chapitre 5 : meurtrière

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Une cigarette à la bouche, Tito s'arrachait les cheveux en tentant d'expliquer au Soldat ce que Marco n'était parvenu à faire avec des mots clairs. Le téléphone collé à l'oreille, il jeta un œil en direction de Giana qui, assise sur le sol, les jambes écartées, s'était mise à pousser son bébé sans chercher à étouffer ses cris. Craignant que quelqu'un les entende, Marco se rua sur elle et la bâillonna à l'aide de ses mains en jurant. Tito mit fin à son appel, approuvant les derniers ordres du Soldat avant de se précipiter vers la jeune femme, embêté de devoir lui faire ça à elle.

— Écarte toi ! ordonna t-il à Marco en le poussant, furieux de le voir la malmener comme il le faisait.

Marco avait souvent tendance à agir comme un animal, avec rudesse. Une vraie brute épaisse.

— Va démarrer la voiture. J'arrive avec elle.

— Pourquoi on ne la tue pas ? Il a dit quoi Le Soldat ?

— On la ramène !

— C'est quoi encore ces conneries ! Je te préviens, je refuse de l'avoir dans les pattes cette salope !

Furieux, Tito se releva. Il l'attrapa par le col de sa chemise et le plaqua contre le mur derrière lui, les narines frémissantes. Ses yeux noirs lançaient des éclairs, ce qui fit rire Marco.

— Tu en pinces pour elle c'est ça ?

— Ta gueule et va démarrer la voiture. On n'a plus beaucoup de temps !

Marco se dégagea de sa prise en le poussant, rageux. Il lorgna une dernière fois Giana qui continuait de gémir de douleur avant de regagner la voiture, forcée d'obéir puisque les ordres venaient d'en haut.

Débarrassé de son ami, Tito se baissa près de Giana et prit son visage entre ses mains, pas très à l'aise avec ce qu'il s'apprêtait à faire. Sa vie était sur le point de changer et les conséquences seraient irréversibles.

— Hey, regarde moi.

— Il faut que j'aille à l'hôpital ! s'écria t-elle en s'accrochant à ses bras de toutes ses forces. J'arrive pas à pousser. Il va mourir... je vous en prie, emmenez moi à l'hôpital !

— Comment tu t'appelles ?

Elle agita la tête de gauche à droite en guise de réponse.

— On le saura de toutes façons alors dis le moi. insista t-il en dégageant des mèches humides qui lui barraient le front.

Son mutisme lui donna la réponse. Elle restait catégorique, même en ce moment.

— C'est comme tu veux cara mia.

Sans plus perdre une seule seconde, il passa son bras derrière son dos, l'autre sous ses jambes et la prit dans ses bras. Giana mit ses bras autour de son cou, apeurée. Elle ne savait toujours pas s'ils avaient décidé de l'emmener à l'hôpital ou s'ils comptaient juste la tuer dans un autre endroit moins fréquenté que celui-ci.

Une fois dans la voiture, Marco démarra sur les chapeaux de roue sous les gémissements de Giana qui soufflait, les traits de son visage déformé par la douleur.
Dans tous ses états, Tito se contenta de lui donner sa main qu'elle serra de toutes ses forces. Il jura entre ses dents.

Elle était en train de lui broyer la main.

— Vous ne m'emmenez pas à l'hôpital, je me trompe ? fit Giana lorsqu'elle se rendit compte de la direction que Marco venait de prendre.

Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'ils roulaient et tout ce qu'elle voyait, c'était des arbres et des collines à pertes de vue.

Ils s'éloignaient de plus en plus de la ville. Les choses allaient mal tourner pour Giana si elle ne faisait rien. Au fond d'elle, ça criait, hurlait et avertissait. Elle avait intérêt à tenter quelque chose et vite avant qu'il ne fût trop tard pour elle et son bébé.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant