chapitre 64 : ~principessa~

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La réaction de Giana fût immédiate. Elle tressaillit tout contre lui. Cette facilité qu'il avait de lire en elle, c'en était presque effrayant. Il suffisait d'une micro expression, d'un rictus, d'un léger tremblement dans sa voix et le tour était joué. Elle n'avait presque pas de secret pour son amant.

— C'est pas ce que tu crois.

— Ne me mens pas ! s'emporta Lissandro en balayant les plats d'un revers de la main.

Les assiettes attérirent sur le parquet dans un fracas terrible qui la fit sursauter. La culpabilité lui étreignit douloureusement le cœur. Elle s'en voulut instantanément de vouloir briser le sien de cette manière. Son air coupable confirma les soupçons de Lissandro. Au début, il ne voulait pas y croire, mais là tout était clair et jouer l'amoureux aveugle constamment dans le déni n'était pas vraiment son fort.

En colère, il sortit les crocs et attaqua.

— Donc... t'envisage vraiment de le faire ? T'es sérieuse ? Après tout ce qu'on s'est dit ?

— Laisse moi t'expliquer.

— Et m'expliquer quoi ? Que tu vas te barrer peu importe ce qu'il se passe entre nous ? Je crois que j'ai compris ! Gâche pas ta salive !

Giana lui tourna le dos et grogna intérieurement, frustrée de pas pouvoir s'exprimer comme elle le voulait. Quoiqu'elle dise, elle avait l'impression qu'il ne l'écoutait plus. Lissandro avait déjà tiré ses propres conclusions. Elle lui fit de nouveau face et sans plus parvenir à se contenir, elle explosa tout bonnement.

— Tu ne m'écoutes pas ! J'ai jamais eu l'intention de le faire sans t'en parler et d'ailleurs... j'hésite encore si tu veux tout savoir. Crois pas que je suis en train de prendre cette décision à la légère ! hurla-t-elle à son tour avant de tourner les talons avec la ferme intention de le fuir lui et ses émotions destructrices.

Lissandro lui attrapa le bras avant qu'elle ne soit hors d'atteinte et s'éloigne de lui. Il la força à lui faire face, se foutant bien de savoir s'il venait de lui faire mal ou non et colla violemment son corps contre le sien puis lui attrapa la mâchoire. Ses gémissements craintifs lui arrachèrent un rictus mauvais. Giana n'avait aucune putain d'idée de ce qu'elle avait provoqué chez cet homme peu commun en lui annonçant ainsi qu'il se pourrait bien qu'elle ne veuille plus demeurer à ses côtés.

— T'hésites, hein ? Qu'est-ce qui pourrait t'aider à te décider ? Dis moi, je suis ouvert à toutes propositions !

— Arrête ! C'est pas ce que je veux. J'ai jamais voulu ça.

— Pourtant tu y penses et le simple fait de le savoir me donne envie de gerber. Je commence à croire que tout ce que tu m'as dit, tu ne l'as jamais pensé ! T'es revenu pour me ramollir en jouant les putes et pouvoir te barrer avec les enfants après ! C'est ça ?

— Non, tu as tort !

— La ferme ! s'écria-t-il à plein poumons.

Lissandro la plaqua contre le mur du salon sans ménagement, dégoûté et dans tous ses états. La rage qui bouillonnait en lui était sans pareil. Plus il pensait à toutes leurs caresses, à leurs baisers fougueux et enfiévrés, au  mots d'amour susurrés mainte et mainte fois sans que chacun d'eux n'arrive à se lasser, moins il y croyait à cet avenir sur lequel il se surprenait à rêver. Tout devint blanc dans son esprit et l'espoir qu'elle avait fait naître en lui s'effrita sans même qu'il ne cherche à récupérer les milliers de petits morceaux éparpillés un peu partout dans son cœur qui pencha dangereusement vers les parties les plus sombres de la personne abjecte qu'il n'était plus quand il se trouvait avec elle.

Les lumières qui illuminaient encore son âme tendirent à s'éteindre mais la gifle magistrale qu'il se prit le secoua et le ramena dans l'instant présent, dans les yeux de la petite femme qu'il brutalisait sans réellement s'en rendre compte. Son cerveau en léthargie meurtrière redémarra subitement et Lissandro s'empressa de quitter la chaleur de son corps, craignant de lui faire encore plus de mal qu'il ne lui en avait déjà fait.

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant