chapitre 51 : enfer

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Un an plus tôt.

Une fois qu'elle eût enfin réussi à endormir son fils, Giana rejoignit le salon de son petit appartement pour une petite pause bien méritée. Après des minutes à essayer de lui faire prendre ses médicaments, elle était soulagée, d'être enfin parvenue à faire descendre la petite poussée de fièvre qui empêchait son bébé de trouver le sommeil.

Elle se laissa tomber dans le canapé, la tête renversée sur le dossier, prête à piquer un somme pour rattraper ses heures de sommeil. Son fils avait été malade toute la semaine, alors l'envie de dormir lui était passée à l'arrière du crâne. Giana n'avait pas pris un seul temps pour elle depuis, trop inquiète pour fermer l'œil, et ses uniques moments de répit n'avait consisté qu'en de micro sieste qu'elle s'accordait dans les rares fois où il allait plus ou moins bien et parvenait à dormir plus de deux heures durant la nuit.

Aujourd'hui, il avait dormi six heures d'affilées puis il s'était remis à pleurer. Un repas plus tard suivi d'une prise de médicaments et d'une bonne dose de tendresse maternelle, il était parti pour un gros dodo jusqu'à au moins deux heures du matin. Elle estimait avoir le temps pour une sieste.

Le connaissant, Giana savait qu'il se réveillerait au milieu de la nuit. C'était toujours comme ça.

Juste avant de s'endormir, elle jeta un coup d'œil à son téléphone portable, espérant y trouver un petit message de la part d'Armand. En dépit du fait qu'elle l'avait évincé de sa vie pour de douloureuses raisons auxquelles elle n'aimait pas spécialement penser, il lui écrivait toujours.

Pas une seule fois, il n'avait flanché devant son regard acerbe et les paroles blessantes qu'elle avait pu lui cracher au visage pour l'éloigner d'elle. Malgré ces invectives vomies à contrecœur, Armand s'accrochait encore et toujours à elle. Giana se réjouissait secrètement de le savoir toujours aussi proche d'elle malgré la distance. Il était la seule personne sur qui elle avait pu compter tout le temps qu'avait duré son calvaire auprès d'Isadora.

Mais si cette dernière lui avait accordé un semblant de liberté, elle n'en était pas moins liberée de l'emprise qu'elle détenait sur elle. Giana était à sa solde. Sa réaction face au message qui s'afficha à l'écran de son téléphone en fût la preuve.

La petite notification portant son nom lui arracha un tressaillement digne de ce nom. Giana lâcha un juron et se redressa, en alerte maximale, se méfiant du "Bonsoir ma mignonne" tout en douceur qui lui donnait envie de vomir à chaque fois. Ces deux années passées à se faire torturer aussi bien psychologiquement que physiquement ne l'avait en rien rapprocher de celle à l'origine du trou béant qu'elle sentait s'agrandir dans sa poitrine un peu plus chaque jour.

Sans perdre une seconde, elle pianota prestement sur son écran et lui répondit en toute franchise, sans même s'emmerder avec les formules de politesse usuelles.

Qu'est-ce que tu me veux ?

Isadora ne s'embêta pas à lui répondre et décida de l'appeler, donnant le ton sur la discussion qui allait suivre entre elles. Ne voulant pas l'énerver plus qu'elle devait déjà l'être, Giana décrocha à la première sonnerie.

— Tu ne devais pas me contacter Isadora. Nous étions d'accord sur ce point ! Je suis en vacance et je bosse pas dans ces cas là ! tonna-t-elle furieuse.

— Baisse d'un ton ! Ce ne sont pas des façons ! Je ne t'ai pas dressé comme ça !

Consciente qu'elle n'avait pas le droit de se comporter de cette façon, Giana lâcha du lest. Elle ne souhaitait pas faire l'objet d'une autre série de menaces.

— Qu'est-ce que tu veux ? fit Giana plus posément.

— Tu sais ce que ça veut dire quand je t'appelle et ça m'est complètement égal que tu sois en vacance ma mignonne.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant