De l'autre côté de la porte, Giana à qui les quelques bribes de leur conversation n'avaient pas échappé, prit son courage à deux mains et osa pénétrer dans son bureau. Son palpitant s'était comme serré et affolé en même temps. Elle prit conscience qu'il y avait encore énormément de choses qu'elle ignorait de sa vie. Et contre toute attente, elle réalisa qu'elle était jalouse de sa relation avec Armand. Elle se sentit vilaine de ressentir un truc pareil.
Le Soldat l'accueillit avec un rictus posé au coin des lèvres qui traduisait de sa joie de la revoir. Il se redressa et tapota ses cuisses, pour lui faire signe de venir s'y asseoir.
Giana leva les yeux aux plafonds, pas très emballée à l'idée de le laisser balader ses mains sur elle devant Armand. Elle se laissa choir dans le fauteuil contigu au leur et agita la tête en signe de refus, ce qui lui valut de se faire fustiger du regard.
— Me regarde pas comme ça. On a toute la soirée pour nous je te rappelle !
— Tu ne perds rien pour attendre.
— J'ai hâte de voir ça alors.
Elle se pencha vers Armand qui était plus proche d'elle et enfouit ses doigts fins dans sa belle tignasse blonde, affectée par sa douleur. Il pouvait bien jouer au con s'il le voulait, chacune des personnes présentes dans la pièce savaient qu'il avait le cœur à l'agonie.
— Qui t'as fait ça ? s'enquit-elle en faisant référence à la balafre qui lui marquait le visage.
— Personne ! T'inquiète pas. Je me suis bien battu !
Il se redressa et rabattit sa capuche sur sa tête pas très à l'aise à l'idée de montrer ce qui n'allait pas tarder à se transformer en nouveau et véritable complexe. Armand savait au fond de lui qu'il n'assumerait pas ce nouveau visage. Lui, de nature si sensible, arborait des airs à la Mad Max qu'il n'était pas sûr d'apprécier.
Cette révulsion qu'il avait de lui même fit tiquer Le Soldat. Il avait oublié à quel point ça le démangeait de voir son petit frère tirer la gueule, d'autant plus si ça l'affectait directement. Il avait juste envie d'aller trouver ceux qui lui avaient fait ça et les faire payer douloureusement.
— Fais pas cette tête ! T'es beau comme un camion Narcisse !
— Tu dis ça parce que t'es mon frère ! J'ai l'air de Victor Crowley en vraie !
— Non. Il le dit parce qu'il est sincère. renchérit Giana. Et puis Victor Crowley n'a pas ta belle personnalité. T'es aussi beau à l'extérieur qu'à l'intérieur. Te compare pas à un monstre. T'es plus comme Zoro dans One Piece !
Le Soldat hocha la tête. Le petit sourire qu'il vit se dessiner sur les lèvres d'Armand le rassura, mais n'apaisa pas pour autant le mal et la colère dans son cœur. Il lui soufflait vengeance, mais en avait-il le droit ? Armand n'était pas de cet acabit et il le savait.
Cet homme introverti et timide sur les bords, préférait encore laisser ses agresseurs s'en tirer haut la main pour ne pas envenimer les choses.
— T'as entendu la demoiselle ? fit-il simplement, t'es parfait Zoro !
— Et je suis sûre qu'Alyssa te trouvera tout à fait charmant ! ajouta Giana.
Elle n'avait pu retenir sa langue. Elle avait conscience qu'elle le provoquait en montrant ainsi qu'elle avait de toute évidence, écouté leur conversation et qu'il ne laisserait pas passer ça. Mais il fallait qu'il sache. Qu'il comprenne qu'elle ne souhaitait plus rester en dehors de sa vie, celle là même qu'il se donnait un mal à l'en préserver. Pour cause : le côté sombre et effroyable qui la qualifiait.
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Gia et Le Soldat
RomanceÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...