chapitre 38 : gourmande passion

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En ouvrant les yeux ce matin, Le Soldat ne trouva personne à ses côtés. Personne à part un petit être, couché sur une serviette bleu, en train de balancer ses jambes dans le vide.

Pas du tout à son aise, Le Soldat se redressa en grognant légèrement. Il se passa une main dans les cheveux puis quitta le lit après lui avoir jeté un bref regard à la dérobée.

Dario émit des petits sons en faisant des bulles avec sa bouche et cela suffit à agacer Le Soldat qui se rua sur son pantalon qu'il enfila prestement, pressé de sortir de cette chambre.

C'est dire qu'il ne supportait pas ce gosse, et ses babillages à casser les oreilles, beaucoup moins.

— Bonjour Soldat.

La voix douce qui résonna derrière lui le fit bander les muscles. Il venait de se faire prendre en pleine tentative de fuite.

— Tu allais partir ? Juste comme ça ?

Le Soldat se retourna, forcé d'admettre qu'elle n'avait pas tort et que partir en douce comme il avait prévu de le faire n'était peut-être pas la solution après ce qu'il s'était passé hier soir. Ce fût une nuit forte en émotion qu'il n'oublierait pas de sitôt, et qui lui rappellerait sans contexte qu'il avait intérêt à traiter la femme sensible qu'il avait en face de lui, avec énormément de bienveillance.

Le Soldat ne désirait plus la revoir pleurer. Il en avait raz le cul de l'affliction qui n'avait plus quitté son regard pendant un certain temps. Il ne prenait plus plaisir à la voir souffrir sauf dans son lit quand elle souffrait délicieusement de ses chaudes et grisantes fessées.

— Bonjour Gia ! lui susurra-t-il tout bas lorsqu'il se fût rapproché d'elle.

Appuyée contre le chambranle de la porte de la salle de bain, elle rougit sous l'effet de son regard inquisiteur qui scrutait son visage dans les moindres détails.

— Bien dormi ?

— Oui et toi ? Tu as bien dormi ?

— Excepté les fois où ton môme a chouiner pendant la nuit, j'ai bien dormi dans l'ensemble.

— Alors ? Où tu t'en allais d'aussi bonne heure ?

Le Soldat haussa les épaules comme s'il s'agissait d'une évidence.

— Il faut que j'aille bosser.

— Tuer des gens tu veux dire ! ne put s'empêcher Giana d'énoncer tout haut.

Les bras croisés sous sa poitrine, elle baissa la tête lorsque sa langue claqua contre son palais en un avertissement l'invitant à taire sa curiosité et les interrogations multiples dont pouvait fourmiller son cerveau.

S'il y avait bien une chose qu'il refusait de partager avec elle, c'était bien tout ce qui concernait son travail. Ce dont quoi il trempait était beaucoup trop dangereux pour qu'il se mette à lui en parler ouvertement comme d'un sujet banale. Ça la mettrait inutilement en danger.

— J'ai pensé tout haut. Excuse moi.

— Ne pense plus à ça. Oublie. C'est mieux pour toi.

Elle releva sa paire d'yeux marron sur lui et esquissa un sourire triste, sur le point de fondre en larmes.

— Je vois pas comment je pourrais oublier quand je vois toutes ces armes qui m'entourent et surtout quand je t'ai vu tuer. Et pour moi en plus de ça ! Les autres, ils offrent des fleurs aux femmes, toi tu m'as offert des cadavres ! Comment je pourrais oublier ?

Le Soldat ne sût pas quoi répondre face à ça. Elle avait parfaitement raison et il n'avait pas le droit de lui demander d'enfouir ses peurs et ses inquiétudes au fond de son âme quand tout ce qui l'entourait était tout sauf un environnement sain et sécurisant. Il le savait que cette vie n'était pas faite pour elle. Giana était beaucoup trop douce et innocente pour ça. Et même si elle savait se servir d'une arme à feu dans l'unique but de se défendre, il savait qu'elle ne se transformerait jamais en tueuse professionnelle du jour au lendemain pour s'adapter à ce monde cruel comme l'avait fait Pietra.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant