternateur était fixé au mur et alimentait la salle en transformant l'énergie mécanique (venant des horloges magiques) en énergie électrique. Il rejetait une chaleur protectrice qui contrastait avec le froid terne des métaux. De part et d'autre des morceaux de métal se trouvaient de longs fils conducteurs de cuivre, grésillants d'électricité jaune-citron et de lumière.

Et les fameuses horloges... Elles étaient des milliers ! Des milliers d'horloges, petites et grandes, d'argent, d'or, de platine, la plupart à l'heure, dérangées par certaines dont les aiguilles étaient bloquées ou qui tournaient dans le sens inverse ! Cela créait un vacarme infernal. Parmi les terribles cliquetis et les tic-tac retardés, de grandes machines en fer travaillaient en ronronnant.

De belles fleurs poussaient un peu partout au milieu de ce désordre, des roses blanches, de petits boutons d'or et quelques jeunes fleurs de couleur bleue surgissaient entre certains rouages d'acier qui ne tournaient plus.

Puis le plafond se mit à trembler et des triangles métalliques commencèrent à tomber droit sur eux, Électrolyse eut juste le temps d'activer son champ magnétique, sur lequel vinrent se coller tous les débris.

- Mon champ magnétique est fait de métaux ferromagnétiques et attire ces morceaux à sa surface. J'aurais également pu utiliser des métaux diamagnétiques qui auraient au contraire repoussé ces débris mais j'ai besoin de collecter les morceaux de métal et non les éloigner.

- Dépêchons-nous, ces pluies de métaux peuvent faire exploser le volcan, elles ne surviennent que lorsque quelqu'un passe ! les pressa Électra-Lumina.

Ils arrivèrent enfin devant le palais de la reine Efflorescence en courant.

- Passons par derrière cette cascade turquoise, ainsi, nous nous retrouverons dans la galerie des étoiles étoilées, elle brille de mille feux dorés et nous mènera à la salle du trône, reprit Électrolyse.

Un nuage d'oiseaux bleutés passa par dessus la tête d'Électrolyse comme pour lui donner raison, et celle-ci se mit à rire, avant de continuer :

- Allons-y avant qu'il ne soit trop tard.

- J'espère que ton expérience de téléportation marchera, ajouta la petite Électra-Lumina en souriant.

Zéphir et Amira lui lancèrent un regard semi-horrifié, semi-amusé.

En traversant la cascade, nos amis sentirent de douces et fraiches gouttelettes les éclabousser, et lorsqu'ils rouvrirent leurs yeux, ils se retrouvèrent face à un magnifique couloir aux parois nacrées, où étaient incrustées de jolies étoiles qui créaient de très beaux jeux de lumière. On se serait cru dans un énorme coquillage lumineux. On entendait l'eau couler et glisser le long des murs.

- C'est drôle, le sol est fait de nuages pailletés, fit Zéphir en sautant, bientôt imité par Amira, qui tentait de sauter encore plus haut, les yeux rieurs.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Zayra en pointant de sa patte libre un petit flacon de cristal (Hakim tenait son autre patte, mais ça, personne ne l'avait remarqué).

- C'est un diffuseur de parfum d'étoiles, dans notre monde, certains parfums sont créés par ces petits objets qui prennent la forme de plumes, de coquillages, de bonbons à la fraise, de gelée brillante... Ils peuvent sentir la menthe, la fraise, la mer, le soleil, la rose... leur raconta Électrolyse.

- Regardez, nous sommes arrivés, s'exclama la petite renarde, voici le voile des nuages ! Si nous le traversons, nous nous retrouverons directement dans le jardin intérieur de la salle du trône, vous verrez, les plantes y sont juste sublimes !

Zayra écarta le beau voile blanc et ils se retrouvèrent dans une adorable forêt verte de petites et grandes plantes aux fleurs blanches et roses. Leurs formes se mêlaient parfaitement bien au pollen d'or et aux papillons qui laissaient sur leur passage un sillage de poussière dorée. Leurs ailes étaient ornées de motifs et d'ornements blancs sur fond rose.

- Quelle délicate rose blanche ! commenta Zayra, émerveillée.

- Cette rose est la deuxième reine du royaume souterrain, pouffa Électrolyse. Cette salle contraste vraiment avec notre monde technologique, tout comme notre jolie reine qui aime ces fleurs. D'ailleurs, où est-elle ?

Zayra, ma panthère magiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant