Chapitre 26 : La fugue nocturne

23 3 7
                                    

Pour nos amis, la mission était plus délicate, il fallait emprunter un chemin plus long pour ne pas se faire repérer et arriver sains et saufs à l'assemblée chez Zayra. La nuit polaire compliquait tout : les espions de Noir-Suie étaient constamment actifs et c'était très dangereux de voyager ! La panthère glissait adroitement de couloir en couloir, suivie par Flora et les filles. La couleur noire de la fourrure de Zayra la cachait et les longues capes sombres des filles de même (Flora en avait également revêtu une). Ils jetaient des regards furtifs de chaque côté pour vérifier si personne ne les suivait et surveillaient attentivement le moindre mouvement suspect.

Zéphir gigotait sous la cape d'Annie et celle-ci le réprimanda :

- Chut, Zéphir, tu vois bien que ma baleine Violette bouge moins que toi, alors qu'elle est enfermée dans mon sac en bandoulière, chuchota-t-elle d'une voix à peine audible.

- Hâtez-vous un peu, la voie est libre, grogna doucement la féline noire.

Elle venait à peine de prononcer ces mots qu'elle vit deux silhouettes, avançant dans la pénombre en se faufilant. Zayra arrêta ses amis de sa patte, et ils se cachèrent dans la pièce la plus proche, dont la porte était ouverte. La panthère la referma sans bruit, et colla son oreille contre la paroi de la porte, elle entendit ces paroles (les pas s'étaient arrêtés) :

- Ces voyageurs me paraissent louches, siffla la première voix.

- Ils semblaient parler entre eux de choses secrètes, hulula la seconde.

- Ils se feront un plaisir de tout répéter à Noir-Suie, allons les chercher ! grinça de nouveau la première.

C'étaient sans aucun doute des hiboux : les fameux espions de Noir-Suie ! Zayra se baissa et regarda par le trou de la serrure : le premier hibou fit une atroce grimace de son bec acéré et étendit ses grandes ailes noires, imité par son compagnon. Les deux s'envolèrent à l'étage supérieur par les escaliers. Heureusement pour nos amis, ils ne savaient pas dans quelle chambre ils se trouvaient et partirent fouiller chaque pièce.

- Vous avez entendu ? s'alarma Zayra.

- Oui, il faut vite partir, on a eu de la chance qu'ils n'aient pas senti notre présence, souffla Annie.

La jeune fille se retourna, et vit qu'ils se trouvaient dans une chambre où dormaient une maman chat et ses petits.

- Filons, s'ils se réveillent, on est fichu ! murmura Zéphir sous la cape.

Ils refermèrent avec délicatesse la porte et s'engouffrèrent dans les escaliers, tous proches, afin de descendre au restaurant. Pendant qu'ils se dirigeaient à pas de loups vers la porte de sortie, un dragon les interpella :

- Je peux vous aider, je viens de voir passer des hiboux inquiétants qui sont montés vers les chambres, c'est bien à cause d'eux que vous semblez effrayés, n'est-ce pas ? chuchota-t-il de sa voix grave et rassurante.

- Oui, c'est exactement cela ! lui confia Zayra.

- Restez là, je vais fermer l'accès des chambres au restaurant, ils mettront du temps à essayer d'ouvrir et devront finalement remonter dans leur chambre pour passer par la fenêtre : je leur ai donné la pièce la plus éloignée et cet aller-retour leur coûtera du temps précieux ! Je reviens dans deux minutes et je vous emmènerai là où vous voulez !

- Merci, vous nous sauvez, sourit avec gratitude Flora.

Il monta quelques marches et referma l'accès grâce à une espèce de porte en bois qu'il poussa et cadenassa rapidement.

- Je suis sûr qu'ils ne risqueront pas de passer par une autre fenêtre que la leur, de peur de réveiller ses occupants.

- Et s'ils passent par la notre ? s'inquiéta Annie.

- Ils feront tout de même un détour par là avant et ce sera fermé ! Vite, sortons ! Attendez un peu... J'ai une idée... pensa le dragon. Bouchez-vous les oreilles !

Il se mit à chanter une ancienne berceuse destinée à endormir les bébés dragons. Puis il fit signe à ses nouveaux amis qu'ils pouvaient désormais écouter.

- Je pense avoir endormi profondément tous ceux qui ne dormaient pas à l'auberge, sauf vous, expliqua-t-il avec un clin d'œil. Ça devrait encore faire effet quelques heures !

En sortant, ils grimpèrent sur le dragon, nommé Vülcan. Zayra lui apprit qu'ils voulaient se rendre à la grande mer du Nord, où se trouvait le royaume des abîmes d'améthyste.

L'air était frais, mais au creux des ailes du dragon, il faisait chaud et on sentait un parfum de fleurs. Ses écailles noires reflétaient l'éclat de la lune, et Sombre-Cendre et ses espions ne les dérangèrent pas. En effet, une silhouette de dragon qui volait dans le royaume des dragons n'éveillait pas les soupçons, d'autant plus que les capes noires et la fourrure noire de Zayra se confondaient parfaitement avec ses écailles noires. Quelques lucioles éclairaient la nuit et des pétales de fleurs tourbillonnaient dans le vent. On se rapprochait de la grande mer du Nord.

Lorsque le dragon les eut déposés, ils le remercièrent et il s'envola vers l'auberge. Des flocons remplaçaient petit à petit les pétales dans la nuit polaire : le royaume des rêves gouverné par la mère de Zayra, la lionne Lune-Sucrée, les attendait.

Zayra, ma panthère magiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant