chapitre 61 : en émoi

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À la seconde où elle le vit se diriger vivement sur elle, paré de cette éternelle allure qui lui faisait toujours froid dans le dos en dépit du lien indéfectible qui les unissait, Giana regretta d'avoir haussé la voix pour obtenir des réponses sur ce que l'image qu'elle avait en main signifiait.

Les retrouvailles plus ou moins sauvages et en partie extrêmement éloignés de ce qui se disait être chaste avait permis à Lissandro d'établir des limites, de nouvelles règles les concernant et qui visaient notamment à briser la jeune femme un tantinet audacieuse, agressive et quelque peu indocile qu'il avait sous les yeux. Giana ne le comprit qu'à l'instant, où elle sentit tout son être chercher à fuir son autorité excessive dont elle se serait passée volontiers aujourd'hui, alors qu'elle tentait d'obtenir des explications.

Il n'arrêterait pas. Pas avant de l'avoir sous contrôle, disposée à lui obéir au doigt et à l'œil et pas seulement dans son lit à subir toutes les folles et excitantes caresses dont regorgeait son panel d'homme sado.

Une chose à laquelle Giana n'était pas complètement sûre d'adhérer. Mais ça, elle n'osa pas le formuler à voix haute. Prise dans une espèce d'entre-deux. Entre son corps qui raffolait de ce trait de caractère sadique à l'en faire mouiller sa culotte et son cœur qui hurlait hardiment son émancipation, le trouble et le doute avaient vite fait d'élire domicile en elle, et chamboulèrent à peu près tout ce qui s'y trouvait en terme de sentiments amoureux et de combativité.

Dos collé au mur, les yeux rivés sur la moquette. Giana se fit toute petite lorsqu'il lui arracha sans ménagement, la photo des vidéo surveillance.

— Tu ne le connais pas je crois, ou alors si ? Tu sais qui c'est Giana ?

Sa voix grave fit écho en elle avec moins de subtilité qu'une gifle passivement agressive qu'elle aurait reçu en pleine gueule. Raide comme une planche, Giana balaya sa silhouette imposante du regard, profondément déstabilisée et baucoup plus quand il exigea d'elle qu'elle lui réponde sur le champs en employant le plus de gros mots possible.

— Réponds moi putain de merde ! Tu le connais ce sale bâtard, oui ou non bordel ?

— Non. souffla-t-elle dans un murmure.

— Alors ça ne te regarde pas !

Elle accusa le coup en déglutissant lamentablement une fois qu'il s'écarta d'elle. Mais son explication ne fut pas suffisante pour la réconforter ni ôter ce poids qu'elle sentait lui comprimer la poitrine. Tout ce que gagna Lissandro en la tenant ainsi éloigner de ses problèmes fût de blesser son petit cœur fragile déjà bien assez laceré comme ça. Elle ne voulait pas croire qu'il était l'homme qui lui avait dit "je t'aime" pas plus tard qu'il y a quelques minutes. Celui qu'elle avait en face d'elle, en passe de lui prendre sa liberté définitivement n'était autre que cet être qui faisait parti de lui de façon inconditionnelle. Le Soldat. Un être qui, en dépit de la noirceur de son cœur, avait laissé les mains de cette petite brune toucher cet organe abimé et s'en emparer pour au final le laisser tomber pour elle, sombrer tel un bateau en plein naufrage. Lui, sétait perdu dans ses yeux et avait laissé l'amour prendre ook de son cœur, le noyer jusqu'à ce qu'il ne puisse plus battre que pour une seule et même personne et que Lissandro se révèle enfin. C'est cet être là, doué de cruauté dont elle était éperdument amoureuse qui la fit pleurer dès l'instant où il lui tourna le dos. Elle ne supportait pas ses mensonges et ses cachotteries. Giana le pressentait au fond de ses tripes que c'était synonyme de danger.

Qu'il la prive d'explications auxquelles elle pensait avoir droit la troublait. Il exerçait son pouvoir nouvellement retrouvé sans jamais faire dans la demi mesure et ça avait le don de l'agacer au même titre que ça ravissait la soumise. Prise entre ces deux facettes de sa personnalité dont elle ne parvenait à trouver le juste équilibre, lui fit peur et atrocement. Ajouté à cela l'attitude passive agressive de son amant qui fit peser ses soupçons vers le côté de la balance duquel elle penchait, à savoir, danger imminent, elle avait toutes les raisons du monde de craquer.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant