Ce matin là, Giana ouvrit les yeux avec l'impression d'avoir passé une des pires nuits de sa vie.
Le cœur en miette à cause des événements d'hier, elle se sentit comme une coquille vide. L'absence de son mari et de son fils prit plus d'ampleur sur la solitude qui l'embrassait déjà, foutant à la porte des semaines de thérapie.
Tremblante, les gifles de Fédérica lui revinrent en mémoire, taxant à son pauvre petit cœur des battements bien douloureux et une sensation d'abandon qu'elle n'avait plus ressenti depuis longtemps.Cette femme qu'elle avait appris à considérer comme une amie, voire une mère dans certains cas, avait réduit à néant le peu de force qu'il lui restait.
Dans cette maison, si tout le monde s'amusait à la malmener, Giana savait qu'elle ne ferait pas long feu face à tout ce beau monde.La tête aussi lourde que du ciment, elle roula dans ses draps et se repositionna sur le flanc, tournant le dos au mur. Le corps tout engourdi, elle balaya la pièce du regard et son cœur cessa aussitôt de battre.
Elle cligna plusieurs fois des paupières et alla jusqu'à se pincer la peau pour être sûre qu'elle ne rêvait pas, qu'elle n'hallucinait pas, et il s'avéra que non. Aussi fou que cela puisse paraître, Le Soldat était là, à quelques mètres seulement de son lit, plongé dans un profond sommeil réparateur et torse nu en plus de cela.
Giana n'aurait jamais crû se trouver en face du bel italien à l'origine de ses cauchemars, endormi comme n'importe quel personne normal et saine d'esprit de cette planète. Elle s'était attendu à tout, sauf à ce genre de spectacle.Affalé sur sa chaise, la tête penchée sur son torse, ses traits étaient détendus, sa respiration lente et régulière, et ses sourcils pas du tout froncés, ce qui changeait énormément du Monsieur grognon qu'elle avait côtoyé jusqu'à lors. Ses mèches noires et en bataille lui conféraient des allures de petit garçon, et Giana ne pût s'empêcher une fois de plus de le trouver beau.
Interdite, elle laissa vagabonder son regard sur le haut de son corps mis à nu, comme une muette invitation à le contempler. La jeune femme ne s'en priva pas, bien au contraire.
Le souffle court, elle prit son temps pour détailler ses pectoraux saillants, ses tétons rosés qui lui firent monter le rouge aux joues, ses abdominaux tout en muscle qui finissaient en V et dont la course continuait sous l'élastique de son pantalon.Honteuse de le reluquer ainsi sans vergogne, Giana baissa les yeux, se traitant intérieurement d'idiote.
Qu'est-ce que t'es en train de faire ma cocotte ? Ressaisis toi un peu.
Elle releva les yeux sur ses avant-bras couvert de poils et nota qu'il avait agrippé les accoudoirs de sa chaise. Dans un gémissement presque rocailleux, il renversa sa tête sur le dossier et prit une profonde inspiration, tout ça sous le regard de Giana qui n'avait pas lâché des yeux ses larges épaules qu'elle vit se contracter et sa pomme d'Adam déglutir au fur et à mesure qu'il revenait tout doucement du pays des rêves.
Ce qu'il est viril dit donc. s'entendit-elle penser tout bas.
Enfin, ses deux billes vertes trouvèrent celles de Giana. Elle ne se cacha pas de lui et pour la toute première fois, l'expression de son joli visage traduisit autre chose que de la peur et de la colère. Le Soldat remarqua qu'elle semblait curieuse et... troublée, ce qui le fit sourire intérieurement. D'abord parce qu'il savait qu'il était à l'origine de ces rougeurs qui coloraient son visage triste et enfin parce qu'il entrevoyait son désir pour elle se profiler à l'horizon.
— Vous êtes là depuis longtemps ? osa-t-elle demander, brisant le silence la première.
Son courage l'étonna. Le Soldat pensait qu'après les événements d'hier, elle ne lui parlerait pas de sitôt. Il se trompait visiblement.
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Gia et Le Soldat
RomanceÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...